Publié le 8 décembre 2015 à 1h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 20h55
Ce dimanche, certains au moment de l’annonce des résultats revendiquaient la victoire, d’autres faisaient comme s’il n’avait pas compris le signal sorti des urnes et utilisaient la même rhétorique qui, aujourd’hui n’a plus lieu d’être. Pourtant le message est sans appel, moins d’un Français sur deux est allé voter. Plus que le FN qui se revendique le premier parti de France, c’est le parti de l’abstention qui a gagné. En tant que colistier de Christophe Castaner, tête de liste PS en région Paca, je tiens aujourd’hui à m’exprimer pour le 2e tour des élections régionales.
C’est l’appareil politique qui décide et non pas le citoyen?
Ce n’est pas encore le temps de l’analyse, puisque nous sommes toujours dans le temps de l’élection et que dimanche se tiendra le 2e tour des élections régionales. Mais on peut affirmer, sans trop se tromper que, si la moitié des Français ne s’est pas déplacée, c’est parce qu’elle pense que d’aller voter ne sera pas pour elle l’occasion d’être prise en compte par ceux dont le nom figure sur les bulletins. Ils sont convaincus que c’est l’appareillage politique qui décide et non plus le citoyen.
Jamais, le fossé entre la classe politique et les électeurs n’aura été aussi profond. Et ce n’est pas en reprenant les mêmes recettes et en affirmant la main sur le cœur que cette fois le message est bien passé que l’on inversera la tendance. Pour convaincre les réfractaires et réinstaurer la confiance, il faudra un peu plus que des mots. Il faudra des actes forts et des efforts de part et d’autre.
Confier l’avenir de 10% des français à une jeune fille de 25 ans?
Mais si l’on peut avec justesse reprocher aux politiques certains manquements, il n’est est pas moins vrai que la responsabilité de la situation actuelle est collective. A force de s’abstenir ou de «voter contre» ou de croire en l’homme ou en la femme providentielle et à leurs promesses électorales, on court à la catastrophe. Car enfin, comment peut-on imaginer sérieusement qu’une jeune fille d’à peine 25 ans, sans expérience particulière, puisse présider aux destinées d’une région si complexe représentant 10% de la population nationale et, ouverte sur la Méditerranée avec son instabilité actuelle ?
Dimanche prochain, j’appelle à voter Christian Estrosi !
Dimanche soir, après l’annonce des résultats, Christophe Castaner, la tête de liste PS en Provence-Alpes-Côtes-d’Azur, dont j’ai été l’un des colistiers, a pris la décision courageuse de se retirer du deuxième tour des élections régionales pour faire barrage au FN. Même si le cumul des voix de gauche permettait théoriquement de nous maintenir, nous avons suivi l’appel de Jean-Christophe Cambadélis, le Premier Secrétaire du PS, de nous retirer pour ne pas prendre le risque de faire élire le parti d’extrême droite lors une triangulaire à haut risque.
De son côté, Nicolas Sarkozy, le Président des «Républicains», n’a pas appelé à la même discipline…républicaine. Peu importe, car ce n’est pas pour lui que nous avons pris notre décision mais parce que nous avons une certaine idée de ce qu’avoir un mandat électoral veut dire. Et c’est par des actes de ce type que nous comptons faire de la politique autrement. C’est pour cette raison que je me suis engagé, pour redonner de l’espoir à nos concitoyens quel que soit l’issue du scrutin.
Aussi, à mon tour, j’appelle à voter pour le seul candidat qui à mes yeux incarne les valeurs de la République même si, sur de nombreux points je suis en désaccord avec lui. Car, si Christian Estrosi est un adversaire politique, ce n’est en rien un ennemi. L’ennemi, c’est le FN, un parti qui divise et qui attise les peurs pour arriver au pouvoir. Il est l’héritier d’un temps que je n’aimerai pas revoir et dont mon histoire familiale porte les cicatrices.
Parler vrai !
Mais cela ne suffira pas pour reconstruire. Pour ce faire, il conviendra avec nos partenaires de gauche de se mettre d’accord qu’il n’est pas nécessaire d’être d’accord sur tout pour travailler ensemble et bâtir l’avenir. Mais surtout de «parler vrai» pour être crédible ! Les électeurs n’admettent plus les querelles byzantines qu’ils considèrent comme non essentielles. Ils ne supportent plus les discours lénifiants ou la langue de bois. Ce qui veut dire que nous devons cesser de nous parler à nous même pour nous ouvrir aux membres de la société civile et leur demander de nous rejoindre, comme je l’ai moi-même fait.
Nous avons besoin des abstentionnistes pour protéger la République et la Démocratie
Ceux qui ne votent pas ou qui «votent contre» ne sont pas pour autant de mauvais français. La société civile regorge de compétences et de talents à qui il faut donner l’envie de l’action politique afin de rendre de la vigueur à nos institutions. Mais pour cela, il faut une triple prise de conscience. Tout d’abord, les abstentionnistes doivent réaliser qu’en n’usant pas de leur droit de vote, ils ne rejettent en rien un système, mais qu’au contraire ils se voient imposer un choix décidé par d’autres. Ensuite, ceux qui «votent contre» arrivent souvent à faire élire des personnes qu’ils n’auraient pas forcément voulu au pouvoir. Enfin, il est impératif que la politique cesse d’être exercée exclusivement par des professionnels, et qu’on accueille cette société civile qui a tant à dire et à faire, ce qui rapprochera des citoyens cette activité si essentielle de la vie publique.
Entre la logique et le bon sens il faut toujours choisir le bon sens !
Aussi j’appelle solennellement les abstentionnistes à venir voter car ils feront la différence, et à ceux qui votent contre de s’engager car même si les arguments simplistes du Front National et leurs solutions à l’emporte-pièce semblent logiques, entre la logique et le bon sens, il faut toujours choisir le bon sens!