Publié le 1 juin 2013 à 4h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 15h57
A la veille de la finale du Top 14 contre Castres ce samedi 1er juin à 21h au Stade de France, le peuple de Besagne rêve de rajeunir de plus de 20 ans et de revoir les « corsaires de la rade » brandir le Bouclier de Brennus ce dimanche sur l’avenue de la République ou la place de la Liberté. Coup d’œil dans le rétro afin de faire honneur aux anciens qui ont fait la gloire du club au « brin du muguet », avec un retour sur les neuf précédentes finales du RCT, jalonnées de trois titres en 1931, 1987 et 1992.
1931 : première finale et premier sacre
Vingt-trois ans après sa création en 1908, le RCT réalise son vieux rêve : ramener pour la première fois le Bouclier de Brennus sur les bords de la rade. Cette saison 1930-1931 est particulière puisque 12 ces clubs parmi les plus prestigieux de l’élite de l’ovalie hexagonale sont exclus du championnat de France et forment l’Union française du rugby amateur (UFRA) qui organise son propre tournoi. Il s’agit de l’Aviron Bayonnais, du Biarritz Olympique, du Stade Bordelais, de l’AS Carcassonne, du FC Grenoble, du SAU Limoges, du FC Lyon, du Stade Nantais, de la Section Paloise, de l’US Perpignan, du Stade Français et du Stade Toulousain.
Au cours de la première phase du championnat, les 40 clubs de l’élite sont répartis en huit poules de 5. Le RCT affronte le Stade Nay, le Stade Pézenas, NAC Roanne et CA Villeneuve dans la poule A. Les trois premiers de chaque poule se retrouvent ensuite qualifiés pour une seconde phase où les 24 équipes sont réparties en huit poules trois : chacun se rencontre une fois sur terrain neutre, les huit premiers étant qualifiés pour les quarts de finale. Toulon se retrouve là encore dans la poule A dont il sort vainqueur face au FC Auch et aux Arlequins de Perpignan.
Et le 26 avril 1931, le RCT retrouve sur sa route en quart de finale à Lyon celle que l’on appellera longtemps l’AS Montefrrand avant de venir en ce vingt-et-unième siècle l’ASM Clermont-Auvergne. Toulon sort vainqueur de ce quart de finale 6 à 4 (de 1906 à 1948, l’essai vaut 3 points, la transformation 2, la pénalité 3 et le drop 4 points).
Une semaine plus tard, le 3 mai 1931 à Toulouse, Toulon écarte Narbonne 9 à 0 et retrouve en finale le Lyon OU qui a battu Agen 11 à 8 à Béziers.
Le 10 mai 1931, le RCT retrouve le LOU au Parc des Sports Lescure de Bordeaux et l’emporte 6 à 3 grâce à deux essais inscrits après le repos. La troisième mi-temps fut alors dantesque puisque 30 000 supporters se joignent aux joueurs pour célébrer la victoire sur les bords de la rade. L’histoire retiendra aussi que Toulon est le premier champion de France de rugby labellisé « FFR » par opposition au championnat « UFRA » qui avait créé ses propres compétitions. A noter la présence dans l’équipe du flanker Eugène Delangre et du pilier Joseph Lafontan qui donneront tous deux leur nom à des tribunes du stade Mayol.
A Bordeaux, Parc des Sports Lescure, 10 mai 1931
Le RCT bat le Lyon OU 6 à 3 (0-3)
Spectateurs : 10 000. Arbitre : M. Abel Martin.
Pour Toulon : 2 essais : Borréani et Servolle.
Pour Lyon : 1 essai : Panel.
Carton rouge : Lyon : Claudel.
R.C. TOULON : Chaud – Allègre, Couadou, Baillette (cap.), Farre – (o) Servolle, (m) Lamothe – Borréani, Manciet, Delangre – Vails, Barrère – Lafontan, Namur, Hauc.
