Publié le 27 septembre 2015 à 12h50 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
Un public nombreux, des débats denses se succèdent de 9 heures à 19 heures, ce 26 septembre, dans le cadre prestigieux du Palais du Pharo à l’occasion de la première édition de ma Smart City Marseille Méditerranée. Occasion pour ce territoire de montrer ses atouts, ses envies, son potentiel. Une manifestation qui a abordé par de multiples facettes la question de la mutation urbaine et de la révolution numérique. Alors que Jean-Christophe Tortora, le président de La Tribune, avance: «Les médias n’ont peut être pas toujours le recul ou l’objectivité nécessaire pour traiter Marseille et rendre compte de son dynamisme». Avant que Carlos Moreno, professeur des universités, spécialiste de la ville intelligente ne lance: «Vous êtes un territoire rebelle, restez-le». Alors que Stéphane Richard, le PDG d’Orange, évoque Smartseille, le projet d’Eiffage, dont Orange est le partenaire numérique, déclare: «Ce sera le laboratoire français de la domotique», avant de mettre en exergue la position géographique de Marseille, la Méditerranée et, au-delà, «Orange entend devenir le plus grand opérateur pan-africain dans les années à venir». Jean-Claude Gaudin, le Maire de Marseille avoue: «Le numérique, vous vous en doutez, n’est pas ma spécialité première» mais il reconnaît qu’il s’agit là «d’un domaine qui nous engage tous pour l’avenir. Construire une ville durable et connectée est en effet devenu une priorité pour toutes les villes et d’abord pour les métropoles. Il s’agit tout à la fois d’améliorer la qualité de vie de leurs habitants et d’accroître l’attractivité de leurs territoires».
«Nous avons conclu une charte avec cinq opérateurs pour améliorer la desserte de notre territoire en haut et très haut débit fixe et mobile»
Le maire de Marseille rappelle l’importance du tissu universitaire, de la recherche, du numérique «la ville a été pionnière avec la création du Pôle Média de la Belle de Mai dont nous venons de célébrer le dixième anniversaire». Indiquant à ce propos «dans quelques jours nous allons inaugurer sur ce site un studio d’effets spéciaux et de capture de mouvements, studio qui positionne Marseille en avant-garde de la production de nouveaux contenus audiovisuels et numériques». Toujours dans la filière numérique «nous avons conclu une charte avec cinq opérateurs pour améliorer la desserte de notre territoire en haut et très haut débit fixe et mobile», se félicite-t-il.
Il rappelle enfin que le numérique «représente sur le territoire d’Aix-Marseille 40 000 emplois, 8 milliards de chiffre d’affaires et 700 entreprises dont des leaders comme Gemalto ou Avenir Telecom».
«Il faut capitaliser sur la fierté des habitants à vivre sur un territoire qui donne la capacité d’être heureux»
Carlos Moreno évoque Marseille et son «intelligence émotionnelle». Pour lui «Aix et Marseille regorgent de points d’intérêt». Il évoque notamment « The Camp » mais aussi Marseille «une ville qui fait partie des lieux de brassage». Il parle du tourisme mais aussi des réfugiés, des enjeux, entre autres, en matière climatique. Invite la cité phocéenne «à se positionner face à Barcelone, avec son identité, son urbanisme. Marseille c’est une porte d’entrée vers l’Afrique : la jeunesse, l’espoir». La smart ville qu’il dessine à une dimension économique, il cite Tel Aviv-Jaffa, «la ville qui ne dort jamais et qui représente 50% du PIB de la start-up Israël» avant de prévenir «mais il faut bien mesurer que c’est sur la qualité de vie qu’il faut concentrer ses efforts, c’est seulement sur cela que nous serons jugés. Quelle que soit la taille de la ville il faut capitaliser sur la fierté des habitants à vivre sur un territoire qui donne la capacité d’être heureux». Il cite l’exemple de Medelin (Colombie), «c’était la ville de la drogue, de la violence, en s’inscrivant dans une logique de Smart City c’est devenu une ville heureuse qui développe l’inclusion sociale, une ville polymorphique où il ne faut pas plus de 15 minutes pour avoir la réponse à ses besoins». Et c’est ainsi qu’il en vient au faut que Marseille doit aussi répondre aux questions écologiques. Tous ces éléments font «qu’il importe de rompre avec une organisation verticale pour passer à une approche plus ouverte, plus transversale, favorisant l’inclusion sociale. L’innovation technologique doit être au service des usagers et, pour cela, il faut enraciner le numérique dans la vie, l’hyper-proximité». Alors, cinq points s’imposent à partir desquels les villes peuvent devenir des villes ouvertes : l’écologie, le social, la culture, l’économie et la résilience.
