Publié le 11 janvier 2016 à 16h39 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
C’est la deuxième fois en un peu plus de deux mois qu’un enseignant juif est agressé à Marseille. Une enquête pour «tentative d’assassinat en raison de la religion» et «apologie du terrorisme» a été ouverte par le parquet de Marseille après une nouvelle agression ce lundi matin dans la cité phocéenne. «Nous savons que c’est un acte clairement antisémite, un acte grave commis à quelques dizaines de mètres d’une école juive», a déclaré le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Laurent Nuñez qui s’est rendu sur place. Le préfet a également tenu à marquer toute la «solidarité» de l’État et sa «détermination à assurer la protection des sites», notamment les écoles juives, qui bénéficient déjà de gardes statiques à l’entrée et à la sortie des élèves. La victime, légèrement blessée au dos et à la main, est un professeur de 35 ans, enseignant à l’Institut franco-hébraïque, souligne Zvi Ammar, président du consistoire israélite de Marseille. «Il se rendait au travail lorsqu’il a été agressé», précise-t-il avant de rendre hommage à son courage. Le CRIF constate avec «effroi» que «les actes antisémites continuent inlassablement à meurtrir les juifs de France, plongés collectivement dans une spirale de haine qui ne semble jamais vouloir s’arrêter». Le CRIF estimant qu’au delà des nécessaires mesures répressives, «il est urgent de s’attaquer aux racines de ce fléau et à ceux qui, au sein de la sphère islamo fasciste le propagent notamment sur Internet.» La scène s’est déroulée sous l’œil de plusieurs témoins. Le suspect a laissé l’arme sur place. Parti en courant, l’auteur présumé a été interpellé dix minutes plus tard par la brigade anti-criminalité (BAC). Le procureur de la République, Brice Robin, a avancé lors d’une conférence de presse que l’auteur des faits, n’est pas connu des services de renseignements et a revendiqué agir «au nom d’Allah». L’adolescent de nationalité turque, qui aura 16 ans la semaine prochaine, a soutenu «avoir agi au nom de Daesh». Une revendication qui a été lancée «au moment de son interpellation et non de l’agression», soutient le procureur. Considérant qu’«il s’agit à l’évidence d’une agression à caractère antisémite». Il s’agirait d’un «bon élève» qui est inconnu des services de justice et de police. «La famille de l’adolescent, ajoute le procureur, «ignorait tout de sa radicalisation». Laissant à penser que le profil du jeune agresseur pourrait être celui «d’une personne radicalisée via internet.»
«Je souhaite que la lumière soit rapidement faite sur les circonstances de cette agression»
Christian Estrosi, Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur tient à faire part de sa vive émotion dans un communiqué. «Cette agression perpétrée dans la matinée à l’encontre d’un professeur juif est d’une extrême violence et d’une lâcheté inqualifiable. Cet acte est inacceptable et je le condamne avec la plus grande fermeté. Je souhaite que la lumière soit rapidement faite sur les circonstances de cette agression et que des sanctions exemplaires soient prises à l’encontre de son auteur.
J’exprime tout mon soutien à la victime ainsi qu’à la communauté juive de Marseille et de Provence-Alpes-Côte d’Azur qui est une nouvelle fois la cible d’un acte ignoble».
J’appelle les Marseillais au dialogue, au respect de l’identité de la culture et des opinions de chacun.
Le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin déclare dans un communiqué: «L’agression d’un professeur d’une école juive, ce matin, devant la mairie du 9e arrondissement de Marseille, est intolérable. Qu’elle soit le fait d’un adolescent à la psychologie troublée ne change rien à la gravité de son geste et à la condamnation absolue que nous devons lui apporter. Rien ne peut justifier la violence et la lâcheté de tels actes qui ne doivent en aucun cas être banalisés. Je tiens à exprimer et réaffirmer ma solidarité à la communauté juive marseillaise, à la famille du professeur agressé en souhaitant à ce dernier un prompt rétablissement. En ces temps difficiles, j’appelle les Marseillais au dialogue, au respect de l’identité de la culture et des opinions de chacun. Et j’invite plus que jamais toutes les communautés de notre ville à se solidariser pour développer toujours plus au quotidien les valeurs du vivre ensemble.»
«Ces faits sont intolérables et je les condamne avec la plus grande détermination»
Pour Caroline Pozmentier (LR), adjointe à la sécurité: «Ces faits sont intolérables et je les condamne avec la plus grande détermination. Cet acte antisémite au lendemain des commémorations en hommage aux victimes des actes terroristes qui ont été perpétrés à Paris, nous incite plus que jamais à l’action». Préconisant notamment: «Une loi pénale des mineurs prévoyant des condamnations privatives de liberté pour de tels actes; un travail de prévention auprès des plus jeunes; de l’éducation partout où elle fait défaut…»
Marie-Arlette Carlotti (PS) condamne pour sa part «l’odieuse agression dont a été victime ce matin un professeur juif en plein coeur de Marseille. Mes pensées vont d’abord à la victime dont le courage mérite d’être salué. Je tiens aussi à témoigner mon soutien à l’ensemble des juifs de Marseille dont je partage l’indignation et les inquiétudes. Je réaffirme ma volonté de vivre ensemble, paisiblement, dans l’attachement commun que nous portons à notre ville.»
«Je demande une nouvelle fois au Gouvernement de prendre sans tarder les mesures qui s’imposent»
Guy Teissier (LR) Aix-Marseille-Provence: «Je suis choqué et scandalisé par la violente agression dont a été victime ce matin un jeune professeur de l’école juive la Source. Je connais tout particulièrement cet établissement proche de la mairie des 9e et 10e arrondissements et je tiens à exprimer toute mon indignation face à la lâcheté de cette attaque antisémite proférée de surcroît par un mineur de moins de 16 ans. Je me suis rendu sur les lieux ce matin au côté de Lionel Royer-Perreaut, maire du Ve secteur et j’ai pu à cette occasion m’adresser aux enfants pour les rassurer et leur expliquer qu’il nous appartient, dans le « monde des grands », de lutter contre les forces du mal. En ces temps très troublés où nos concitoyens doivent faire face au climat d’insécurité que nous connaissons, je demande une nouvelle fois au Gouvernement de prendre sans tarder les mesures qui s’imposent de nature à renforcer nos effectifs en matière de sécurité aux abords des sites les plus exposés à ce type d’agressions, notamment en mobilisant les réservistes de la gendarmerie, de la police et des armées. Je considère que la sécurité de nos concitoyens doit être une priorité au quotidien. En cette dramatique circonstance, je souhaite un prompt rétablissement à cet enseignant et adresse mon profond soutien à sa famille».
DESTIMED