LYON .O.U : Marty – Durand, Graule (cap.), Siré, Dubois – (o) Battle, (m) Brial – Claudel, Laffont, Valin – Rat, Panel – Vincent, Cartier, Billerac.
1948 : défaite en finale contre le Lourdes de Jean Prat
Dix-sept ans après son premier sacre, le RCT revient en finale du championnat de France avec aux manettes un tandem d’entraîneurs composé de deux champions de France de 1931, Eugène Delangre et son complice Auguste Borréani. Quarante clubs sont répartis en huit poules de 5 au cours de la première phase, les deux premiers étant qualifiés pour les huitièmes de finale. Le RCT s’extrait d’une poule composée de l’AS Montferrand, Montélimar, le SC Tulle et l’USA Limoges. Toulon écarte ensuite Biarritz 13-7 en huitièmes, l’Aviron Bayonnais 7-5 en quarts et le CS Vienne 11-6 en demi-finale. Le RCT retrouve en finale, au stade des Ponts-Jumeaux à Toulouse le 18 avril 1948, le FC Lourdes qui a battu l’AS Montferrand 12-0 en demi-finale.
De toutes les finales perdues dans son histoire par le RCT, c’est vraisemblablement celle pour laquelle les « rouge et noir » nourrissent le moins de regrets, inférieurs qu’ils sont ce jour-là aux Lourdais du capitaine Jean Prat, vainqueurs 3 essais à 0. A noter la présence dans le XV toulonnais du deuxième ligne Firmin Bonnus, qui donnera son nom à une des tribunes du stade Mayol, et de l’arrière Marcel Bodrero, auteur des seuls points toulonnais ce jour-là, qui inventera à la fin des années quarante une chanson restée très populaire : le fameux « pilou-pilou ».
A Toulouse, stade des Ponts Jumeaux, le 18 avril 1948
Le FC Lourdes bat le RCT 11 à 3 (8-0)
Spectateurs : 29 753. Arbitre : M. Paul Faur.
Pour Lourdes : 3 essais : collectif, Bernadet, J. Prat. 1 transformation : J. Prat.
Pour Toulon : 1 pénalité : Bodrero.
F.C. LOURDES : M. Prat – Bernadet, Labazuy, Estrade, Faget – (o) Claverie, (m) Labarthette – Hourcade, Lacrampe, J. Prat (cap.) – Buzy, Massare – Thil, Carrassus, Saint-Pastous.
R.C. TOULON : Bodrero – Jeanjean, Salomone, Bordenave, Loiseau – (o) Frois, (m) Vassal – Jaffrain, Pinardeau, Cutzach – Sancey (cap.), Bonnus – Monier, Laugier, Allessandri.
1968 : le RCT battu en finale sans perdre
Cruelle et amère défaite que celle de cette finale de 1968 pour les Toulonnais. Appelés à retrouver les Lourdais Bouclier de Brennus en jeu, vingt ans après la défaite de 1948, la rencontre est tout d’abord retardée de trois semaines pour cause d’événements de mai 1968. Le match se jouera finalement au Stadium de Toulouse, le 16 juin 1968. A la fin des prolongations, les deux équipes sont toujours à égalité 9 à 9. En d’autres temps, le match aurait été à rejouer. Seulement voilà, c’est impossible au regard de la date tardive à laquelle la rencontre a eu lieu : l’équipe de France doit partir en tournée en Nouvelle-Zélande quelques jours plus tard. Alors c’est le FC Lourdes qui est déclaré vainqueur au bénéfice des deux essais inscrits contre aucun aux rouge et noir. Les Toulonnais seront bien évidemment frustrés par cette décision. D’autant que les plus vieux des supporters « rouge et noir » évoquent encore, près d’un demi-siècle plus tard, un essai inscrit par les Varois durant les prolongations, à leurs yeux injustement refusé au RCT alors qu’il aurait été synonyme de sacre.
