Publié le 25 mars 2015 à 0h37 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h47
Il pleut sur Cabriès en ce samedi après-midi… Mais les éléments n’auront pas raison des dieux. Pour quelques heures, l’auditorium Pierre Malbosc de se transformer en Olympe pour la Troupe Lyrique Méditerranéenne qui y propose «Orphée aux Enfers», l’opéra bouffe de Jacques Offenbach. Troisième représentation de cette production après Lorgues et Cabriès le soir précédent et avant Marseille le dimanche.
On dit souvent que la troisième est la meilleure de la série. Il faudrait avoir apprécié les autres pour pouvoir le dire. Toujours est-il qu’en ce gris après-midi, le soleil était sur la scène d’un lieu intime, certes, mais tout à fait convenable pour accueillir une telle représentation. C’est la version pour piano, flûte et violoncelle qui était au programme et il convient, d’ores et déjà de dire et d’écrire tout le bien que l’on pense de Valérie Florac, la directrice musicale au piano, du flûtiste Danilo De Luca et du violoncelliste Jean-Yves Poirier. Une sacrée performance des trois musiciens d’autant plus qu’ils sont parfois associés à la mise en scène… Et il faut les tenir, les deux heures et des poussières de spectacle.
Parlons en de la mise en scène. Elle est signée Mikhael Piccone, oui, celui là même qui a débuté dans le théâtre, bifurqué vers le chant (il est régulièrement à l’affiche à l’Opéra, notamment à Marseille) et créé cette Troupe Lyrique Méditerranéenne qui a pour ambition de produire des spectacles donnant l’occasion à de jeunes chanteurs d’être confrontés à la scène et au public. Pour «Orphée aux enfers», Mikhael Piccone joue la facétie sans excès, avec bon goût et un humour très contemporain. De la manifestation des dieux et déesses de l’Olympe qui se soulèvent contre Jupiter, en passant par une Eurydice coquine à souhait, un Mercure mi-guerrier ninja, mi-robot «made in Extrême-Orient», une Diane affriolante et un Cupidon suivi, et parfois devancé, par son ombre, tout est bien réglé, agréable, comique. Jusqu’aux situations non prévues par la mise en scène comme ce saut de Jupiter transformé en mouche et tellement heureux d’avoir obtenu les faveurs d’Eurydice qu’il saute sur le canapé… Et le casse. Tout en se donnant un bon coup d’accoudoir à la tête. Mais il en faut plus pour faire vaciller «Jupin» amoureux. D’ailleurs, quelques minutes plus tard il recevra une sacrée baffe de Junon, son épouse trompée, pour lui remettre les idées en place. Bref, vous l’aurez compris, dieux et déesses ne se sont pas endormis sur leurs lauriers et nous sur notre siège.
Vocalement, on l’a dit, c’est jeune et, bien entendu, perfectible. Mais il y a dans cette joyeuse troupe quelques voix qui laissent entrevoir le meilleur pour les années à venir. Doit-on les citer ? La question se pose car cet esprit de troupe qui préside à l’existence du groupe est, à nos yeux, et à nos oreilles, le plus important. Puis celles et ceux qui ont particulièrement bien chanté en sont conscients. Alors, que toutes et tous sachent qu’ils ont donné du bonheur, avec talent, tout au long de ces représentations et que c’est là l’essentiel. Qu’ils sachent aussi que nous les retrouverons avec plaisir en juin prochain pour «Traviata ne mourra pas !», une nouvelle création. Longue vie, donc, à la Troupe Lyrique Méditerranéenne qui, avec la disparition du CNIPAL cette saison, est une structure indispensable pour mettre le pied de jeunes artistes lyriques à l’étrier et faciliter leur approche de la vie professionnelle. Mais, sans les moyens qu’avait le Centre d’insertion.
Michel EGEA