Publié le 30 avril 2015 à 22h10 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
Invité à rejoindre la « Journée mondiale de la liberté de la Presse » qui se tiendra à Aix-en-Provence ce samedi 2 mai à la librairie Goulard, Fathy Bourayou, dessinateur-caricaturiste de presse, bien connu, a immédiatement accepté afin d’apporter toute sa pédagogie et son vécu au service de cet événement qu’il juge «majeur». En effet, Fathy Bourayou vient de la Presse Indépendante algérienne et a vécu la décennie noire du terrorisme. Son parcours en Algérie durant cette période, celui qui l’a conduit sur l’autre rive de la Méditerranée jusqu’à Marseille, à l’Estaque pour créer le « Festival International du dessin de Presse de la caricature et de la satire (FIDEP). Son plus grand bonheur, rappelle-t-il, a été de travailler avec Tignous qu’il a invité lors de son festival en septembre 2014 et de le voir recevoir le » 1er prix de la Carafe d’Or de Ricard » pour la qualité de toute son œuvre. C’est avec émotion qu’il évoque ce moment quand on sait que lors de l’attentat de Charlie le 7 janvier dernier, Tignous a perdu la vie comme plusieurs de ses compagnons de la rédaction de Charlie dans cet attentat «horrible» du 7 janvier. Une tragédie qui n’a fait que le conforter sur la pertinence de son travail et de son Festival, qui se déroulera du 17 au 20 septembre 2015, dans son fief de l’Estaque. Charlie et la liberté d’expression tant au Maghreb que dans le monde seront à l’honneur. Précisant que de nombreux dessinateurs du Maghreb, du monde arabe, des États-Unis, du Mexique et d’Europe ont déjà répondu favorablement à l’invitation du Festival de l’Estaque.
Et s’il a accepté ce 2 mai d’être parmi ses confrères journalistes à Aix-en-Provence c’est surtout en tant que Charlie, lui qui sait mieux que quiconque ce qu’est le terrorisme, la barbarie, le prix de la liberté d’expression, celui notamment qu’a payé l’Algérie, les victimes du terrorisme notamment les journalistes -109 connus- menacés de mort.
Fathy Bourayou a dû quitter l’Algérie en 1990 pour Marseille où il a posé ses valises pour échapper à une mort certaine. A Marseille, il a connu d’abord la précarité comme tous ceux qui arrivent de quelque part en laissant derrière eux le pays, la famille, les amis, le travail. Puis, s’accrochant comme il a pu, avec la hargne qu’il a en lui à la faveur de la passion de son métier, il est revenu petit à petit à la création grâce à des soutiens inconditionnels et des appuis forts de la profession pour monter le Festival de la caricature de l’Estaque dont on connait aujourd’hui le succès et dont on mesure le prestige.
Fathy Bourayou poursuit toujours sa lutte, en tant que citoyen et artiste engagé, contre l’intolérance et l’obscurantisme. Sa présence à Aix-en-Provence le 2 mai sera, sans aucun doute, une caisse de résonance et enrichira forcément les débats.
Jacky NAIDJA