Pour en arriver là, dans un championnat qui comprenait cette année-là 64 clubs, Toulon s’était extrait d’une poule de huit où l’on retrouvait le Biarritz Olympique, le SA Condom, le SC Graulhet, le FC Grenoble, l’USA Limoges, le Racing Club de France et le Stade Bordelais UC. Les Toulonnais écarteront ensuite La Rochelle (12-6) en seizièmes, Bayonne (20-13) en huitièmes, Grenoble (18-3) en quarts et Narbonne 14-9 en demi-finale. A ce stade la compétition, Lourdes avait remporté le derby pyrénéen face à Tarbes (15-6). Il s’agit de la première finale perdue par André Herrero, capitaine du RCT ce jour-là. En face, on retrouve à l’ouverture Jean Gachassin, aujourd’hui président de la Fédération Française de Tennis (FFT).
A Toulouse, au Stadium, le 16 juin 1968
Le FC Lourdes et le RCT font match nul 9 à 9 (6-0)
Le FC Lourdes est déclaré vainqueur au bénéfice des essais marqués (2-0).
Spectateurs : 28 526. Arbitre : M. Charles Durand.
Pour Lourdes : 2 essais : Latanne (2). 1 drop : Gachassin.
Pour Toulon : 2 pénalités : Labouré (2). 1 drop : Labouré.
F.C. LOURDES : Fourcade – Latanne, Halçaren, Arnaudet, Campaes – (o) Gachassin, (m) Mir – Hauser, Crauste (cap.), Dunet – Massebœuf, Cazenave – Doumecq, Trucoo, Bourdette.
R.C. TOULON : Labouré – Moraïtis, Salvarelli, Fabien, Carreras – (o) Bos, (m) Irastorza – Carrère, Hache, Monnet – A. Herrero (cap.), Mouysset – Gruarin, Fabre, Vadella.
1971 : l’avènement du grand Béziers… à quelques minutes près
Cruel dénouement encore pour les Toulonnais que cette finale de 1971 disputée au Parc municipal des Sports de Bordeaux face à l’AS Béziers de Richard Astre. Toulon, auréolé d’un titre remporté en challenge Yves-Du-Manoir en 1970 (victoire 25-22 en finale face au SU Agen), se qualifie à nouveau pour la finale du championnat trois ans après la désillusion de 1968. Et le RCT mène 9 à 6 alors qu’il ne reste plus que quelques minutes à jouer. C’est alors que Jack Cantoni, l’arrière biterrois, perce pour permettre à son ailier Noël Séguier d’inscrire l’essai de l’égalisation. Les prolongations sont ensuite une nouvelle fois fatales aux Toulonnais, réduits à 14 suite à la sortie sur blessure d’André Herrero – qui aura joué 83 minutes avec des côtes fracturées suite à un coup de pied reçu dans une mêlée ouverte dont on n’avait jamais découvert l’auteur – à une époque où les remplacements n’existent pas encore.
Pour en arriver là, dans une première division qui comptait cette année-là 64 clubs répartis en 8 groupes de 8, le RCT termine deuxième derrière La Voulte d’une poule qui comprend aussi le Stade Aurillacois, l’US Romans, le SC Angoulême, le Racing Club de France, l’US Oyonnax et Lombez-Samatan. Toulon élimine ensuite Graulhet (8-0) en seizièmes, Narbonne (14-6) en huitièmes, le Stade toulousain (8-0) en quarts et Brive (6-3) en demi-finale.
A noter la présence dans les rangs toulonnais en finale de Gilles Delaigue au centre, le père de Yann Delaigue qui sera sacré champion de France avec Toulon en 1992 et plusieurs fois avec Toulouse, de Daniel Herrero en troisième ligne, qui gagnera le Bouclier comme entraîneur du RCT en 1987, et de Jean-Claude Ballatore en première ligne, l’entraîneur des champions de France de 1992 avoir perdu une finale, toujours contre Béziers, comme entraîneur du RRC Nice (14-6 en 1983).
