Publié le 25 août 2015 à 23h00 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
Guy Teissier, le président de Marseille Provence Métropole, dans le cadre de sa visite de tous les lieux et instituts de recherche du territoire, s’est rendu ce 25 août dans les locaux de l’Institut de Recherche pour le développement (IRD). Cet établissement public à caractère scientifique et technologique placé sous la tutelle conjointe des ministères chargés de la Recherche et du Développement International, est implanté à Marseille depuis 2008. Le Président a apporté son soutien à l’Institut dans sa volonté de devenir propriétaire de ses locaux et dans son projet, avec d’autres acteurs de recherche, de formation, de créer un campus international pour la coopération et le développement qui, comme l’espère Jean-Paul Moatti, le Président-directeur général de l’IRD, pourrait accueillir une université d’été dès 2016. Pour Guy Teissier: «Le bien ne fait pas de bruit. Ici on ne fait que du bien et l’IRD n’est pas assez connu à Marseille. Qui sait ainsi que c’est grâce à un chercheur de cet institut que l’on a pu stopper Ebola ?». Et de rappeler que dans le cadre du Contrat de Plan État-Région 2015-2020 MPM débloque 10 millions d’euros pour la recherche.
Tandis que Jean-Paul Moatti insiste sur le fait que «la France est le seul pays au monde qui dispose d’un institut de recherche intégralement dédié au développement des pays du Sud». L’IRD a ainsi pour mission de promouvoir et de réaliser tous travaux de recherche scientifique, en France et hors de France, susceptibles de contribuer au progrès économique, social et culturel des pays en voie de développement. Il dispose à cet effet de centres et d’équipes de recherches multidisciplinaires avec des thèmes de recherche très variés qui contribuent à la consolidation d’une communauté scientifique capable de concevoir, organiser et mettre en œuvre son développement propre et celui du pays. Et Jean-Paul Moatti de constater: «Nous sommes plus connus à l’étranger qu’en France». Rappelle que c’est un chercheur de l’IRD qui a inventé la moustiquaire imprégnée qui permet de lutter contre le paludisme. Face à cela, l’Institut entend s’implanter durablement à Marseille en devenant propriétaire de ses locaux. «C’est un dossier qui avance, nous espérons rester sur le périmètre d’Euromed». Surtout, la grande ambition concerne la création d’un campus international. «Lorsque l’on se rend à Boston, on trouve une ville remplit d’étudiants étrangers et de cadres étrangers. Notre campus devrait avoir vocation à être aussi un point de focalisation, en direction du Sud, de la francophonie», ambitionne Jean-Paul Moatti.
Favoriser le rayonnement international et l’attractivité du territoire métropolitain
Et d’expliquer que le projet Campus international -élaboré avec divers partenaires dont Aix Marseille Université (AMU) et avec le soutien des collectivités locales, territoriales- répond à plusieurs enjeux : faire de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur la plateforme de la vocation méditerranéenne et sahélienne de la France en matière de recherche, d’enseignement supérieur, d’expertise et de diffusion des savoirs sur le développement; de favoriser le rayonnement international et l’attractivité du territoire métropolitain, par la promotion de la politique française et européenne de coopération initiée par des acteurs de l’aide publique au développement, de la formation, de la recherche et de l’innovation, déjà implantés sur la ville, qui ambitionnent de mettre une synergie leurs actions; de favoriser la recherche et l’innovation au service d’un rayonnement international accru de la ville de Marseille, prenant appui sur une politique scientifique et d’innovation et renforçant les actions de formation et de culture scientifique. «Nul besoin de nouveaux locaux pour ce campus, ajoute Jean-Paul Moatti, là encore, comme aux États-Unis, on peut utiliser lors des universités d’été ceux existants». Le campus devra répondre à quatre objectifs principaux : promouvoir le travail en partenariat et soutenir l’élaboration de projets collaboratifs dans les domaines de la recherche, de l’expertise et de l’innovation, s’inscrivant notamment dans le cadre des programmes multilatéraux en faveur de la Méditerranée; encourager et accompagner les démarches de formation à la coopération internationale et au développement; valoriser les résultats des travaux et actions du consortium, notamment par l’organisation de manifestations appropriées; mutualiser les compétences et infrastructures, dont la Villa Méditerranée et équipements entre acteurs partenaires. «Rien qu’avec les objectifs du développement durable et la COP 21 qui va se réunir à Paris, la masse de travail ne manquera pas».
«La francophonie, c’est une langue mais c’est aussi une façon de penser»
Enfin, Jean-Paul Moatti d’insister : « Nous n’avons rien contre les anglophones, nous travaillons avec eux, mais ce serait regrettable qu’ils monopolisent tout. La francophonie, c’est une langue mais c’est aussi une façon de penser. Nous sommes par exemple proche de gagner un combat en faveur de la couverture maladie universelle, intellectuellement, se sont les francophones qui sont à l’origine de cette idée. D’ailleurs les Chinois et les anglophones mesurent l’importance de la francophonie, sont conscients que, grâce à la poussée démographique en Afrique le français, actuellement 5e langue au monde va redevenir la 3e. Il est regrettable que la conscience de ce fait soit moins vive en France». Et de citer la physicienne française Catherine Bréchignac selon laquelle si la France obtient autant de récompenses en mathématiques, en physique, en chimie : « C’est parce que nous pensons en Français».
Michel CAIRE