Publié le 29 mai 2013 à 15h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 15h57
Patrick Mennucci, le député-maire PS des 1/7 a, dans le cadre d’une rencontre citoyenne, abordé la question du logement à Marseille. Une réunion, animée par Hagay Sobol, et à laquelle a participé Jean Canton, urbaniste indépendant et ex-directeur général de l’urbanisme et de l’habitat de la ville de Marseille.
Hagay Sobol ouvre cette rencontre par un constat : « Marseille compte un nombre effrayant de logements insalubres, pas moins de 60 000 nécessitent des travaux en profondeur ».
Jean Canton, de son côté, met en exergue l’insuffisance de logements : « Ce n’est pas le coût de construction qui pose problème mais celui du foncier et la façon dont on construit. La clé du problème réside bien dans le foncier parce qu’il y a peu de terrains et donc, dès qu’un se libère, c’est la compétition pour se l’approprier ce qui impacte le prix final ». Résultat, des gens partent de Marseille pour pouvoir devenir propriétaire d’un petit pavillon « et ils doivent faire trois heures de route par jour pour se rendre au travail, conduire les enfants à l’école… et si le couple connaît des problèmes, avec les emprunts, c’est la catastrophe ». Par ailleurs, poursuit-il : « Il faut savoir qu’à Marseille 60% des logements ne sont pas vendus à des gens qui viennent y habiter mais à des investisseurs qui n’habitent pas Marseille et qui attendent un rendement qu’ils ont du mal à obtenir ». Il précise à ce propos : « Il y a une demande énorme de logement social dans cette ville. La situation est aggravée par le fait que des gens qui pourraient partir n’en ont pas les moyens car il n’existe pas d’offres correspondant à leurs besoins ». Puis d’expliquer que des besoins énormes existent en centre-ville. « Il faudra du temps pour rattraper le retard accumulé. Et, d’ici là, une offre alternative aux marchands de sommeil s’impose. A Marseille, la Justice lutte contre ces derniers, elle réussit quelques coups, mais cela ne suffit pas ». Si pour les intervenants, faire appel à tout l’arsenal juridique s’impose, cela ne suffit pas, il faut également s’occuper des résidents. Patrick Mennucci avance l’idée d’hôtels sociaux gérés par la Ville.
Une agence immobilière municipale
Noureddine Abouakil, militant inlassable d’ « Un centre ville pour tous » estime
que, concernant un programme municipal sur le logement, le premier élément doit porter « sur le développement de l’offre de logement décent dans toutes les catégories. » Deuxièmement, le Maire, qui a le pouvoir de police doit systématiquement se porter partie civile « car des locataires sont dans une telle précarité qu’ils ne peuvent pas le faire ». Marseille, selon lui « a également besoin d’une offre en terme de logement meublé ».
La question des co-propriétés est également posée. Patrick Mennucci souligne: « On trouve là des personnes en grande difficulté. Il faut les aider. Nous allons proposer, partout où c’est nécessaire, aux propriétaires qui n’ont pas les moyens d’entretenir leur logement, de les intégrer à une agence immobilière municipale.Cela permettra de garantir à ceux qui mettront à disposition leurs logements, un revenu (5 à 6 euros du m2). D’autre part les travaux et l’entretien pourront bénéficier d’aides de l’État puisque le parc de logements sera entre les mains de l’agence municipale ».
« Je proposerais la fusion de HMP et de 13 Habitat »
Il plaide également pour que des commerces en rez-de-chaussée, fermés depuis des années et qui ne peuvent espérer retrouver une activité commerciale, soit récupérés, pour créer des logement, lorsque cela est possible, ou des parkings ou encore, y installer des équipements de proximité. Patrick Mennucci affiche sa volonté d’appliquer la loi SRU. « Ainsi je suis persuadé que dans le centre-ville de Marseille c’est le logement social qui tirera les gens vers le haut ». Il ajoute : « La ville se dotera d’un outil foncier afin de se porter massivement acquéreuse de terrains et de bâtiments. De plus, nous allons instaurer une taxe sur les logements vides et nous la ferons sévère, deux fois supérieure à la Taxe d’habitation. Bien sûr, il y aura des délais, mais, si au bout de 18 mois un logement est toujours vide nous sévirons ». Également au programme : « Nous nous servirons de la réquisition comme d’une menace ».
Il conclut en lançant : « Les conseils généraux vont s’affaiblir, en 2017 ils perdront leurs budgets sociaux. Je proposerais donc la fusion de HMP et de 13Habitat car je ne permettrais pas que la Mairie de Marseille dépende d’autres ».
Michel CAIRE