1971 marque d’ailleurs une rupture pour le RCT. Au lendemain de cette finale, huit joueurs, parmi lesquels Jean-Claude Ballatore, André et Daniel Herrero, et Jean-Pierre Mouysset quittent le club en conflit ouvert avec leur direction pour aller renforcer le club de Nice. Il faut attendre 14 ans, et la fin de l’ère du grand Béziers, pour que Toulon atteigne à nouveau les quarts de finale du championnat.
A Bordeaux, Parc municipal des Sports, 16 mai 1971
L’AS Béziers bat le RCT 15 à 9 après prolongations (6-6, 9-9)
Spectateurs : 25 737. Arbitre : M. Michel Dubernet.
Pour Béziers : 2 essais : Séguier (2). 2 pénalités : Cabrol (2). 1 drop : Astre.
Pour Toulon : 3 pénalités : Labouré (3).
A.S. BEZIERS : Cantoni – Lavagne, Navarro, Sarda, Séguier – (o) Cabrol, (m) Astre (cap.) – Pesteil, Buonomo, Saïsset – Estève, Senal – Vaquerin, Lubrano, Hortoland.
R.C. TOULON : Labouré – Fabien, Delaigue, Carreras, Giabbiconi – (o) Bos, (m) Irastorza – Carrère, Hache, D. Herrero – A. Herrero (cap.), Sappa – Gruarin, Vadella, Ballatore.
1985 : la cruelle désillusion au terme d’une des plus belles finales de l’histoire
1985 marque la fin d’une époque, celle du grand Béziers qui aura conquis dix titres de champion entre 1971 et 1984, et le début d’une nouvelle ère, celle du Stade Toulousain qui remporte son premier Bouclier de Brennus après-guerre après 38 ans de disette. Et une nouvelle fois, Toulon en va être le cruel témoin. Mais cette finale légendaire gravée dans toutes les mémoires, qui a établi à l’époque le record de points marqués dans une finale, marque aussi le retour du RCT au plus haut niveau du rugby hexagonal, avec une victoire 19 à 9 en quart de finale à Marseille contre le RRC Nice qui sonnera comme le passage de témoin entre les deux grands clubs du sud-est. Deux ans après l’arrivée aux manettes de Daniel Herrero sur le banc « rouge et noir », le RCT débute une époque dorée ponctuée de cinq demi-finales consécutives – même Toulouse ne fera pas aussi bien – et de trois finales en cinq ans.
L’élite est alors constituée de quatre groupes de dix équipes. Les deux premiers de chaque poule se qualifient directement pour les huitièmes de finale alors que les équipes classées de 3e à 6e doivent passer par un tour de barrages. Le RCT termine deuxième derrière le RRC Nice du groupe 4 qui comprend aussi Graulhet, l’USA Perpignan, Bourgoin, Mont-de-Marsan, Castres, Nîmes, Tulle et Albi. A noter que les Azuréens raviront la première place aux Toulonnais en s’imposant à Mayol lors de la dernière journée de la phase régulière. Après cette défaite, le RCT restera 6 ans et demi invaincu dans son antre : il faudra attendre l’automne 1991 et la venue de Colomiers emmené par un trio magique Fabien Galthié, Laurent Mazas et Jean-Luc Sadourny, pour que les « rouge et noir » connaissent à nouveau la défaite à domicile en championnat (21-15).
En huitièmes de finale en matchs aller-retour, le RCT dispose d’Aurillac, défait 21-6 dans le Cantal et 32-15 à Mayol. Après avoir battu Nice en quart, Toulon élimine Lourdes à Toulouse sur le score de 6 à 3, quand dans le même temps Toulouse écarte l’AS Montferrand 17 à 6.
