Au Grand Théâtre de Provence Café Zimmermann poursuit sa love story avec Bach

Publié le 7 octobre 2015 à  19h59 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  20h07

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Entre l’ensemble Café Zimmermann et Jean-Sébastien Bach, l’histoire d’amour ne se dément pas. Elle dure depuis plusieurs années déjà et a donné naissance à de nombreux enregistrements consacrés à la musique concertante du cantor de Liepzig, enregistrements dont la plupart ont été salués par la critique à leur sortie et récompensés de nombreuses pastilles dorées sur la pochette. Et malgré quelques infidélités avec Vivaldi, D’Anglebert ou Avison, l’idylle se poursuit. Pour preuve ce programme «Cantates et concertos» actuellement en tournée et qui était donné, mardi soir, au Grand Théâtre de Provence où Café Zimmermann réside depuis 2011.
Force est de reconnaître que la formation créée en 1999 par le violoniste Pablo Valetti et la claveciniste Céline Frisch, a trouvé sa place dans le paysage culturel et musical aixois. Il suffisait pour s’en convaincre, de constater que le Grand Théâtre avait fait le plein pour cette soirée. Et à la sortie, alors que l’orage grondait encore au loin, personne ne se plaignait du moment vécu comme une parenthèse enchantée dans ce monde tourmenté. Et s’il est vrai que les compositions de Bach y sont pour beaucoup, il faut pour servir leur richesse et leur complexité un ensemble qui ait banni l’à-peu-près de son vocabulaire musical. Café Zimmermann en fait partie.
Au programme de ce concert les concertos pour violon BWV 1041, pour hautbois d’amour BWV 1055, pour violon et haubois BWV 1060R et les cantates «Vergnügte Ruh, beliebte Seelenlust» BWV 170 et «Gott soll allein Mein Herze» BWV 169. Initialement prévu pour donner les cantates, le contre-ténor Damien Guillon, annoncé souffrant, avait cédé la place à son homologue Maarten Engeltjes qui, lui aussi, est un fervent serviteur de Bach. Nous étions en droit d’attendre le meilleur de cette collaboration entre l’orchestre et le contre-ténor, nous l’avons eu ! Dépouillement et lumière spirituelle pour la première, profondeur et recueillement serein, parfois enjoué, dans l’autre : telles sont les principales caractéristiques des interprétations livrée par Café Zimmermann et Maarten Engeltjes, ce dernier offrant avec aisance un chant précis, limpide et direct bien soutenu par un continuo efficace et très présent avec, notamment, Céline Frisch à l’orgue et Petr Skalka au violoncelle.
Les trois concertos ont illustré à merveille «le» son de Café Zimmermann, toujours juste, qui ne tombe jamais dans les travers parfois empruntés par d’autres : à savoir le baroque sautillant des uns ou le baroque suintant des autres. Ici pas de déhanchements saugrenus ou de guimauve en la majeur : la ligne est tracée par un Pablo Valetti droit comme un i majuscule, respect, musicalité, luminosité. En fait, c’est ce qui fait «le» son dont nous parlons plus haut. Et que ceux qui n’ont pas encore entendu Café Zimmermann se rassurent, on ne s’ennuie pas une minute à l’écoute de cet ensemble. Une mention particulière pour Patrick Beaugiraud, hautboïste soliste, tirant de son hautbois d’amour de merveilleuses couleurs puis livrant, en compagnie de Pablo Valetti, un superbe face à face musical hautbois-violon. Pour le bis, en forme de point d’orgue, le konzertmeister Valetti avait choisi un extrait de la Passion : un moment très fusionnel entre l’ensemble et le soliste. C’était beau ! Tout simplement beau…
Michel EGEA

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