Publié le 1 mars 2015 à 21h13 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h41
Breton né à Rennes le 15 septembre 1994 et vivant à Paris le clarinettiste Raphaël Sévère est aujourd’hui un maître dans son art. Révélé au grand public lors des Victoires de la musique classique 2010, il apparaît aujourd’hui comme le plus jeune représentant de l’école française de clarinette. Sa nomination à l’âge de 15 ans dans la catégorie « Révélation soliste instrumental 2010» récompense un jeune parcours hors du commun. Au États-Unis, il remporte en 2013 le 1er Prix de la Young Concerts Artists Competition de New-York, ainsi que huit des dix Prix Spéciaux. Cette victoire lui permet de se produire prochainement au Kennedy Center Hall de Washington ainsi qu’au Merkin Concert Hall de New York. Artiste exceptionnel Raphaël Sévère vient d’enregistrer chez Mirare avec le pianiste Adam Laloum et le violoncelliste Victor Julien-Laferrière un album consacré à Brahms. Au programme le Trio opus 114, et les Sonates pour clarinette et piano op. 120 N° 1 & N° 2. Entretien.
Destimed: Comment est né ce projet d’album ?
Raphaël Sévère: La maison de disques Mirare m’offrait la possibilité d’enregistrer un album et j’avais beaucoup travaillé avec la pianiste Adam Laloum. Quand la question du répertoire s’est posée les sonates de Brahms indispensables pour les clarinettes sont apparues comme une sorte de passage obligé et avec Victor Julien-Laferrière on a choisi de réaliser un trio et là encore Brahms s’est imposé de lui-même. Le résultat est là et nous sommes très heureux de cette collaboration. D’autant plus que comme d’habitude avec la maison de disques Mirare la qualité technique de l’enregistrement fut exceptionnelle.
Que représente Brahms pour vous?
Beaucoup de choses. Avec un père clarinettiste j’ai toujours entendu jouer Brahms à la maison. J’ai eu le temps de m’imaginer plein de choses intimes en moi avec cette musique. J’adore Brahms aussi car il a totalement transcendé la musique baroque avec une écriture particulièrement romantique. Il y a dans son œuvre un mélange de profondeur et de légèreté, avec une tristesse et une mélancolie profonde. Brahms demeure l’un de mes compositeurs de prédilection.
Comment s’est organisé le travail musical?
Sous l’angle artistique mais aussi technique nous obligeant à répéter beaucoup. Pour enregistrer ce Brahms je me suis entouré du pianiste Adam Laloum qui est un grand spécialiste de ce compositeur. Même si on a l’un comme l’autre beaucoup joué l’enregistrer sur deux trois mois nécessitait une approche la plus vaste possible. On a effectué pour l’occasion un voyage à Vienne et on a choisi ensuite de placer en début de programme le Trio par souci de chronologie. Je me suis libéré peu à peu dans mon jeu. La clarinette étant l’instrument par lequel je m’exprime le mieux, bien que mon père ne m’ait pas encouragé immédiatement à en jouer. Je trouve la clarinette plus physique que le piano. Je joue debout en canalisant mon énergie et en même temps cet instrument offre une grande palette expressive avec une possibilité de nuances extrêmes. L’entente avec Victor et Adam fut parfaite.
Ce qui frappe chez vous c’est l’éclectisme de vos choix musicaux. Est-ce dû au fait que vous êtes compositeur vous-même?
Oui en temps qu’interprète je me sens attiré par des musiques très différentes, classiques et contemporaines. En cela, je rejoins mon complice en musique le pianiste Jean-Frédéric Neuburger, génie du clavier, dont les conseils me sont précieux, dont j’ai également joué des morceaux et, qui écoute les miens en me précisant certains points techniques. Le fait d’écrire de la musique renforce l’idée qu’un instrumentiste doit absolument avoir l’esprit ouvert, découvrir des univers différents et des répertoires sortant de l’ordinaire. Ne pas se figer et avancer en prenant des risques, tel est mon credo artistique.
Propos recueillis par Jean-Rémi BARLAND
Brahms « Trio pour clarinette, piano et violoncelle op. 114 & Sonates pour clarinette et piano, op. 120, N° 1 & N° 2 » par Raphaël Sévère (clarinette), Adam Laloum (piano), et Victor Julien-Laferrière (violoncelle) paru chez Mirare.