Publié le 12 février 2015 à 10h59 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h38
C’est un moment fort qui s’est déroulé ce mercredi 11 février à la Villa Méditerranée. Il s’est agi, lors d’une conférence, de dresser le bilan des événements qu’elle a accueillis. Elle a permis de découvrir les temps forts de 2015. Elle a été enfin l’occasion de marquer symboliquement le passage de la Villa au Groupement d’intérêt public Agence des villes et territoires durables méditerranéens (Avitem) qui en assure la gestion et l’animation depuis le 1e janvier 2015. La pertinence de l’ambition de Michel Vauzelle, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, de voir Marseille devenir la capitale de la politique française en Méditerranée, a été partagé par Assia Bensalah Alaoui, ambassadeur itinérant du Maroc ou encore Carles Lorens, secrétaire général de l’Organisation mondiale des régions.
«L’État donne un label national à cette Villa dont j’ai pris la responsabilité»
Michel Vauzelle de se réjouir: «L’État donne un label national à cette Villa dont j’ai pris la responsabilité. Et si j’avais attendu l’accord de tous elle n’aurait pas vu le jour. Or, aujourd’hui, elle est le seul équipement en France dédié à l’avenir de la Méditerranée. C’est un outil qui est mis à disposition par la Région au service de la politique méditerranéenne de la France». Et de revenir sur la communauté de destin : «Lorsque je rencontre des responsables de la rive Sud nous évoquons les problèmes concernant la jeunesse, la formation professionnelle, le chômage, la santé, le tourisme de masse… tant de problèmes communs quelle que soit la rive de la Méditerranée». Et, une nouvelle fois, d’appeler à la démocratie participative, à la résistance participative, «à l’intervention en politique car cette dernière est une chose trop sérieuse pour être laissée aux seuls politiques».
Nicolas Galey, ambassadeur, délégué interministériel à la Méditerranée note: «La Villa Méditerranée est un lieu qui peut représenter la communauté des enjeux qui se posent sur ce bassin car tout le monde connaît la place de Marseille dans la Méditerranée». «J’aurais à cœur, poursuit-il, que plus d’événements se déroulent dans cette Villa, lieu de rencontres, de symboles, de colloques».
Le président d’Avitem, Serge Telle, apprécie de «recueillir les clés de la Villa» et remercie le président Vauzelle d’avoir insisté sur le fait que «la Méditerranée devait être un sujet majeur de notre politique. Il nous a montré la voie». Et de revenir sur l’Avitem: «Une structure de coopération extrêmement pragmatique. Nous continuerons à organiser des colloques, des débats, avec la volonté que le Verbe devienne chair. Que les colloques deviennent programme, que ceci devienne politique». Mais la question de la pertinence d’avoir un pôle méditerranéen à Marseille et dans sa région est posée.
«Il est important que Marseille soit à côté de cet espoir, l’aide à se concrétiser»
Pour Assia Bensalah Alaoui la réponse est claire : «De par ses atouts Marseille peut prétendre à un rôle important en matière de coopération décentralisée surtout du fait du dynamisme des relations entre les partenaires qui constituent un maillage de grand intérêt». Des facteurs qui font que Marseille peut jouer «un rôle de catalyseur» pour une refondation de la Méditerranée. Elle considère: «Au-delà des violences récurrentes il y la détermination des collectivités, des acteurs privés, des ONG de se réapproprier leur histoire.» Assia Bensalah Alaoui d’insister: «Marseille a une place à prendre, il faut éviter une déconnexion entre le Nord et le Sud et la cité phocéenne peut jouer ce rôle». Considérant qu’au-delà des problèmes «le Sud voit naître certains espoirs. Les sociétés arabes ont confiance en l’avenir économique dans les cinq ans à venir. Les jeunes et les femmes ont confiance dans leur potentiel. Il est important que Marseille soit à côté de cet espoir, l’aide à se concrétiser».
Pour ce faire avance-t-elle: «Il faut plus d’égalité entre les deux rives. Il faut que la France remette la Méditerranée à l’ordre du jour. Sans elle l’Europe du Sud est trop faible et Marseille doit être là pour lui rappeler le rôle qu’elle a à jouer».
Mourad Ezzine, directeur du Centre pour l’intégration en Méditerranée insiste pour sa part sur l’importance d’une plus grande intégration en Méditerranée, considère lui aussi que «les choses bougent au Sud».
«Il n’y a pas de budget et sans budget il n’y a pas de politique»
Certes, mais pour Carles Llorens, le travail en matière de relation euro-méditerranéenne «est un échec». il considère que «le lancement du processus de Barcelone a été une réussite mais sans suite». De son avis: «L’Union de la Méditerranée ne marche pas car il n’y a pas de politique méditerranéenne, l’Europe ne se l’approprie pas. Il n’y a pas de budget et sans budget il n’y a pas de politique» Il avoue: «L’espoir en Europe c’est la France et particulièrement une région comme Provence-Alpes-Côte d’Azur».
Des interventions qui mettent en valeur le travail accompli à la Villa, la nécessité de le conforter, l’amplifier, lui donner une authentique dimension nationale. Bernard Morel , vice-président de la région, président d’Euromed revient sur le bilan : «La Villa a été fidèle à ce pour quoi elle a été construite, c’est un lieu d’échanges, de visibilité, d’appui des politiques méditerranéennes, un espace au service de la Méditerranée tout simplement».
Et d’égrener qu’entre Avril 2013 et décembre 2014, la Villa a accueilli 155 manifestations dont 10 conférences multilatérales de haut niveau, 10 rencontres de la jeunesse méditerranéenne, 70 spectacles, 4 expositions.
Jean-Claude Tourret, le directeur de l’Avitem en vient à la programmation 2015 qui va s’enrichir de partenariats avec Aix-Marseille-Université, le Mucem, le pôle méditerranée. «Nous allons proposer des événements qui ont trouvé leur place comme les Rencontres de l’Avitem, le semaine économique de la Méditerranée, les Rencontres internationales du cinéma arabe et, une nouvelle manifestation, la Méditerranée des solutions. Puis, nous orientons cette année sur 5 axes stratégiques: la Méditerranée des médias, la citoyenneté en Méditerranée, le soutien aux acteurs de la coopération, l’environnement et le climat et enfin la coopération économique et scientifique».
Michel CAIRE