Une des caractéristiques du camp des Milles réside dans l’ampleur et la diversité de la production artistique, picturale, musicale, littéraire… réalisée par les internés. Dans des conditions de vie de plus en plus dures, ceux-ci vont produire des œuvres individuelles et collectives avec les faibles moyens à leur disposition. On a ainsi retrouvé trace de plus de 400 œuvres. Une manière pour eux de résister par la création à la persécution et à la déshumanisation. Le retour d’une culture vivante dans le Site-Mémorial est aujourd’hui un hommage à leur mémoire, et aussi une manière de comprendre autrement l’indicible de ces événements tragiques.
Dans le cadre de sa dimension culturelle, le Site-Mémorial du Camp des Milles propose dans les prochaines semaines plusieurs activités exceptionnelles en complément du parcours de visite historique, mémoriel et réflexif.
Le London Symphony Orchestra
Ce 17 mai, c’est le London Symphony Orchestra, l’un des ensembles les plus innovants et dynamiques en matière d’éducation artistique et d’accompagnement de jeunes talents, qui sera accueilli dans l’auditorium du Site-mémorial du Camp des Milles, en partenariat avec le Festival International d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence.
Les instrumentistes accompagnent un projet de création musicale de classes d’orchestres. Une aventure encadrée par des professionnels et futurs professionnels afin de tisser un véritable lien musical en valorisant la transmission des savoirs.
Mémoire, histoire et citoyenneté seront au cœur de la création de ces enfants et adolescents qui réaliseront les portraits musicaux et symboliques des protagonistes du Camp des Milles. L’entrée est libre, sur réservation et dans la limite des places disponibles à 18 heures.
La nuit européenne des musées
Le 18 mai, le Site-mémorial sera ouvert au public jusqu’à 1h du matin dans le cadre de la nuit européenne des musées. Un accompagnement spécifique sera proposé à 18h30, 21heures et 22h30. Il permettra de découvrir l’historique du projet de Site Mémorial et du chantier ainsi que, bien entendu, le parcours muséographique lui-même. Ces médiations seront assurées par Cyprien Fonvielle, Directeur du Site Mémorial et Odile Boyer, Directrice Adjointe. Elles se poursuivront par des échanges dans l’espace librairie. L’entrée et les médiations sont gratuites à compter de 18 heures. Possibilité de restauration légère.
Des navettes sont prévues toutes les heures de 18h à 23h au départ de la Rotonde, dernier retour vers le centre -ville à 1heures du matin.
« Brundibar » de Hans Krasa, opéra pour enfants
Enfin, les 21 et 22 juin, l’œuvre d’Hans Krasa, « Brundibar », opéra pour enfants en deux actes, résonnera dans l’enceinte du Site-Mémorial. Crée le 23 septembre 1943 au Camp de Terezin, cette fable amère comporte une symbolique subtile que le chorégraphe Thierry Thieû Niang et la chef de chœur Anne Perissé dit Prechaq ont voulu aborder avec des enfants d’écoles aixoises (Classe de sixième CHAM Collège Mignet / Classe de CM2 de l’Ecole Sextius / Atelier vocal du Festival d’Aix-en-Provence). En partenariat avec le Festival d’Aix-en-Provence, c’est une occasion unique, pour ces élèves, de présenter le fruit de leur pratique vocale et chorale initiée en 2010, en conjuguant voix et mise en espace.
Ce spectacle sera exceptionnellement représenté au Site-Mémorial du Camp des Milles, en écho avec l’histoire de ce camp d’internement et de déportation qui porte les traces visibles du passage de tant d’artistes européens qui y «créèrent pour résister». En première partie de ce spectacle, Soizic Patris (flûte), Mireille Lombard (hautbois), Daniel Paloyan (clarinette), Renaud Taupinard (cor) et Marc Duvernois (basson), professeurs au Conservatoire de musique d’Aix-en-Provence interpréteront le Quintette à vent op.10 de Pavel Haas, jeune compositeur tchèque élève de Leoš Janáček, déporté à Terezin puis à Auschwitz où il fut tué.
Les représentations auront lieu à 19 heures le 21 juin, et à 11heures et 15 heures le 22 juin, entrée libre sur réservation et dans la limite des places disponibles.
Tous ces événements viennent en complément des expositions permanentes du Site-Mémorial organisées selon un parcours muséographique sur 15 000m² de bâti et 7 ha.
. Le Volet historique présente l’histoire des trois grandes périodes du Camp des Milles entre 1939 et 1942, replacé dans son contexte local, national et européen ; des bornes audiovisuelles reconstituent les destins individuels d’internés célèbres ou inconnus ; d’autres présentent le récit de témoins de cette époque.
. Le Volet mémoriel permet la visite, émouvante, des lieux historiques laissés en l’état. L’immense « four à tuiles » baptisé Die Katakombe par les internés qui en firent un lieu de création artistique constitue l’un des temps forts de la visite avec les espaces où s’entassaient les internés dans les étages.
. Le Volet réflexif présente, pour la première fois sur un lieu de mémoire, des connaissances scientifiques pluridisciplinaires qui permettent au visiteur de mieux comprendre les engrenages et les mécanismes humains récurrents (préjugés, passivité, soumission aveugle à l’autorité…) qui ont conduit et peuvent conduire au pire. Il s’agit ainsi de donner au visiteur des outils de réflexion sur la responsabilité de chacun dans une « montée des périls ».
Cette section « réflexive » se termine par un « Mur des actes justes », mur présentant la diversité des actes de sauvetage et de résistances aux quatre grands crimes à caractères génocidaires du XXe siècle, contre les Arméniens, les Juifs, les Tsiganes et les Tutsis au Rwanda. Un hommage, et une invitation à la responsabilité individuelle.
Le visiteur peut aussi visiter l’exposition nationale de Serge Klarsfeld sur les « 11 000 enfants juifs déportés de France à Auschwitz » réalisée par l’Association des fils et filles des déportés juifs de France. Il s’agit d’une collection exceptionnelle de documents rares présentée de manière permanente dans les lieux. Cette exposition prend un relief particulier alors que du camp des Milles furent déportés une centaine d’enfants à partir de l’âge de un an. Entrée libre.
Après sa sortie du bâtiment principal, le visiteur accède à une «Salle des peintures » où se trouvent d’immenses peintures murales colorées et ironiques, réalisées par les internés. Entrée libre.
Le Chemin des Déportés, emprunté à l’été 1942 par plus de 2 000 hommes, femmes et enfants juifs conduit enfin au Wagon du Souvenir situé à l’endroit même du départ pour la déportation. Accès libre.