Publié le 28 mai 2013 à 3h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 15h57
Une première qui en appelle beaucoup d’autres
Ce 28 mai, 100 lycéens des établissements phocéens Marcel Pagnol, Marseilleveyre, Sacré Coeur et Périer ont composé le premier jury du premier prix Marseille Provence Métropole (MPM) Averroès junior. Un coup d’essai qui mérite de s’inscrire dans la durée par la qualité de la sélection, l’argumentation avancée. Un vote extrêmement serré et il aura fallu deux tours pour sélectionner le film dont le nom sera dévoilé le 21 juin. Son heureux lauréat recevra un prix de 5 000 euros. Sur les 31 films sélectionnés pour le Primed 2013, ils avaient à choisir parmi 6 films, couvrant des thématiques diverses de la Méditerranée : l’actualité avec Italy : Love it, or leave it, Méditerranée, une soupe de plastique, et Une jeunesse bosnienne, sa mémoire avec Tinghir-Jérusalem, les échos du Mellah, et Guerre d’Algérie, la Déchirure,ou encore sa culture avec A House for Bernarda Alba.
« Se forger sa propre opinion »
Vient le moment pour les lycéens de présenter les films. Marseilleveyre présente Italy :Love it, or leave it. « Deux Italiens, l’un du Nord veut émigrer en Allemagne, l’autre, de Rome, veut visiter l’Italie avant de prendre une décision. On voit ainsi une Italie différente, on découvre une diversité de points de vue qui n’impose rien, permet de se forger sa propre opinion ». La fin du film fera débat, ainsi que la façon de filmer.
Tinghir-Jérusalem, les échos du Mellah, suit le destin de la communauté juive qui a quitté son village au Maroc pour rejoindre Israël. « C’est un film touchant, même si la façon de filmer surprend parfois ». « Il y a des longueurs, mais la force du film est de montrer que juifs et musulmans ont pu vivre ensemble, c’est un hymne à la paix ». Seul, un lycéen s’inquiète, se demande pourquoi, si des gens vivaient en harmonie, ont pu se séparer.
Méditerranée, une soupe de plastique est présenté par les lycéens de Pagnol : « Ce film nous montre l’évolution de la pollution au plastique qui, aujourd’hui pourrait avoir un impact sur la chaîne alimentaire. Le documentaire ne dramatise pas mais montre les problèmes, nous laisse juge. Révèle des chiffres que nous avions du mal à croire. Nous avons dû faire des recherches pour vérifier. Et, effectivement… ».
Les uns avouent avoir été marqués par ce film. Certains précisent qu’ils ont été particulièrement sensibles au fait qu’ il présente une diversité de points de vue : scientifiques, simples citoyens, pêcheurs. D’autres, en revanche, jugent que nous sommes déjà informés, voire sur-informés sur ces questions. Où plutôt que certains reçoivent toujours les mêmes informations alors que certaines régions de la Méditerranée n’y sont toujours pas sensibilisées.
Une jeunesse Bosnienne donne la parole à des jeunes de 20 ans après le début de la guerre qui a fait 100 000 morts. Un film qui rend compte d’une diversité de points de vue, d’une envie de vivre, de s’affranchir du passé.
A House for Bernarda Alba raconte l’histoire de huit femmes gitanes d’El Vacie, un bidonville de Séville. Elles deviennent célèbres après avoir joué La Maison de Bernarda Alba de Federico Garcia Lorca. « Un film qui nous oblige à voir des vérités qui font peur ». Elles font une tournée triomphale avant de revenir à leur vie. « Quand on est habitué à un habitat, fut-il un bidonville, on ne veut peut-être pas chercher autre chose », s’interroge un lycéen.
« Nous pourrions résoudre pas mal de problèmes si nous ne faisions pas usage de la violence »
Enfin le Sacré Coeur présente Guerre d’Algérie, la déchirure . « Sur un sujet sensible ce film reprend des faits objectifs sans tabou, ni censure. Il nous permet de mieux mesurer les souffrances. Il est aussi pédagogique en montrant les dimensions économiques, politiques, humaines, morales de ce conflit ». Deux intervenants indiqueront qu’après avoir visionné ce film, ils ont posé des questions à leur grand-père. Ils ont mesuré que toutes les réponses n’étaient pas données « mais avec ce film j’ai compris pourquoi. J’ai compris aussi que nous pourrions résoudre pas mal de problèmes si nous ne faisions pas usage de la violence ».
En début de séance c’est Patrick Magro, vice-président de MPM, qui a accueilli les jeunes jurés, leur présentant l’institution, précisant que cette dernière, bien que la culture ne fasse pas partie de ses compétences, a décidé de doter le prix MPM Averroès Junior. »
Bernard Jacquier, président de l’EspaceCulture Marseille, avec humour, indique au jury : « Je suis un ancien de Périer, où j’ai passé le Bac. Mais je rassure les lycéens, de Pagnol, je l’ai aussi passé dans cet établissement avant de le passer une troisième fois à Marseilleveyre… ». Il rappelle que l’Espace est subventionné à 80% par la ville de Marseille, mais bénéficie également d’aides de MPM, du Département et de la Région. Il précise que l’Espace s’implique tout particulièrement dans la Biennale des Jeunes Créateurs d’Europe et de la Méditerranée, dont la prochaine édition va se dérouler à Ancône, et les Rencontres d’Averroès. « Lorsque François Jacquel, le directeur du Centre Méditerranéen de Communication Audiovisuelle, nous a proposé de donner jour au prix Averroès junior, nous avons dit oui avec grand plaisir ».
« Soyez les ambassadeurs de ce PriMed »
François Jacquel lance : « Merci d’être là, merci d’être les jurys de ce prix. Vous avez eu à visionner des films qui présentent la Méditerranée dans tous ses états, celle dans laquelle vous vivrez demain ». Il revient sur l’histoire du Primed « qui s’est ouvert au public voilà quatre ans ». Ajoutant : « Pour cette édition nous avons visionner 440 films, pour finalement en sélectionner 31. Ils seront présentés au Mucem et à la Villa Méditerranée du 17 au 22 juin. Le PriMed récompense 7 catégories de films : Enjeux méditerranéens, Mémoire de la Méditerranée, Art, Patrimoine et Cultures de la Méditerranée, Première œuvre, Reportage, Court métrage, Multimédia. Et aussi, ce prix MPM Averroès junior qui montrera à tous que les jeunes prennent leur avenir en main. Maintenant, soyez les ambassadeurs de ce PriMed auprès de votre famille, vos voisins, vos amis, afin que dans cette époque de zapping, ils viennent s’attarder une heure par ci, par là pour visionner des sujet qui vous/nous concernent ».
Michel CAIRE
Plus d’info : www.primed.tv
www.cmca-med.org.