« Grâce au Site-Mémorial, j’ai compris ce qui m’est arrivé »
« Grâce au Site-Mémorial, j’ai compris ce qui m’est arrivé ». C’est avec une profonde gravité empreinte d’émotion que Bernard Kayumba, ancien rescapé du génocide des Tutsis au Rwanda et aujourd’hui maire du District de Karongi a prononcé ces mots après une longue visite au Site-Mémorial du Camp des Milles ce 1er juillet. Il était accompagné du Dr Ezechias Rwabuhihi, député et ancien Ministre de la Santé, ainsi que d’une adjointe à la mairie de Dieulefit et de membres de l’association rwandaise Ibuka (Souviens-toi).
Après avoir longuement visité les parties historiques du Mémorial, la délégation s’est arrêtée dans l’espace réflexif qui présente, à partir de l’histoire du camp et de la Shoah, et pour la première fois sur un lieu de mémoire, des connaissances scientifiques pluridisciplinaires permettant au visiteur de mieux comprendre les engrenages et les mécanismes humains récurrents (préjugés, passivité, soumission aveugle à l’autorité, effets de groupe…) qui ont conduit et peuvent encore conduire au pire ainsi que ceux qui permettent de résister.
Ils se sont enfin recueillis devant le Mur des Actes Justes, qui présente la grande diversité des actes de sauvetage et de résistances aux quatre grands crimes à caractères génocidaires du XXe siècle, contre les Arméniens, les Juifs, les Tsiganes et les Tutsis au Rwanda. Un contrepoint de reconnaissance et d’espoir en fin de parcours muséographique. Une manière de souligner que « chacun peut résister, chacun à sa manière… »
A l’issue de la visite, les personnalités rwandaises ont remercié longuement et avec émotion Alain Chouraqui, président de la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation, pour le travail effectué dans le long combat pour la mémoire du camp des Milles et pour les clés de compréhension présentées aux visiteurs. Le Dr Ezechias Rwabuhihi a souligné que « cette dimension éducative innovante renforce la vigilance et la responsabilité de chacun face aux racismes, à l’antisémitisme et à tous les fanatismes, et plus largement conforte la confiance que l’on doit garder en l’homme et en l’avenir. » Bernard Kayumba a relevé que « l’ouverture de la muséographie au génocide des Tutsis au Rwanda est exceptionnelle en Europe. » Les deux personnalités rwandaises ont insisté sur la nécessaire coopération à établir entre le Site-Mémorial du Camp des Milles et leur pays afin que celui-ci puisse bénéficier des méthodes et des résultats de recherche présentés au Camp des Milles. Considérant, en effet, que l’approche originale développée au camp des Milles « peut aider non seulement à la réflexion mais aussi à la réconciliation au sein de leur pays. » Alain Chouraqui s’est déclaré très touché par les propos de ces personnalités, promettant « tout le soutien de la Fondation du Camp des Milles aux démarches mémorielles engagées au Rwanda, par l’apport notamment d’outils pédagogiques et l’invitation des institutions rwandaises concernées à participer aux travaux de recherche et de formation que la Fondation va engager. »
Le Site- Mémorial du camp des Milles élargit aux autres génocides avérés les réflexions fondées sur l’histoire de la Shoah qui est à la fois unique par son ampleur, sa modernité et sa proximité, et porteuse de leçons universelles que l’on vérifie dans ces autres génocides. Concernant le Rwanda, il faut rappeler que son ambassadeur avait personnellement assisté à l’inauguration du Site mémorial par le Premier ministre, et que l’expérience des femmes durant le génocide au Rwanda avait été présentée lors du Premier Forum annuel « Femmes debout, Femmes en résistance » organisé le 8 mars dernier par le Site-mémorial.