Et vient cette finale mémorable face au Stade Toulousain du tandem Skrela-Villepreux qui compte dans ses rangs des joueurs hors normes tels que Denis Charvet et Eric Bonneval, ainsi qu’un certain Guy Novès. Mais le RCT joue crânement sa chance et mène 12 à 3 à la mi-temps grâce à un essai de Thierry Fournier et la botte de Jérôme Bianchi. Le buteur varois doit malheureusement sortir sur blessure peu après la pause, ce qui s’avérera lourd de conséquences. Toulouse réagit et prend le score (13-12) grâce à deux essais de Bonneval et Charvet. Mais un drop de Christian Cauvy remet Toulon devant, avant que Jérôme Gallion n’inscrive le deuxième essai toulonnais (19-13). Il reste que dix minutes à jouer quand Charvet inscrit l’essai de l’égalisation pour Toulouse (19-19, 70e). Dans les dix dernières minutes, Gilles Fargues, qui a remplacé Bianchi, a plusieurs fois la victoire au bout du pied sur pénalité, mais il manque la cible. Et comme en 1968, comme en 1971, les prolongations seront fatales aux Toulonnais, qui s’inclineront 36 à 22 au terme d’une finale ponctuée par huit essais. A noter la présence dans les rangs du RCT de Gilbert Doucet, l’actuel entraîneur du PARC.
A Paris, Parc des Princes, le 25 mai 1985
Le Stade Toulousain bat le RCT 36 à 22 après prolongations (3-12, 19-19, 30-19)
Spectateurs : 37 000. Arbitre : M. Yves Bressi.
Pour Toulouse : 6 essais : Bonneval (51e, 83e), Charvet (54e, 70e, 109e), C. Portolan (94e). 3 transformations : Lopez (54e, 70e, 109e). 2 pénalités : Lopez (38e, 86e).
Pour Toulon : 2 essais : Fournier (24e), Gallion (67e). 1 transformation : Bianchi (24e). 3 pénalités : Bianchi (15e, 36e), Cauvy (100e). 1 drop : Cauvy (64e).
STADE TOULOUSAIN : Gabernet (cap.) – Rancoule, Bonneval, Charvet, Novès – (o) Rougé-Thomas, (m) Lopez – Janik (puis Lecomte 71e), Cigagna, Maset – Cadieu (puis Janik 71e), G. Portolan (puis Giraud 46e) – C. Portolan, Santamans, Breseghello.
R.C. TOULON : Bianchi (puis Fargues 45e) – Jehl, Blachère (puis Cauvy 64e), Carbonel, Fournier – (o) Cauvy (puis Salvarelli 64e), (m) Gallion – Doucet, Coulais (cap.), Champ – Pujolle, Occhini – Braendlin, B. Herrero, Diaz.
1987 : le 2e Bouclier après 56 ans d’attente
Cette fois, ça y est, le RCT est à nouveau champion de France de rugby. Un titre on ne peut plus mérité sur l’ensemble de la saison pour des Toulonnais qui finiront numéro 1 de la phase régulière et remporteront leurs cinq matchs de phase finale. Les « rouge et noir » demeureront même invaincus en championnat durant dix-huit mois d’octobre 1986 à avril 1988… entre deux déplacements à Agen où le RCT s’inclinera 18-9 et 10-6.
Quarante clubs composent l’élite cette année-là. Ils sont répartis en quatre poules de dix : les deux premières forment le groupe A et enverront chacune cinq qualifiés en huitièmes, les deux autres le groupe B avec trois qualifiés par poule.
Cette saison-là, le RCT termine en tête, devant le SU Agen et le Racing Club de France, de la poule 2 qui comprend aussi Lourdes, Valence, Biarritz, Perpignan, Pau, Bayonne et Nîmes. Et Toulon impressionne ne concédant que deux défaites (à Agen et à Valence 12-9) et un nul (à Biarritz 12-12) en dix-huit journées. Le RCT s’impose notamment à Lourdes (18-12), à Pau (21-18), à Perpignan (26-9), à Bayonne (27-7), à Nîmes (13-0) et à Paris face au Racing (31-21), tout en faisant un sans-faute à Mayol où il s’offre le luxe d’étriller Agen (45-3).
