Publié le 22 octobre 2015 à 23h28 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 20h42
Le MuCEM présente trois films et une conférence autour du cinéaste Alexandre Sokourov à l’occasion de la sortie de son nouveau long-métrage Francofonia.
Le chef de file de l’avant-garde russe, dont les œuvres sont réputées pour leurs recherches plastiques et leur souffle créatif, a consacré plusieurs films à l’Histoire, à la peinture et aux musées. C’est le cas de Francofonia, tourné au Louvre, comme Elégie de la traversée, tourné au musée Boijmans Van Beuningen de Rotterdam, ou encore Hubert Robert et L’arche russe, tournés au Musée de l’Ermitage de Saint-Pétersbourg.
Ces trois derniers films (Hubert Robert, Elégie de la traversée, L’arche russe) témoignant de la fascination de Sokourov pour les musées, seront projetés au MuCEM le samedi 31 octobre.
Cinéma : 16h30 – Auditorium Germaine Tillion – Tarif 2 séances 5€ / 3€
Hubert Robert, une vie heureuse
De Alexandre Sokourov (Russie, 1996, 26 min. – DVD)
Portrait stylisé d’Hubert Robert, peintre français du XVIIIème siècle, à travers les tableaux de l’artiste exposés au Musée de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg. Un essai cinématographique aux allures de méditation visuelle.
Suivi de
Elégie de la traversée
De Alexandre Sokourov (France/Pays-Bas/Russie, 2001, 48 min. – BetaSP)
Un homme, poussé par une force qui le dépasse, embarque seul pour un voyage. Il traverse de grandes étendues enneigées, passe des frontières, franchit une mer, pour accoster dans un pays étranger. Il parvient bientôt aux portes d’un palais qui semble abandonné. Pénétrant dans un musée fantomatique, le voyageur découvre enfin le but de son voyage : la toile de Peter Saenredam, Place Sainte-Marie, peinte en
sa présence… au XVIIème siècle.
Conférence à 18h – Auditorium Germaine Tillion – Entrée libre
« Alexandre Sokourov : un moderniste réactionnaire »
Conférence de François Albera, professeur d’Histoire et esthétique du cinéma (Université de Lausanne), suivie d’un échange avec le public.
Alexandre Sokourov (1951) après avoir été un cinéaste soviétique « underground », est le cinéaste russe le plus célèbre aujourd’hui, plusieurs fois primé depuis 1987 dans les festivals internationaux (Locarno, Cannes, Venise). Entre 1978 et 1986 il tourne en URSS pour la télévision de Gorki et le cinéma (à Leningrad) des films qui sont interdits (documentaires et fiction). Quand on découvre son œuvre d’un coup en 1987, elle est déjà riche, singulière, intrigante. Cinéaste expérimental qui se réclame du classicisme, innovateur qui dénonce la modernité, réalisateur prolifique, inventif qui ne cesse de dénier que le cinéma soit un art, il est un « moderniste réactionnaire ». L’originalité de son cinéma est d’allier à une inspiration élevée, aspirant au sublime, une grande sensualité – attention aux matériaux, aux gestes, aux inflexions de voix, aux éléments naturels – et un humour qui peut aller jusqu’au grotesque et au trivial. Une même exigence spirituelle, une même intransigeance et une même angoisse devant la solitude du créateur et devant la finitude humaine traversent tous ses films : qu’il s’agisse de Maria la kolkhozienne, d’Emma Bovary, de Lénine avant sa mort, d’une grand-mère venue voir son petit-fils soldat en Tchétchénie ou de Jacques Jaujard, sauveur des trésors artistiques du Louvre pendant l’Occupation nazie de la France.
François Albera / Extrait de la présentation du livre à paraître cet automne : Au coeur de l’océan de Alexandre Sokourov – Traduit et présenté par Jeremi Szaniawski – Éditions de L’Age d’Homme / Collection Histoire et esthétique du cinéma.
