Publié le 4 décembre 2015 à 2h28 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 20h55
Ce n’était certes pas la plus grande salle du Palais des Congrès à Chanot mais, peut-être pour la première fois de la campagne de Christian Estrosi, en tout cas à Marseille, l’ambiance était au rendez-vous. Et les discours faisant clairement de Marion Maréchal-Le Pen l’adversaire, ont soulevé les applaudissements du public qui, à plusieurs occasions, a clamé «Estrosi-Muselier ». Un meeting qui s’est conclu par une Marseillaise entonnée par la soprano Brigitte Hernandez et reprise par la salle.
C’est une jeune fille de 18 ans qui, la première prend la parole, pour appeler la jeunesse à voter Estrosi «autrement, comment nous plaindre du choix qui sera fait ?», son prénom résonne comme un symbole : Marion. Puis c’est Martine Vassal, la présidente LR du Département des Bouches-du-Rhône qui indique : «Christian Estrosi représente le choix de l’alternance alors que la gauche c’est l’immobilisme et le FN l’impasse». «Nous avons besoin, poursuit-elle, d’un président de région qui rassure, protège, rassemble, impulse, innove et c’est Christian Estrosi». Le ton de la soirée est donné. Jean-Claude Gaudin, le sénateur-maire LR de Marseille dénonce le danger que représente le FN : «Son programme est irresponsable, son message est à l’opposé de celui de la France, c’est le rejet de l’Autre. Et il faut bien être conscients que l’élection du FN isolerait notre région du reste de l’Europe». Renaud Muselier (*), tête de liste dans les Bouches-du-Rhône, ne cache pas son plaisir lorsqu’il donne la parole à un soutien de la liste, le comédien Moussa Maaskri qui avance : «La politique c’est quelque chose de sérieux qui nous concerne tous. Si je suis là ce soir c’est parce que je pense qu’il faut un homme sérieux à la tête de la région».
Christian Estrosi évoque «cette barbarie qui a touché notre pays le 13 novembre dernier lorsque la sauvagerie des monstres djihadistes a meurtri la France. Et je veux avoir une pensée pour ces 130 enfants de France, innocents qui sont tombés sous les balles de l’Etat islamique». Puis de se définir, en quelques mots : «Je reste ce que j’ai toujours été: un homme de droite qui a su faire autour de lui un large rassemblement de personnalités du centre et de la société civile; un homme ferme sur les principes et les valeurs de la République qui croit en l’ordre républicain et en l’autorité; un maire qui agit pour fermer les salles de cultes radicales mais qui dialogue avec les musulmans qui se conforment aux règles de la République pour mettre un terme aux prières de rue; un homme qui ne fait pas de distinction entre les Français selon leur religion ou leur couleur de peau».
«La République, elle ne fait pas le tri entre ses enfant»
«Dans cette campagne, poursuit-il, nous aurons été insultés par Madame Le Pen et caricaturés par Monsieur Castaner. Les uns voulant se faire passer pour nous et les autres voulant nous faire passer pour ceux que nous ne sommes pas. Mais, je n’ai pas changé. Je ne suis pas comme cette gauche professionnelle de l’indignation qui expliquait hier, que j’étais pire que Madame Le Pen et qui aujourd’hui se retrouve à devoir défendre mes propositions parce que le Président de la République et le Premier ministre se sont enfin rendus compte de leur bien fondé». Et d’assurer: «Nous avons toujours été, nous sommes et nous resterons fermes sur les principes fondamentaux de la République. La République, elle ne fait pas le tri entre ses enfants. La République elle n’insulte personne. La République, la République française elle, ne connaît aucun citoyen de second rang ou sous conditions comme le dit Madame Le Pen à propos des Français de confession musulmane et elle donne les mêmes droits et les mêmes devoirs aux hommes et aux femmes». Pour Christian Estrosi «être ferme sur les principes de la République, c’est refuser que l’on se camoufle, que l’on ne se regarde pas dans les yeux à visage découvert. C’est la raison pour laquelle, j’ai demandé une application stricte et ferme de la loi votée dans le consensus au parlement et que nous avions proposée : celle de l’interdiction de la burqua».
«Aujourd’hui, les femmes de cette région ont deux ennemis»
Il rappelle: «La France c’est le pays des droits de l’Homme et du citoyen mais c’est aussi et surtout celui du droit des femmes. Ces femmes qui se sont battues pour acquérir des droits fondamentaux que les extrémistes les plus dangereux veulent aujourd’hui remettre en cause». «Aujourd’hui, considère-t-il, les femmes de cette région ont deux ennemis. D’un côté ceux qui veulent leur imposer la charia, la lapidation et la soumission absolue, et de l’autre, ceux qui comme au Front national veulent les déposséder de leurs droits au nom d’une idéologie moyenâgeuse qui veut que la femme ne puisse pas disposer librement d’elle-même. Marion Maréchal Le Pen s’est ouvertement prononcée pour le déremboursement de l’IVG et du libre accès à la contraception pour les femmes de cette région». Il rend à ce propos, une nouvelle fois, hommage à Simone Veil, avant de rapporter un échange avec un de ses experts, Antoine Sfeir, spécialiste de l’Euroméditerranée. «Je l’ai eu au téléphone quelques heures avant notre meeting et il m’a dit une chose: « Christian dit leur que Marion Maréchal Le Pen est une imposture. Elle se pose en égérie de la chrétienté, mais mes chers amis, le Christ sur sa croix il embrasse le monde entier et il ne stigmatise personne »». Puis d’indiquer : «Comme vous, je regarde les sondages et je vois que si l’on en croit les sondages qu’il faut toujours relativiser par principe, le Front national profiterait des conséquences des attentats du 13 novembre dans notre capitale. Autrement dit, Daesh serait un agent électoral du Front national».