Les huitièmes de finale sont une formalité avec un derby varois remporté sans coup férir contre le RC Hyères (victoire 37-9 au Pyanet et 21-12 à Mayol). En quart de finale, c’est une autre paire de manches face à l’AS Béziers qui s’incline à Marseille (15-9) à l’issue d’un match sans essai. Puis vient la demi-finale face à Agen au Stadium de Toulouse. Agen, club chéri d’Albert Ferrasse, le président de la FFR, l’ennemi intime de Daniel Herrero, l’entraîneur toulonnais. Agen, la dernière équipe à avoir battu Toulon en championnat, qui, après avoir été corrigé à Mayol, vient de s’offrir sa revanche en demi-finale du Du Manoir (victoire 12-11 des Lot-et-Garonnais). Agen qui a barré la route de la finale aux Toulonnais l’année précédente en l’emportant nettement, déjà au Stadium de Toulouse (38-18).
Et le match va être à la hauteur de cette dramaturgie. Toulon, mené 10 à 6 à la pause, repasse devant grâce à un essai d’Eric Fourniols – qui terminera meilleur marqueur d’essais du championnat -, transformé du bord de la touche par Jérôme Bianchi. Les « rouge et noir » mènent toujours 15-13 à quelques secondes de la fin quand le demi d’ouverture agenais, Christian alias « Coco » Delage, claque un drop qui envoie les Lot-et-Garonnais en finale (16-15). Le RCT récupère le renvoi et fait charger ses avants au ras. Les Agenais, sur le reculoir, finissent par se mettre à la faute. Alors que le temps réglementaire est terminé, Jérôme Bianchi a la saison du RCT au bout de son pied droit. Des 38 mètres à droite le kiné aixois ne tremble pas et envoie le ballon entre les perches : Toulon jouera sa deuxième finale en trois ans.
Avec la victoire surprise du Racing qui a sorti le double champion de France en titre Toulouse (10-9) dans l’autre demi-finale, le RCT est grandissime favori de la finale face à des Parisiens qu’il a battu deux fois lors de la phase de poules (31-15 à Mayol et 31-21 à Paris). Mais une finale revêt toujours un contexte particulier et c’est au terme d’un match extrêmement serré que Toulon mettra fin à 56 ans d’attente face à un Racing version show-bizz dont les demis et trois-quarts porteront tous un nœud de papillon rose autour du cou. Le soir où la chanteuse Dalida se donnera la mort, Toulon vire en tête (9-6) à la pause, grâce à un drop de Pierre Trémouille. Puis un jeune junior formé à La Seyne, David Jaubert, qui a remplacé Pascal Jehl blessé, deviendra le héros de tout un peuple en inscrivant un essai en coin, sur une passe sautée de Gallion, en début de seconde mi-temps. Bianchi transforme (15-6). Et si l’arrière toulonnais envoie ensuite une pénalité sur le poteau, Toulon a le match bien en mains. Jusqu’à ce qu’une passe après contact de Thierry Louvet dans ses 22 m n’atterrisse dans les bras du parisien Jean-Pierre Genet qui va aplatir l’offrande inattendue derrière la ligne toulonnaise (15-12, 69e). Le spectre des prolongations toujours fatales au RCT en finale réapparaît lorsque Pouyau a la pénalité de l’égalisation au bout du pied. Mais l’arrière parisien la manque. Puis le pack toulonnais fait l’effort en mêlée et chipe un ballon sur introduction adverse à 5 m de son en-but. Le « peuple de Besagne » peut respirer : Toulon est champion de France. Notre regretté confrère de Var Matin, Jean-Michel Martinetti écrira alors : « Ça y est, nous pouvons être grands-pères » : au coin du feu, on pourra toujours raconter qu’on a connu ça. A noter qu’avec cette victoire, un Herrero, Bernard, est enfin sacré champion de France en tant que joueur.
A Paris, Parc des Princes, 2 mai 1987
Le RCT bat le Racing CF 15 à 12 (9-6)
Spectateurs : 49 130. Arbitre : M. Jean-Claude Doulcet.
