Publié le 14 janvier 2016 à 15h51 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 21h32
«Monsieur de Pourceaugnac» ne compte pas au rang des pièces les plus jouées de Molière. L’histoire du barbon limougeaud venu à Paris pour épouser la jeune et belle Julie, contrainte par son père, ne fait pas le poids face au «Bourgeois gentilhomme» ou aux «Femmes savantes».
L’occasion était belle, donc, de découvrir à la scène cette œuvre et le public ne s’y est pas trompé, ce qui permet à la salle du Grand Théâtre de Provence d’afficher complet à deux reprises. Mercredi soir, à l’issue de la première représentation, William Christie nous confiait à juste titre : «Cette œuvre n’a d’intérêt que si elle est donnée dans sa version texte et musique. L’un ou l’une sans l’autre, ça ne tient pas la route». C’est donc une version «complète» qu’il nous a été donné d’apprécier puisqu’aux comédiens-chanteurs-danseurs s’étaient joints neuf musiciens des Arts Florissants et leur directeur musical au clavecin pour jouer la musique de Lully composée pour cette comédie-ballet. Créée à Caen le 17 décembre dernier, cette production a, depuis, entamé une tournée «européenne» qui devrait compter plus de soixante levers de rideau nous disait William Christie. C’est donc un dispositif «à géométrie variable» -qui a été conçu par le metteur en scène Clément Hervieu-Léger et Aurélie Maestre, la décoratrice- qui s’adapte parfaitement à la grande ouverture de scène du GTP aixois. Si le volume de la salle installe quelque distance entre les acteurs et le public, il permet aux premiers de trouver un terrain de jeu adapté à leurs déplacements. Côté jardin, l’orchestre bénéficie d’un «mur» intégré au décor qui permet à la musique d’être projetée vers la salle.
Mini effectif qui fait le maximum pour que la musique de Lully soit appréciée.
Clément Hervieu-Léger transpose avec bonheur l’action dans les années 1950 donnant un vrai coup de jeune à un texte qui manque parfois de tonicité. Déguisements et travestissements sont réussis et, entre farce et satire, l’appréciation que l’on peut avoir de cette interprétation possède plusieurs niveaux. On ne s’ennuie donc pas avec ce Pourceaugnac… Il faut dire que le plateau est des plus performants. Il règne ici un réel esprit de troupe et une chose perceptible : tout le monde prend du plaisir à jouer, chanter, danser. Les comédiens viennent taquiner les musiciens qui se prennent au jeu et William Christie, derrière son clavecin, n’arrête pas de sourire ; preuve, s’il en fallait une, que tout se passe bien ! Difficile, dès lors, de distinguer l’un ou l’autre tant la troupe fait preuve de talent et de cohésion. Mais comment ne pas mettre en avant Gilles Privat qui excelle dans le rôle-titre. Il livre ici une performance de très haut niveau avec une aisance incroyable ; du grand art. Bref, il faut voir courir voir cette production avant l’été prochain…
Michel EGEA
Représentation ce jeudi 14 janvier à 20h30 au Grand Théâtre de Provence d’Aix en Provence. Tentez votre chance s’il reste des places 08 2013 2013 – lestheatres.net
La tournée se terminera du 14 juin au 9 juillet au Théâtre des Bouffes du Nord (producteur du spectacle). Auparavant des représentations seront données comme suit : 17 et 18 janvier, Teatro Arriaga / Bilbao ; 21 au 23 janvier, Teatro del Canal / Madrid ; 27 au 30 janvier, CNCDC / Châteauvallon ; 2 au 4 février, La Cigalière / Sérignan ; 12 février, Théâtre de Suresnes – Jean Vilar ; 23 et 24 février, Forum Meyrin / Genève ; 26 et 27 février, Théâtre Impérial / Compiègne ; 2 mars, Théâtre de l’Arsenal / Val-de-Reuil ; 8 mars, Théâtre Municipal / Chartres ; 10 mars, Théâtre Luxembourg / Meaux ; 12 mars, Opéra de Vichy ; 15 et 16 mars, La Comète / Châlons-en-Champagne ; 18 mars, Théâtre de Chelles ; 25 au 27 mars, Grand Théâtre de la Ville du Luxembourg ; 3 et 4 juin, Théâtre de St Quentin en Yvelines.