Publié le 22 février 2015 à 20h51 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h41
Une place pour assister à une opérette à l’Odéon de Marseille, ça devrait être remboursée par la Sécurité Sociale. Surtout lorsque c’est l’ouvrage de Francis Lopez, «Le Chanteur de Mexico» qui est à l’affiche; car assister à une représentation vaut mieux qu’une cure d’anti-dépresseurs. J’en veux pour preuve, les larges sourires qui s’épanouissaient, samedi vers 17 h 30, sur les visages de ceux qui venaient de chanter, rire, fredonner, aux accents de la musique d’une opérette entrée au rang des mythes.
Pour deux représentations, l’Odéon affichait complet. Et il ne faut pas faire attendre le public. Passées les cinq minutes dédiées aux retardataires, la salle tape dans les mains et un «ah» de soulagement est perceptible sitôt les premières notes jouées. Dans la fosse, la vingtaine de musiciens de l’Orchestre du théâtre de l’Odéon, sous la direction de Bruno Conti, délivre les premières clefs du bonheur. Un son délicieusement suranné, qui convient parfaitement au moment, et les premiers applaudissements fusent, les premiers sourires garnissent les visages. Puis le rideau s’ouvre sur le pays basque et sur l’idylle naissante de Vincent Etchebar avec la divette Eva. Dès le premier air, dans la salle, les têtes commencent à bouger de gauche à droite. Les passionnés ne tarderont pas à murmurer, et parfois même chanter mezzo voce, avec les artistes. Chaque changement de décor est salué par une salve d’applaudissements ; les «oh», les «ah» fusent, les rires aussi. Les costumes, «kitchissimes», sont signés Maison Grout et Laurent Martinel signe les décors : des toiles peintes aux couleurs chatoyantes, des maisonnettes de carton-pâte et de bois… Quelques éclairages bien réglés et la magie s’opère. On passe du Moulin de la Galette à la baie d’Acapulco avec un égal bonheur. La salle continue de chanter et de s’extasier. C’est ça le miracle de l’opérette, ce côté «vintage» qui ravive les souvenirs chez les anciens et qui émerveille les plus jeunes. L’orchestre continue de jouer et sur scène, dans le rôle-titre, Marc Larcher, le ténor, se sert de sa voix et de son physique de gendre idéal pour séduire la gent féminine; sans aucun problème. A ses côtés la délicieuse Caroline Géa est une vraie Cricri d’amour et Kathia Blas n’a aucun mal pour incarner Eva la divette.
Appréciés, aussi, pour leurs voix et leur jeu, Dominique Desmons qui prête ses traits à l’impresario Cartoni et Claude Deschamps, Bilou omniprésent. Jean-Marie Delpas, Mikhael Piccone, Simone Burles, Antoine Bonelli, Jean-Pascal Mouthier et Jean Goltier, complètent avec bonheur la joyeuse troupe. Sous la direction d’acteurs de Jack Gervais qui, faisant fi des contraintes du lieu, offre une mise en scène «grand spectacle», ces artistes font preuve d’une belle présence vocale, mais aussi de réelles qualités de comédiens. Du beau travail. Le chœur Phocéen prend plaisir à chanter et les danses, chorégraphiées par Estelle Lelièvre-Danvers, sont, à juste titre, fort appréciées.
Bref, une fois de plus «Le Chanteur de Mexico» a triomphé sous le ciel marseillais. Il a apporté beaucoup de bonheur à son public et nombreux sont ceux qui attendent désormais, avec impatience, «Phi-Phi », d’Henri Christiné.
Michel EGEA