Publié le 17 décembre 2015 à 20h02 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 20h56
Ingénieur agronome et œnologue de formation, Sylvie Reboul a décidé, un jour, d’être journaliste. Il est des appels qui se vivent plus forts que d’autres. Et aujourd’hui elle est la rédactrice en chef du «Vigneron», l’organe de presse du syndicat professionnel des Côtes du Rhône. Alors, bon, c’est vrai qu’elle est restée dans un domaine d’activités connu pour exercer son métier; mais son désir d’écrire et son sens de l’investigation sont là pour confirmer que son choix était le bon.
Écrire, et pas seulement pour le vigneron. Écrire au long cours, se faire plaisir et faire plaisir à ses lecteurs. C’est en 2008, alors qu’elle a déjà collaboré à de nombreuses publications et publié sous son nom «Les Vins de la vallée du Rhône» aux éditions Féret, elle publie, chez le même éditeur, un beau livre «Vin et musique».
Une somme d’une richesse indéniable que tout amoureux du vin et de la musique exhibe en bonne place sur les rayonnages de sa bibliothèque. «Mais à la sortie de cet ouvrage, raconte-t-elle, j’ai été très frustrée car je laissais de côté beaucoup de choses, notamment sur le lien entre le vin et les chansons. J’avais rassemblé un bon matériel de base et j’ai donc continué dans l’optique de raconter l’histoire du vin à travers les chansons.» Des textes en latin du Moyen-Âge jusqu’à nos jours, elle avoue avoir collecté plus de 600 chansons où le vin est évoqué. «J’ai été surprise car les chansons parlent de tout, depuis le travail de la vigne jusqu’à la commercialisation en passant par la vinification. Puis, ces chansons ont aussi une vocation sociale étonnante. Les révoltes s’y trouvent, comme celles du Languedoc du début du XXe siècle. A cette époque, les chansons servaient à faire passer des messages et des informations car peu de gens savaient lire. Ce qui est aussi formidable, c’est que ces textes sont les témoins de l’air de leur temps. Il y a des choses très réalistes dans les années 1920, et des chansons à boire écrites en latin par des religieux. Ce qui est aussi significatif, c’est qu’aujourd’hui le vin disparaît des chansons petit à petit. Je pense que c’est une forme d’autocensure à l’heure où cette boisson n’est plus politiquement correcte.» Pour écrire cet ouvrage, Sylvie Reboul a travaillé quatre ans, profitant de chaque minute de liberté octroyée par son métier et par sa famille.
Elle s’est servie de 300 chansons pour agrémenter quelque 180 pages. Et à l’heure de dédicacer son œuvre, elle tient à rendre hommage à Claude Duneton, historien auteur d’une anthologie de la chanson française. «Son travail est exceptionnel et a grandement simplifié le mien», confie-t-elle. Reste peut-être désormais à redonner vie à ces chansons. Car les lire c’est bien, les chanter serait encore mieux. Pour bon nombre d’entre-elles, Sylvie Reboul a aussi retrouvé les partitions… Avis aux amateurs.
Michel EGEA
«Bon vin me fait chanter» de Sylvie Reboul aux Éditions Féret – 192 pages- 19,50€ –
Disponible dans toutes les bonnes librairies francophones ou sur le site feret.com