Publié le 6 mai 2015 à 23h30 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
«Dire que la Capitale européenne de la Culture n’a pas marqué durablement la cité phocéenne est une erreur absolue, elle a pénétré en profondeur les tissus de la ville». Ainsi, Jacques Pfister, le président de la CCI n’est-il pas imprégné de l’esprit malicieux du surréalisme lorsqu’il dresse le tableau du candidat rêvé pour prendre la tête de la métropole «qui est avant tout un projet économique». Il faut donc, avance-t-il: «Quelqu’un de l’économie ou qui y est sensible, quelqu’un de jeune, d’ouvert, Maryse Joissains (maire d’Aix-en-Provence et présidente de la communauté d’agglomération du Pays d’Aix) ne répond donc pas aux critères», avant de proposer le nom de … «Jean-Claude Gaudin», le maire de Marseille qui, effectivement, peut postuler à cette présidence mais relève bien peu du portrait. De l’art on vous dit. En revanche, c’est avec le plus grand sérieux qu’il a évoqué le conflit qui opposait un certain nombre de CCI, dont Marseille-Provence, Toulon, ou encore la CCI Région Paca à l’État et qui va se régler en justice. «Des prélèvements qui vont s’élever à 500 millions d’euros au niveau national dont 45 au niveau régional et 16 en ce qui concerne notre CCI, sachant que notre ressource fiscale s’élève à 36 millions d’euros», indique-t-il. Avant de prévenir: «Cette requête a pour nous un effet suspensif. Nous ne paierons donc pas cette somme le 15 mai comme nous devrions le faire.»
«Nous allons connaître une baisse importante des ressources des CCI»
«Nous allons connaître, poursuit-il,une baisse importante des ressources des CCI sur la période 2015, 2016 et 2017. Et en plus, l’État veut effectuer un prélèvement sur les fonds de roulement des « bons élèves » comme nous. C’est à dire que je me suis « escagassé » pour accroître nos fonds sans prélèvement supplémentaire pour les entreprises, tout cela pour que l’État pique dans notre fonds. Nous allons aller au contentieux avec Bercy et nous irons jusqu’à la Cour européenne si nécessaire. Car, nous ne sommes pas un service de l’État où ce dernier peut entrer sans frapper et prendre le coffre-fort».
Jacques Pfister d’ajouter: «Pour nous, les modalités de calcul sont injustes et, d’autre part, nous considérons, sur le fond, que l’État n’a pas la possibilité de ponctionner directement des CCI sans passer par la case fiscale. Attention, il est pour nous logique de participer à l’effort national mais là, nous ne savons pas où nous allons. C’est de l’argent que nous avons collecté auprès des entreprises du territoire et qui était destiné à des investissements territoriaux, or, là, il part au niveau de l’État. Pour nos entreprises c’est la double peine».
Pour la CCI l’heure est donc à la contestation. «Elle est aussi à la transformation, cela dans une logique de restriction», insiste-t-il. Évoquant notamment la convention avec l’École centrale qui va prendre fin: «Nous avons rencontré le recteur sur ce dossier qui concerne 31 personnes: soit l’État est en capacité de les reprendre, soit ces personnes décident de partir, soit elles veulent revenir à la CCI et là je ne vois pas très bien comment. Maintenant il faut que Centrale, qui a bénéficié de notre aide, qui ne devait être que provisoire, pendant 6 ans pour se développer, puisse passer à autre chose».
Il en vient, plus largement, aux départs qu’est appelé à connaître la CCI: «On compte 1 600 collaborateurs au niveau régional dont 400 sur la CCIMP. Nous ne savons pas combien vont partir. Il existe une procédure de congés transactionnels qui concerne les personnes de 59 ans, la transition vers la retraite s’effectuant sur trois ans maximum. Il s’agit d’une démarche volontaire, il faut se déclarer avant le 30 juin et nous n’avons pas notre mot à dire. Après il y a les départs volontaires, que nous pouvons accepter ou refuser».
La CCI entend prendre toute sa part dans la construction de la métropole
La CCI entend prendre toute sa part dans la construction de la métropole. Elle affiche sa préférence à propos de son futur président; elle insiste sur l’importance d’avancer rapidement sur la question des transports; annonce qu’elle a demandé un travail à l’économiste Christian Saint-Étienne. «Pour lui, seules les métropoles peuvent faire avancer la révolution industrielle car elles disposeront de la concentration d’intelligences nécessaire à cela. Il viendra présenter ses travaux le 24 juin», annonce-t-il. Rappelant: «Nous avons des filières d’excellence, la métropole doit leur permettre de se développer». Dans ce contexte, le président de la CCI considère: «Il est évident pour nous que la métropole n’est pas compatible avec un Département qui a les pouvoirs qui sont les siens actuellement, notamment en matière économique».
Enfin, concernant la SNCM, Jacques Pfister évoque le document de Bruxelles «qui effacerait l’ardoise de la France mais demanderait de renoncer à la DSP. Reste à savoir s’il s’agit de cette DSP qui, de toute façon, arrive à son terme ou si c’est le principe de la DSP (Délégation de service public) qui est remis en cause. Mais je ne vois pas comment on pourra faire sans DSP. Elle sera certainement réduite mais les contraintes aussi».
Michel CAIRE