Pour Toulon : 1 essai : Jaubert (52e). 1 transformation : Bianchi (52e). 2 pénalités : Bianchi (16e, 30e). 1 drop : Trémouille (23e).
Pour le Racing : 1 essai : Genet (69e). 1 transformation : Pouyau (69e). 2 pénalités : Pouyau (15e, 38e).
R.C. TOULON : Bianchi – Fourniols (puis Jaubert 41e), Trémouille, Carbonel, Jehl (puis Fourniols 41e) – (o) Cauvy, (m) Gallion (cap.) – Louvet, Melville, Champ – Orso (puis Roux 66e), Pujolle – Braendlin, B. Herrero, Diaz.
RACING C.F. : Pouyau – Lafond (puis Guillard 41e), Authie, Blanc, Rousset – (o) Mesnel, (m) Martinez (cap.) – Blond, Atcher (puis Hélière 65e), Cabannes – Serrière, Tachdjian (puis Atcher 65e) – Dawson, Genet, Stefan.
1989 : l’échappée belle de Denis Charvet
Déchus de leur titre en 1988 après une demi-finale perdue face à Tarbes (31-12), une équipe que Toulon avait pourtant devancé durant la saison régulière, les « rouge et noir » tirent les leçons du passé à l’orée de cette saison 1988-1989 : pas question de se montrer irrésistibles durant des mois si c’est pour manquer de fraîcheur au moment des phases finales. Alors l’effectif du RCT va bien davantage tourner durant la première phase où les 32 clubs de l’élite sont répartis en quatre groupes de 8. Ce n’est ainsi que sur le fil que Toulon ravira à Bayonne la première place de la poule 3 qui comprend aussi Brive, Graulhet, Aurillac, Mont-de-Marsan, Colomiers et Bergerac. Mais s’il ne finit que numéro 4 de la saison régulière, le RCT arrive à son pic de forme au moment clé de la saison.
Les « rouge et noir » éliminent alors sans trembler l’AS Montferrand en huitièmes de finale. Battus d’une courte tête en Auvergne (21-17), les Toulonnais renversent nettement la vapeur à Mayol (29-9). En quarts de finale, ils éliminent Béziers à Nîmes (19-12), puis Narbonne sans coup férir à Toulouse (20-3), dans un match où la puissance du pack varois impressionne le monde de l’ovalie hexagonale. Le RCT gagne ainsi le droit d’affronter le Stade Toulousain, qui a écarté Agen (18-9) dans l’autre demi-finale. C’est la finale rêvée entre les deux meilleurs clubs de la deuxième moitié des années 1980, et l’apothéose de la carrière de Jérôme Gallion qui dispute son dernier match. Mais comme en 1985, c’est Toulouse qui en sortira vainqueur.
Toulon est cueilli d’entrée par un essai de l’ancien entraîneur du PARC, Serge Laïrle. Cauvy claque un drop qui remet les siens dans le match, puis la botte de Bianchi permettra aux « rouge et noir » de revenir au score alors qu’on joue à peine depuis un peu plus de 20 minutes (9-9, 21e). L’arrière toulonnais a même l’occasion de donner l’avantage aux siens à la demi-heure de jeu, mais il manque la cible. Et c’est alors que se produit le tournant du match : Rougé-Thomas joue à la main une pénalité sur ses 22 mètres alors que les Toulonnais anticipent un renvoi en touche. Le ballon échoue à Denis Charvet qui prend le trou et traverse le terrain sur 80 m pour inscrire le deuxième essai toulousain : cette fois, le RCT ne s’en remettra pas. Bien que contrarié en mêlée, le pack toulonnais est dominateur mais Bianchi n’est pas dans un grand soir et ne passe qu’une seule pénalité au cours de la deuxième période. Et à dix minutes de la fin, sur des rares incursions toulousaines dans le camp toulonnais, Dupuy passe la pénalité qui scelle définitivement la victoire des Pyrénéens (18-12). C’est la dernière finale de l’ère Daniel Herrero.
