Le retour des retraités algériens dans leur pays d’origine

Publié le 8 avril 2015 à  23h08 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h48

Ahmou au bord de la mer extrait du film
Ahmou au bord de la mer extrait du film

Au moment même où le film «Perdus entre deux rives les Chibanis oubliés» est sur les écrans en France -notamment au Renoir cette semaine à Aix, occasion d’un débat public en présence de son réalisateur Rachid Oujdi- la question sur les conditions du retour de 440 000 retraités algériens est évoquée avec beaucoup de gravité dans les milieux de la communauté algérienne émigrée. Les principales causes de ce retour massif des retraités algériens dans leur pays d’origine sont particulièrement dues à des conditions de vie devenues de plus en plus difficiles et économiquement insupportables pour bon nombre de migrants retraités en France. Selon les chiffres avancés par la Caisse française d’assurance vieillesse (CNAV) il y a 1,27 million de travailleurs à la retraite sur 13,5 millions que compte le territoire soit 9,40% de retraités toutes nationalités confondues prêts au départ. En tête de ce peloton de retraités, les Algériens (440 000), suivis des Espagnols (191 159), des Portugais (178 000), des Italiens (91 300). Lors du salon 2015 de l’expatriation qui s’est tenu fin mars à Paris, les organisateurs ont expliqué que le mal du pays ou la nostalgie n’étaient pas les raisons essentielles de ce retour mais bel et bien d’autres motifs, socio-économiques, liés surtout à la crise qui est venue précipiter ce retour dû également à l’extrême précarité des retraités en raison de revenus insuffisants. Citant au passage comme exemple ceux qui rentrent dans leur pays d’origine avec 221€ mensuel contre 621€ mensuel pour ceux qui restent en France.
Un climat d’incompréhension règne chez bon nombre de retraités aujourd’hui, émigrés de la 1ère heure, qui sont venus construire la France dans les années de forte croissance et qui se voient aujourd’hui contraints et forcés de regagner leur pays d’origine après avoir offert leurs plus belles années à leur pays d’adoption: la France. Que leur reste t-il de leur vie de travail? Quand l’heure de la retraite a sonné, des milliers d’entre eux se sont retrouvés confrontés à l’isolement, parfois même à une extrême précarité à cause du logement devenu trop cher ou encore des problèmes liés à la santé. Nombre de ses retraités en effet touchent l’Aspa (Allocation de solidarité aux personnes âgées). Cette aide versée en complément de la retraite leur permet de percevoir l’équivalent du minimum vieillesse soit environ 780 euros par mois pour une personne seule. Or, le versement de cette allocation est soumis à l’obligation d’avoir une résidence stable et régulière. C’est à dire une résidence régulière en France durant 6 mois au moins par an. Une clause dont bon nombre ignore l’existence. Aussi, à l’issue de contrôles de ressources par l’administration sociale, des milliers de retraités se sont vus suspendre le versement de cette allocation et même de se faire réclamer le remboursement des sommes perçues à tort. Un véritable drame pour ces migrants âgés, longtemps restés invisibles dans le paysage français qui ont tous la même histoire ou presque, pleine de sacrifice et d’humilité.
Et l’autre question qui se pose: Pourront-ils bénéficier de tous leurs droits dans leur pays d’origine? Il y a comme un malaise et une forme d’ingratitude à l’égard de ces « chibanis » algériens nouveaux retraités comme tant d’autres encore plus nombreux issus du Maghreb ou de l’Afrique qui vont devoir recommencer une autre vie ailleurs.
Jacky NAIDJA

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