Publié le 28 août 2015 à 0h45 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 19h55
L’Université d’été d’Attac bat son plein à Marseille. On peut déjà dire qu’elle connaît un véritable succès, tant par le nombre de participants, plus de 1 000, que par la qualité des débats. Le mardi 26 août, plus de 600 personnes se pressaient dans le grand amphithéâtre de la Fac Saint-Charles pour le débat portant sur «Quelle Europe possible?», la situation grecque mais aussi espagnole, ont occupé la plus grande part du débat. Le propos était grave, l’appel à l’intervention citoyenne pressant. «Il faut maintenir, à partir du mouvement social, une pression sur les forces politiques pour qu’elles s’engagent sur la question de la dette, car, si elle baisse, d’autres forces exerceront cette pression», lance ainsi Eric Toussaint, président du réseau international du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde (CADTM Belgique).
Une mobilisation d’autant plus nécessaire que, selon Tanos Contargyris, Attac Grèce: «L’espoir n’est pas mort, même en Grèce, malgré les déceptions que nous connaissons». Puis de revenir sur les événements que vient de connaître ce pays : «Il y a eu un grand espoir avec la victoire de Syriza. Il s’en est suivi de longues négociations. Le gouvernement grec pensait pouvoir s’adresser à ses interlocuteurs avec des arguments économiques. Ce n’était pas le cas, pour eux la seule solution était l’austérité et il s’agissait de punir et de renverser ce gouvernement en lui faisant signer quelque chose d’inacceptable». Il y a eu le référendum : « Il n’a fait que révéler le visage d’une Europe qui est tout sauf démocratique et qui voulait imposer tout le contraire de ce qu’il aurait fallu faire pour la Grèce… et pour les créanciers». Après ce vote, poursuit Tanos Contargyris : «L’asphyxie financière a été totale. Il était trop tard pour prendre les mesures nécessaires et les accords qui, depuis, se succèdent, sont catastrophiques». Il constate les désaccords au sein de Syriza. «Il n’est pas besoin, prévient-il, de tomber dans le piège de la division tendu par la troïka, je souhaite que, dans le futur, les deux tendances de Syriza se rapprochent».
«Il fallait créer un rapport de force et ce n’est pas 62% de Non à un référendum qui le crée avec la Banque centrale européenne, le FMI ou la commission européenne»
Eric Toussaint rappelle qu’un audit de 65 pages vient d’être réalisé sur «la réalité de la dette grecque». Pour lui, les choses sont claires : «La responsabilité première de l’échec qui vient d’être vécu retombe sur les créanciers». Indiquant: «Cela fait deux-trois ans que j’ai des discussions, y compris avec Tzipras, sur une autre stratégie. Il fallait créer un rapport de force et ce n’est pas 62% de Non à un référendum qui le crée avec la Banque centrale européenne, le FMI ou la commission européenne. Ils ne prennent pas en compte la légitimité démocratique. En revanche, ils sont sensibles à quelque chose : le fait de ne pas payer. Quand on a 1 000 euros de dette qu’on ne peut rembourser on a un problème, mais si on a 1 milliard de dette, là, c’est le créancier qui en a un. Alors, le fait d’annoncer, le 20 février, que la Grèce assurerait tous les remboursements a affaibli le gouvernement grec. Et la Grèce a ainsi payé un milliard à ses différents créanciers tandis qu’elle versait moins de 200 millions d’euros pour lutter contre la crise sociale». Pourtant, avance-t-il, au nom même des textes européens, la Grèce pouvait suspendre ses remboursements. Il invite ensuite à prendre des mesures très fortes contre les Banques : «L’État grec est actionnaire principal dans quatre grandes banques, il est même majoritaire dans trois d’entre elles. Mais les actions au main de l’État ne lui donne pas un droit de vote… Tzipras aurait dû changer cela par voie légale. Il aurait dû le faire avec une mise en faillite ordonnée de ces banques. Et, ce qui est vrai en Grèce l’est aussi en Espagne et au Portugal. Et puis il fallait prévoir une monnaie complémentaire et prendre des mesures fiscales fortes». Et de conclure en appelant à une forte mobilisation les 16 et 17 octobre contre l’austérité et les traités de libre-échange.
Pour Juan Laborda, économiste de Podemos : «Le principal problème de l’Europe n’est pas la Grèce mais l’Espagne». «Pour moi, ajoute-t-il, la crise systémique globale va reprendre». Avant de revenir sur la crise espagnole, due à l’explosion de la bulle immobilière : «L’Europe a obligé l’Espagne à mettre en place une politique d’austérité. Les salaires se sont effondrés, près de 50% de moins en 3 ans alors que pendant ce temps nous avons financé les dette privées avec l’argent public. C’est une dette illégitime. Et, aujourd’hui, l’Espagne atteint un record historique en matière de dette extérieure : 111% de son PIB alors qu’aucun investissement productif ne permet le retour de la croissance». Considérant : «Il faut restructurer la dette, donner moins à certains actionnaires, réduire les politiques d’austérité qui développe les inégalités partout dans le monde».
Enfin, pour Pedro Arrojo, Attac Espagne: «Nous vivons des temps historiques de crise et de douleur, la douleur de l’accouchement de ce monde que nous revendiquons et qui est possible parce que nécessaire». Et d’appeler, à son tour, à la plus grande mobilisation possible les 16 et 17 octobre.
Michel CAIRE
La plénière de clôture, ce vendredi 28, Grand amphithéâtre de saint-Charles de 14h à 16h30 a pour thème « le climat est notre affaire, la Cop 21 avant et après. Cette plénière fera le point sur les enjeux de la COP 21 et sur les mobilisations, en France et dans le monde. Avec Geneviève Azam, porte-parole d’Attac, Nnimmo Bassey, coordinateur de l’ONG Oil watch, Amélie Canonne, présidente de l’Aitec, Pablo Solon, ancien ambassadeur bolivien auprès des Nations unies.