Publié le 15 décembre 2015 à 19h30 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 20h56
Au premier tour des élections régionales, les Français, par un fort taux d’abstention, ont fait entendre leur mécontentement mais, nullement leur désintérêt pour leur propre avenir. Car, au second tour, les électeurs se sont fortement mobilisés avec 58,5% de participation. Mais bien au-delà de ce résultat, la seule question qui prévaut désormais est de savoir si la classe politique a entendu le message et qu’elle opérera les changements nécessaires. Il n’y aura pas d’autre coup de semonce à 17 mois de l’élection présidentielle.
Ni la droite ni la gauche n’ont gagné, ce sont les français!
Ni la vague bleu marine, ni un raz-de-marée de la droite républicaine, ni un cinglant désaveu des socialistes au pouvoir mais, un sérieux avertissement donné par les électeurs aux partis politiques traditionnels qui ont désormais l’obligation de se réformer.
De leur côté, les ténors du FN tentent de masquer leur défaite en utilisant les subterfuges qu’hier ils reprochaient à l’ «UMPS». Ce faisant, ils dérobent aux citoyens qu’ils prétendent défendre, leur liberté d’expression. Ces mêmes Français encensés dimanche dernier pour avoir fait du parti d’extrême droite, «le meilleur parti du premier tour», seraient désormais privés de leur droit de vote par des «magouilles électorales», comme le reproche l’élu FN de Fréjus, David Rachline, alors que les urnes ont parlé; ou encore Marion Maréchal-Le Pen qui, la défaite amère, lâche: «Il y a des victoires qui font honte au vainqueur». Ce n’est ni plus ni moins qu’un déni de démocratie.
Le front républicain et après?
Au final, le FN ne dirigera aucune région; c’est la conséquence majeure du Front Républicain. Et les principaux leaders de droite, à l’image de Nathalie Kosciusko-Morizet, ont reconnu que «si les électeurs avaient appliqué le ni-ni, nos candidats du Nord et de PACA auraient été battus».
Ainsi, en Provence-Alpes-Côte-D’azur, en élus responsables, nous avons retiré la liste socialiste, conduite par Christophe Castaner et appelés à voter pour Christian Estrosi, nous privant ainsi de représentativité durant toute une mandature. Et je peux témoigner de ce qu’il en a coûté aux électeurs de gauche, ce qu’a volontiers reconnu Renaud Muselier, tête de liste LR des Bouches-du-Rhône, lors d’une réunion où je me suis moi-même exprimé à ce sujet. Cependant, on ne peut en rester là et ne réagir qu’au moment des élections car les français sont en attente de profonds changements.
Les voix des électeurs n’appartiennent à aucun parti!
Bien au-delà des consignes de vote, les électeurs ont fait preuve de maturité politique en prenant leurs responsabilités et en allant massivement voter au 2nd tour. Ils ont démontré qu’ils ne sont aucunement les jouets des appareils politiques et qu’ils se sentent pleinement concernés par leur avenir et appellent les partis à être plus en phase avec les réalités quotidiennes des français.
Les électeurs qui ont été les vrais acteurs du scrutin, ne veulent plus entendre les sempiternelles critiques adressées par l’opposition à la majorité, et réciproquement. Ce qu’ils demandent c’est d’être pris en compte. Pour réinstaurer la confiance en la politique les partis ne doivent plus être des entités abstraites et lointaines, mais être à l’image des français. Pour cela, ils doivent ouvrir leurs portes à la société civile, et donner à ses représentants des positions sur les listes électorales qui ne soient pas uniquement décoratives, afin de travailler tous ensemble pour le changement.
Pour le FN, faute d’espoir «la prochaine fois sera la bonne !»
C’est cette parole que je porte et que j’essaye d’incarner depuis que je me suis engagé en politique tout en continuant à exercer mon métier de médecin. Une parole dans laquelle se reconnaissent de nombreux électeurs. Aussi, donnons tort au Front National qui croit les partis politiques incapables de se reformer. Donnons de l’espoir aux français pour qu’ils se détournent des chimères extrémistes et qu’ensemble nous construisions l’avenir de la France.
(*) Hagay Sobol est Médecin et Professeur des Universités. Très investi dans le monde associatif, il milite depuis de nombreuses années pour le dialogue interculturel. Élu, il est conseiller PS dans les 11e et 12e arrondissements de Marseille, et Secrétaire Fédéral chargé des coopérations en Méditerranée et candidats aux élections régionales Paca.