Il en vient à l’économie : «Demain je veux devenir le chef d’une armée au service des entreprises pour gagner la bataille de l’emploi». Avant d’ajouter: «Je suis un homme libre, je suis un homme de valeurs (…) Je ne suis comptable que de ce que je fais, pas des actes que les autres accomplissent et je n’ai de compte à rendre : qu’à vous! Je ne serai pas le Président d’un parti. Je serai le Président du peuple de Provence-Alpes-Côte d’Azur». «Oui, conclura-t-il, je suis reconnaissant à la France d’avoir permis à l’enfant d’immigrés italiens que je suis d’exercer les plus hautes responsabilités, et je veux que cela soit possible pour tous. Oui, je dois à la France toute mon énergie, et toute la force de mon travail, que je veux inépuisable. Oui, je dois rendre à la France ce qu’elle m’a donné, et je veux le lui rendre, au centuple, comme me le recommandait ma grand-mère, qui parlait pourtant français avec son accent rocailleux d’Italie».
Michel CAIRE
Renaud Muselier tête de liste LR dans les Bouches-du-Rhône: Fort plaidoyer contre le FN
Pour Renaud Muselier cette campagne a été irrémédiablement «bouleversée» par les attentats terroristes du 13 novembre. «Ces attaques ont profondément choqué les citoyens que nous sommes. Elles avaient pour but de fouler aux pieds notre désir de vivre en paix, heureux et solidaires. Elles sont venues rappeler à notre pays, déjà pris pour cible au mois de janvier, que le temps de l’insouciance est terminé»,avance-t-il. Alors, «les blessures sont profondes. La France a pleuré ses morts, ses enfants de la République». Pour lui, «nous sommes maintenant en guerre» et, pour pouvoir nous battre «il faut connaître notre ennemi». Et de citer Hugo Micheron, spécialiste de l’islamisme : «Une psychose et des vengeances contre la communauté musulmane de France, voilà le but ultime de l’État Islamique».
«Il n’y avait que des français capables d’héroïsme et de solidarité sans limite»
Il en revient aux attentats, rend hommage à tous ceux qui sont intervenus : «Tout au long de cette nuit, la religion, la couleur de peau ou la culture importaient peu : il n’y avait que des Français capables d’héroïsme et de solidarité sans limite. Voilà cette lumière intérieure du grand peuple que nous sommes et qui se manifeste dans les moments les plus tragiques. Voilà cette espérance, sur laquelle les nations se construisent et se transforment pour devenir meilleures». Parle du FN «qui demande la démission du gouvernement au pire moment possible, au cœur de la crise. Ce sont les mêmes qui ne se lèvent pas, au Congrès : Marion Maréchal-Le Pen et Gilbert Collard. Ce sont les mêmes qui contestent la liberté de la presse dès lors que ce qui est écrit ne leur convient pas. Ce sont les mêmes qui, à Marseille, dans les 13/14, votent contre la rénovation des écoles des quartiers, contre les subventions aux associations culturelles ou pire encore, aux associations de prévention contre la toxicomanie et les MST, etc.; les mêmes qui, à Toulon, ont détruit le prestigieux Festival de Chateauvallon car ils détestent la culture si elle n’est pas à leur botte». Puis d’évoquer un FN qui a voté contre le fichier passager à Strasbourg et contre le projet de loi sur le renseignement à Paris. Ce sont toujours les mêmes qui veulent «couper toute aide au planning familial»- évoquant Marion Maréchal-Le Pen- «avec cette déclaration, elle montre à quel point elle manie le buzz démagogique. Elle va plus loin que son grand-père, que sa tante, dans le reniement et la haine. C’est la plus obtus, la plus radicale et la plus extrémiste des trois, avec le plus beau sourire. Elle exacerbe son propre délire en condamnant ce qu’elle ne connaît pas». Concernant la gauche, il juge: «Elle commence à se réveiller, frappée par la terrible réalité. Elle fait voter dans l’urgence des mesures demandées depuis si longtemps». Ne cache pas ses désaccords avec François Hollande. S’affiche l’héritier d’une famille politique, d’un courant de pensée, d’une éducation. «Celle du gaullisme, de la Résistance, de la démocratie, de la liberté, de la préparation de la guerre pour faire la paix».
«Ne comptez jamais sur moi pour appeler au repli sur soi ou pour ostraciser les autres»
«Ne comptez jamais sur moi, prévient-il, pour appeler au repli sur soi, ou pour ostraciser les autres. Je laisse la désignation de faux coupables au FN, qui tente de diviser les Français, qui cherche toujours à jouer sur les peurs et les détresses et qui affaiblit notre pays». «Je ne laisserai jamais la famille Le Pen définir ce qu’est un « bon » et un « mauvais » Français», assène-t-il. Lorsque Robert Ménard, maire bleu Marine de Béziers, indique-t-il: «Nous dit qu’il veut retrouver la France d’antan, il agite notre riche Histoire de France comme un épouvantail, dirigé contre tout ce qui ne lui ressemble pas. Hier les juifs, aujourd’hui les musulmans, les homosexuels et les artistes». Il terminera son intervention sur «un FN qui n’a rien compris à l’Histoire de France. C’est un allemand, Hegel, qui admet que Napoléon, symbole de la France, porte avec lui l’esprit du monde entier. C’est cette vocation que j’ai ressentie avec une force incomparable au côté de Dominique de Villepin et du Président Jacques Chirac à l’ONU, lorsque nous avons tenu tête aux américains déterminés à intervenir en Irak, il y a 12 ans».
M.C.