«Marseille carrefour entre l’Europe et le monde méditerranéen»
Daniel Sperling l’adjoint en charge des nouvelles technologies ainsi que du mieux vivre ensemble de Marseille met à son tour en avant la position géographique de Marseille «carrefour entre l’Europe et le monde méditerranéen» et son histoire, faite de migrations «qui en font une ville monde». Il signale à ce propos l’existence de la carte Transpass dans le domaine des transports, de la City Pass dans celui du tourisme… Plus ancienne cité de France, «elle est aujourd’hui classée 40e sur 445 villes les plus innovantes du monde». Ville connectée, Marseille est le point de départ de nombreux câbles sous-marins qui partent vers l’Afrique et l’Asie. Gabrielle Gauthey, directrice des investissements et du développement local de la Caisse des Dépôts propose de regarder attentivement ce qui se passe en Afrique: «A Nairobi tout le monde ne mange pas à sa faim mais quasiment tout le monde a un smartphone. Et, dans le domaine de la télémédecine l’Afrique est en avance sur nous». Elle insiste à son tour sur l’importance d’une appropriation citoyenne des nouvelles technologies, notamment pour lutter contre la pollution «Il s’agit de réduire le trafic automobile, le gaspillage que cela produit ainsi que la pollution. Il faut savoir ainsi qu’1/3 des voitures qui roulent sont à la recherche d’une place de stationnement. Il faut donc développer le co-voiturage, le co-working. Or, la participation citoyenne modifie le comportement de ces derniers. A New York des citoyens ont réalisé la cartographie des pistes cyclables. Des conseils de quartier en ligne ont vu le jour. Surtout, il faut bien que nous soyons tous conscients que la Ville de demain sera réalisée par les adolescents d’aujourd’hui».
Pour Stéphane Richard, le PDG d’Orange «La concentration urbaine est une lame de fond. C’est dans les villes que vont se concentrer les problèmes et les solutions. La ville de 2030 sera plus écologique, avec moins de voitures, parfois plus du tout. Elle sera de plus en plus connectée, il nous appartient donc d’apporter plus de réseaux fixe et mobile. Ces villes seront également plus sûres grâce à la vidéoprotection». Puis, après avoir avoué être peu intéressé par l’acquisition d’une télé, il précise, en revanche, «nous allons investir dans 500 start-up dans les années à venir». Et, par ailleurs, pour favoriser sa croissance en Afrique Orange a développé «un concept d’antenne alimenté par le solaire». Christian Estrosi, maire de Nice, tête de liste LR aux régionales en Paca lance pour sa part : «Je rêve d’une SmartRégion».
«13 000 nouveaux entrepreneurs entre 2013 et 2014»
Face à la qualité des débats, Didier Parakian adjoint au maire de Marseille, délégué à l’Économie, aux Relations avec le monde de l’entreprise se réjouit : «Nous sommes précurseurs en matière de numérique. Et nous sommes une ville attrayante pour les entrepreneurs, ainsi on compte pas moins de 13 000 nouveaux entrepreneurs entre 2013 et 2014».
Stéphane Paoli, maire adjoint d’Aix-en-Provence, en charge du numérique, revient sur le «Grand Opening» pour le lancement des French Tech Weeks 2015 qui a eu lieu le 25 septembre dans la cité du Roy René. «Nous avons accueilli 800 participants, un succès d’autant plus important que nous avons dû bloquer les inscriptions voilà plusieurs jours. Une soirée d’autant plus réussie que nous sommes dans la feuille de route de la French Tech. Medinsoft est en place tout comme le conseil du numérique. Le dossier « The Camp » a été instruit en 3, 4 mois, le permis de construire a été déposé, tout est aujourd’hui purgé, une sécurité juridique existe, ce projet peut voir le jour. Le dossier de voyageprivé.com en est lui à l’étape du dépôt du permis de construire. Nous avons donc là deux dossiers qui sont en bonne voie. De plus, le coup de projecteur de la French Tech a un impact certain, puisque le nombre d’entreprises qui veulent s’installer sur Aix ou Marseille est en augmentation. Et, au niveau international, le territoire commence à être connu».
Michel CAIRE