Publié le 3 décembre 2015 à 19h46 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 20h55
Les catholiques des diocèses d’Aix-en-Provence et Marseille viennent de publier «Aix-Marseille-Provence, notre maison commune», sous-titré «Pour une métropole solidaire». Un document dont les archevêques de Marseille et d’Aix-en-Provence précisent l’objet dans l’avant-propos : «La plupart des citoyens, peu informés de la chose publique, comprennent mal les enjeux de cette réforme qui ne leur a pas été expliquée clairement. Les Chrétiens ne se sentent pas d’avantage concernés». «La métropole, poursuivent-ils, doit valoriser toutes les potentialités- et elles sont nombreuses- de cet espace trop morcelé pour être efficace, où toutes les communes sont interdépendantes, si ce n’est en concurrence. Elle doit intervenir notamment en faveur de ses territoires les moins dotées et ses habitants les plus en difficulté». «Une société solidaire est une société dynamique»,est-il avancé. Pour Philippe Langevin, auteur de ce document dans le cadre d’un travail accompli par le Comité Diocésain Économique et Social et du Secrétariat social de Marseille- Centre chrétien de réflexion, «Il était important pour nous de présenter l’enjeu métropolitain : adapter les territoires du pouvoir aux territoires économiques afin de répondre aux questions de mobilité, de logement, de développement». «Les communes, les EPCI, poursuit-il, sont plus en concurrence qu’en complémentarité. Nous sommes dans un espace de vie quotidienne qui ne fait pas l’objet d’un projet partagé. Or, il nous faut bien être conscient que ces communes ne sont pas isolées, que nous sommes dans un environnement, une mondialisation peu contrôlée».
«Nous constatons que les inégalités limitent la capacité et empêchent de transformer un tas en un tout »
Philippe Langevin considère que «c’est par le dialogue que nous construirons la métropole, même si, ici, c’est plus compliqué qu’ailleurs avec une défiance entre les collectivités, avec l’État et l’Europe. Le territoire est vaste, 3 100 km², 92 communes, près de 2 millions d’habitants. Il est puissant, mais cette puissance ne bénéficie pas à tous. Il y a un fort secteur industriel, notamment autour de Berre, le médical à Marseille, Aix-Marseille Université… Mais que fait-on des territoires en crise, des chômeurs ?». Constate que les inégalités limitent la capacité et empêchent de transformer «un tas en un tout». L’analyse des principales données démographiques et économiques de ce territoire met en évidence ses difficultés par rapport aux 11 autres principales métropoles françaises». Notamment le fait que la répartition par catégories professionnelles de la population de plus de 15 ans non scolarisée montre la part très faible des cadres et des professions intellectuelles supérieures (9,1% contre 13,1% pour Lyon, 11,8% pour Bordeaux, 15,8% pour Toulouse…) et le poids important des retraités (25% contre 22% pour Lyon, 22,2% pour Bordeaux…). La métropole se révèle également comme étant la plus inégalitaire en termes de revenus après Montpellier. Et, la croissance démographique est ralentie. «Avec un taux de croissance annuel moyen de 0,4% entre 2006 et 2011 contre le double entre 1999 et 2006 elle est devancée par Montpellier, Lyon, Toulouse, Rennes, Bordeaux et Nantes. La totalité de la croissance de la population est due au solde naturel. Aix-Marseille-Provence présente un déficit migratoire avec le reste de la France, c’est à dire qu’il y a plus de départs (143 500 entre 2003 et 2008) que d’arrivées (131000 sur la même période)». Pour Philippe Langevin: «Nous avons un nouveau modèle économique à construire» avant de plaider en faveur «d’une métropole sociale, solidaire». Et de considérer: «On peut penser qu’il y a dans la doctrine sociale de l’Église de nombreux points qui pourraient s’appliquer, qui mettent an avant le fait que les intérêts généraux dépassent les intérêts locaux. La métropole est une construction d’un nouveau territoire dans lequel chacun doit disposer des biens nécessaires pour une vie digne». «La précarité, précise-t-il, ce n’est pas seulement une absence de revenus, c’est aussi une absence de réseaux. Or la métropole pourrait devenir notre maison commune. Nous sommes à un moment particulier de notre histoire, un espoir à partager existe et les Chrétiens ont peut être une responsabilité particulière dans la construction d’une charité concrète».
Michel CAIRE
Comité diocésain économique et social : cdesmarseille@gmail.com Secrétariat social de Marseille-centre chrétien de réflexion : contact@secretariatsocialccr.org