Publié le 8 mai 2015 à 23h30 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 18h55
Répondant à la sollicitation du Professeur Didier Raoult, le Président de MPM Guy Teissier a visité ce jeudi 7 mai à Marseille, le chantier de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection à la Timone en présence des représentants des start-up impliquées dans le projet. A cette occasion, il a annoncé que MPM, « en dépit de son contexte budgétaire extrêmement dégradé», apporte sa pierre à l’édifice et s’engage à soutenir le projet à hauteur de 500 000 euros. Cet équipement de portée métropolitaine a pour vocation de devenir un pôle mondial dans le domaine des maladies infectieuses, première cause de mortalité dans le monde (VIH, tuberculose et paludisme entre autres). Ce site doté de bâtiment dit «intelligent» (pourvu de hautes technologies dédiées à la recherche) sera inauguré au cours du 1er semestre 2016.
Le projet comprend en effet la construction d’un hôpital de recherche qui permettra d’étudier d’une manière scientifique unique au monde les mécanismes de la transmission. C’est également un pôle de recherche spécifique en microbiologie et maladie infectieuses. A côté de la réalisation de publications scientifiques, l’équipe produit un nombre de brevets qui a significativement augmenté depuis la création de l’IHU. Didier Raoult d’ajouter : «La production de thèses est considérable, en particulier celles réalisées par des étudiants du Sud». Le projet scientifique majeur est constitué dans le répertoire des nouveaux microbes qui sont associés à l’homme comme agent pathogène ou comme agent de notre écosystème interne. Et le laboratoire a réussi a lui-seul à trouver plus de micro organismes dans le tube digestif que le reste du monde réuni. Et, sa contribution à la connaissance du microbiote digestif sur des bactéries cultivées représente 74% de l’ensemble, parmi lesquelles 95 espèces entièrement nouvelles qui n’avaient jamais été isolées jusqu’à ce jour. Concernant les virus le laboratoire a trouvé 4 familles virales entièrement nouvelles.
«Des locaux prévus pour prévenir et gérer les crises épidémiques»
Étendu sur 27 000 m² (dont 10 000 dédiés à la recherche et à l’enseignement), ce projet nécessite 73 M€ d’investissement pour 700 salariés et plus de 150 chercheurs. Outre des locaux prévus pour prévenir et gérer les crises épidémiques (système de confinement, portiques infrarouges pour détecter la fièvre, puces RFID pour suivre les patients), il sera doté d’un service clinique spécialisé, à la pointe de la technologie, réunissant les 3 services existants à Marseille, d’un volet sciences humaines et sociales (représentation sociale de la maladie, enjeux économiques, prévention, etc.).
Afin d’attirer les chercheurs les plus performants au niveau international et de valoriser la recherche, l’IHU Méditerranée Infection mise sur des rapports privilégiés avec les industriels par l’intermédiaire d’un hébergement, sur ce site, de start-up (déjà 8 à ce jour) permettant d’apporter des résultats concrets et de passer de la recherche fondamentale et à la commercialisation.
« Aider à améliorer le management de traitements actuels »
Parmi ces start-up, AmiKana.BioLogics, essaimage d’Aix Marseille Université et du CNRS, créée en décembre 2007. Sa mission, explique Pablo Gluschandorf, son président, est d’aider à améliorer le management de traitements actuels, pour lesquels des phénomènes de résistance ont été rapportés, en proposant des outils diagnostiques qui permettent de mieux cibler les thérapies. AmiKana.BioLogics s’intéresse, pour ses premiers produits et services, aux maladies virales et notamment à l’infection par le VIH et le Virus de l’Hépatite C (VHC), qui constituent des problèmes majeurs de santé publique. Il précise : «Nous sommes les seuls au monde à travailler sur ce type de tests. Les premières validations cliniques sont attendues d’ici la fin de l’année».
Olivier Blin est l’un des fondateurs de Biosqual, une société qui travaille sur la squalamine, cette molécule naturelle est connue comme agent antibiotique, anti-angiogénique (c’est à dire qu’il empêche la fabrication des vaisseaux sanguins qui irriguent les tumeurs cancéreuses, qui, ainsi ne sont plus alimentées et disparaissent progressivement) et anti-infectieux puissant. Mais il présente deux inconvénients : sa toxicité et son faible rendement de synthèse. Or, Biosqual a réussi à développer, tester et breveter une famille d’analogues originaux de la squalamine, des nouvelles formulation galéniques (la forme individuelle sous laquelle sont mis les principes actifs et les excipients (matières inactives) pour constituer un médicament). Biosqual travaille sur des produits aussi variés que des comprimés dispersibles pour la désinfection du matériel médical (prévention des maladies nosocomiales); une pommade pour le nettoyage de la peau; une autre pour le traitement des maladies cutanées virales et une solution pour la désinfection des voies respiratoires. «Nous approchons de l’expérimentation humaine, nous espérons qu’elle interviendra avant un an et que les premiers produits sortiront d’ici 36 mois».
«Cet équipement de portée métropolitaine est une source de progrès»
MPM compétente en matière d’Enseignement Supérieur et de Recherche entend donc jouer à plein son rôle de partenaire à l’égard de cet outil de rayonnement du territoire au niveau national et international, inédit en matière de recherche et de santé publique. «J’ai souhaité que MPM apporte son soutien à Hôpital Universitaire (IHU) de Marseille à hauteur de 500 000 € pour financer deux de ses projets de recherche. Cet institut est exceptionnel par sa vocation, son ampleur et son fonctionnement innovant en interaction avec des start-up. Il se place d’emblée à un niveau d’excellence et ambitionne d’attirer les chercheurs les plus performants au niveau international, tout en développant des rapports privilégiés avec les industriels. Cet équipement de portée métropolitaine est une source de progrès, de fierté et de rayonnement pour l’aire marseillaise», a expliqué Guy Teissier lors de sa visite.
Cet Institut hospitalo-universitaire, à la pointe de la modernité, s’inscrit dans une longue histoire. La lutte contre la contagion à Marseille remonte en effet à l’an 1120 avec le Fort Saint-Jean, elle se poursuivra, en 1526 avec le lazaret des Catalans, en 1643 c’est l’Hôtel Dieu qui voit le jour et, en 1814, le Lazaret d’Arenc. En 1823 on construit l’hôpital Caroline, au large de Marseille. En 1926 le «Queen Alexandra memorial hospital » voit le jour, il deviendra en 1949 l’hôpital de la Calade puis, en 1978, l’hôpital Houphouët Boigny…
Michel CAIRE