Alexandre Sokourov
Palme d’or à Cannes, Ours d’or à Berlin, Léopard d’honneur pour l’ensemble de son œuvre à Locarno… Alexandre Sokourov a reçu une vingtaine de prix, distribués par les plus prestigieux festivals de cinéma de la planète. Ancien élève d’Andreï Tarkovsky, il est le chef de file de « l’avant-garde » russe. La plupart de ses premières œuvres, notamment des documentaires, furent interdites par le régime soviétique. Il s’impose sur la scène internationale en 1997, avec Mère et fils, devenant un pilier du festival de Cannes, où quatre de ses films ont été mis à l’honneur. Il a conquis les milieux les plus élitistes de la cinéphilie avec L’Arche russe, consacré au musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg, tourné en un seul plan séquence de 96 minutes. Ses films sont également réputés pour leurs recherches plastiques et leur souffle créatif (lumières ambres et bistres, incrustations numériques, flous, déformations, etc.). Cinéaste mystique, chrétien et patriote, Sokourov a exploré la démesure du pouvoir dans une trilogie consacrée aux grands dictateurs du XXe siècle : Moloch (Hitler), Taurus (Lénine), Le Soleil (Hiro Hito). Dans Alexandra (2007), l’un de ses chefs-d’œuvre, il pose un regard apaisé sur la guerre de Tchétchénie et file la métaphore de la Mère Patrie retrouvant ses enfants perdus. Une babouchka incarnant la Russie éternelle y est confrontée à la souffrance, aux snipers, aux terroristes… Pas de quoi impressionner la bienveillante Alexandra, elle qui a enfanté Ivan le Terrible ! Faust (2011), dernier long-métrage de Sokourov, revisitait l’œuvre de Goethe et fut récompensée par un Lion d’or à la Mostra de Venise.
François Albera
François Albera est professeur d’Histoire et esthétique du cinéma à l’Université de Lausanne, secrétaire de rédaction de 1895 revue d’histoire du cinéma et il dirige la collection Cinéma aux éditions de L’Age d’Homme. Spécialiste des cinémas d’avant-garde des années 1920 et du cinéma indépendant des années 1960 à nos jours, il a édité plusieurs ouvrages d’Eisenstein, Kouléchov, des Formalistes russes et publié plusieurs ouvrages sur le cinéma soviétique (Eisenstein et le constructivisme russe, Boris Barnet, Kouléchov et les siens) mais aussi les exilés (Albatros, des Russes à Paris, 1919-1929) ou les cinéastes contemporains (Alexandre Sokourov, Cinémaction, 2009).
Cinéma : 20h30 – Auditorium Germaine Tillion – 5€ / 3€
L’arche russe
De Alexandre Sokourov (Allemagne/Russie, 2002, 1h36 – 35mm VOSTF)
Avec : Sergei Dreïden, Mariya Kuznetsova, Yuliy Zhurin
Un réalisateur contemporain se retrouve dans le Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg au début du XVIIIème siècle. Il y rencontre un cynique diplomate français du XIXème siècle. Les deux hommes deviennent complices, au cours d’un extraordinaire voyage dans le temps à travers le turbulent passé de la Russie, qui les conduit jusqu’à nos jours. Tour de force technique, ce film est constitué d’un unique plan séquence de 96 minutes !
Informations pratiques pour le public
Jours et heures d’ouverture du MuCEM
– Automne (du 2 septembre au 31 octobre) : 11h / 19h
– Hiver (du 1er novembre au 30 avril) : 11h / 18h
– Nocturne le vendredi jusqu’à 22h (juqu’au 31 octobre)
Dernière entrée 45 minutes avant la fermeture du site.
Évacuation des salles d’expositions 15 minutes avant la fermeture du site.
Ouvert tous les jours sauf le mardi, le 25 décembre et le 1er mai.
Pour les rencontres payantes
Réservation possible de 9h à 18h par téléphone 04 84 35 13 13 ou par mail reservation@mucem.org.
Se rendre au MuCEM J4
– Entrée par l’esplanade du J4
– Entrée passerelle du Panier, parvis de l’église Saint-Laurent, esplanade de la Tourette
– Entrée basse fort Saint-Jean par le quai du Port