Publié le 21 octobre 2015 à 22h23 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
Il faut des millénaires pour arriver à la «civilisation» et infiniment moins de temps pour retourner à la barbarie. Devant les nouveaux barbares qui veulent dominer la planète, il n’est qu’un seul impératif, les combattre sans merci et dans le même temps, ne rien abdiquer de ce qui nous différencient d’eux en défendant ardemment nos valeurs démocratiques et celles du vivre ensemble. Dans le cas contraire, une déferlante s’abattra immanquablement qui emportera sur son passage les quelques îlots de paix et de stabilité restant de par le monde.
La lutte est mal engagée
Cependant, la lutte semble bien mal engagée, car parmi nous il est également des barbares. Pour faire de l’audience, trop souvent, les médias nous abreuvent d’un flot continu d’informations chocs ne faisant plus appel à notre intelligence mais à l’émotion, ou donnent une tribune aux radicaux qui instrumentalisent les différences dans une perspective électoraliste. Aussi, sous nos yeux se constitue un cocktail détonant d’ignorance et de rejet de l’Autre que rien ne semble pouvoir enrayer. Où sont les grandes voix qui jadis appelaient à la raison ? Où sont les penseurs qui n’avaient cure d’être populaires et tentaient de réveiller les consciences quoi qu’il en coûte ? Dans ce tohu-bohu où les valeurs s’estompent, il est bien difficile de se faire entendre lorsque l’on tient un discours modéré !
Une lueur d’espoir
Mais il reste encore une lueur d’espoir, en particulier le sursaut citoyen. Permettez-moi de rapporter une expérience personnelle pour illustrer mon propos et qui parlera mieux que de longs discours. Il y a peu, au Centre Culturel Edmond Fleg de Marseille, nous avons organisé un «bœuf» musical. Des artistes venant du monde entier se sont exprimés ensemble. Il y avait parmi les chanteurs, instrumentistes ou danseurs, des iraniens, des arabes, et… des israéliens ! Venant de pays en guerre, ils ont parlé ce soir-là le langage de la paix, celui de la culture, celui de la musique. Ces instants ont été immortalisés par des photographies qui font actuellement l’objet d’une exposition s’inscrivant dans le cadre de la l’action nationale des Centres culturels juifs «Vivre la France Ensemble».
On est à cent lieues des raccourcis passant en boucle dans les médias et qui ont pour conséquence malheureuse d’attiser la haine, risquant ainsi d’importer un conflit extérieur en France. Si ces artistes ont su oublier un instant ce qui les opposait pour construire un projet ensemble, ne pourrions-nous pas en faire autant au quotidien ? Ce n’est pas faire preuve de naïveté, mais c’est une impérieuse nécessité si nous voulons avoir un avenir, car «il n’y aura pas de salut à titre individuel mais qu’à titre collectif».
Les Français, ont un urgent besoin qu’on leur redonne une perspective et de l’espoir. Et si l’exemple ne vient pas d’en haut, il peut venir de tout un chacun car comme le disait le sage Hillel l’Ancien dans un impératif à l’action, il y a près de 2000 ans à Jérusalem, «Si je ne suis pas pour moi, qui le sera ? Si je ne suis que pour moi, que suis-je ? Et si ce n’est pas maintenant, quand ?»