A Paris, Parc des Princes, le 27 mai 1989
Le Stade Toulousain bat le RCT 18 à 12 (15-9)
Spectateurs : 49 370. Arbitre : M. Guy Maurette.
Pour Toulouse : 2 essais : Laïrle (1ère), Charvet (31e). 2 transformations : Dupuy (1ère, 31e). 2 pénalités : Charvet (11e), Dupuy (70e).
Pour Toulon : 3 pénalités : Bianchi (15e, 21e, 58e). 1 drop : Cauvy (6e).
STADE TOULOUSAIN : Dupuy – Rancoule, Cordoniou, Charvet, Berty – (o) Rougé-Thomas, (m) Cazalbou – Janik, Cigagna (cap.), Maset (puis Lecomte 69e) – Cadieu, Miorin – C. Portolan, Soula, Laïrle (puis G. Portolan 72e).
R.C. TOULON : Bianchi – Fourniols, Trémouille, Carbonel, Jehl – (o) Cauvy, (m) Gallion – Tordo, Melville, Champ – Orso (puis Alarcon 79e), Roux – Braendlin, Casalini (puis Raibaut 77e), Diaz (cap.).
1992 : le plus improbable des Boucliers
Si lors du titre de 1987 le RCT avait affiché et proclamé ses ambitions dès le début de saison, il n’en est rien en 1992. Daniel Herrero vient de quitter le banc « rouge et noir » après huit années jalonnées par les succès sur une élimination dès les huitièmes de finale face au futur champion Bègles, et Jean-Claude Ballatore inaugure un nouveau cycle pour ce qui s’annonce comme une saison de transition. Gallion a pris sa retraite en 1989, Cauvy la sienne en 1990, Bianchi a quitté le club pour aller faire les beaux jours de Nîmes, Orso et Carbonel ne sont plus là non plus : bref, c’est une équipe en chantier. Toulon fait venir à l’intersaison un demi de mêlée de Lourdes, Aubin Hueber, mais comme il est interdit de transférer des internationaux, il sera frappé de « licence rouge » et ne pourra pas jouer durant la phase aller, au cours de laquelle Colomiers met fin à l’invincibilité des « rouge et noir » à Mayol qui courait depuis six ans et demi (21-15).
Dans une élite où les 40 clubs sont répartis en 4 poules de 10, le RCT ne termine que 7e de la poule 4 derrière Narbonne, le Racing, Colomiers, Bayonne, Montpellier, Graulhet, en ne devançant que Chalon, Romans et Rodez. 27e de la saison régulière, Toulon est barragiste : les « rouge et noir » jouent leur maintien dans l’élite sur un match face à Aurillac, une rencontre qu’ils remportent 29 à 15. Ils se qualifient alors pour les seizièmes de finale et vont s’offrir une épopée inattendue qui les fera passer en quelques semaines de possible relégués à champions de France.
Pourtant, personne n’y croit, pas même le vice-capitaine de l’équipe Pierre Trémouille. Alors que son frère doit se marier le soir de la finale, il lui assure qu’il n’a pas besoin de changer la date, qu’il pourra bien être son témoin, que le RCT sera éliminé avant : il en sera quitte pour mettre un Bouclier de Brennus dans la corbeille des mariés.
A la veille de ces phases finales, la seule chose à laquelle peuvent se raccrocher les Toulonnais, c’est une victoire en quart de finale du Du Manoir face au champion de France en titre Bègles, d’un certain Bernard Laporte (12-9), au terme d’un féroce combat d’avants. A défaut de certitudes, cela va décomplexer le RCT : sur 80 minutes, il peut rivaliser avec les meilleurs.
Dès les seizièmes de finale pourtant, Toulon est au bord du précipice. A Avignon, Le score n’est que de 9-6 à quelques minutes de la fin alors que les Nîmois écartent tous les ballons pour tenter d’arracher la victoire. L’un d’eux est intercepté par Pierre Trémouille qui va inscrire entre les perches un essai de cent mètres (15 à 6 au final). Signe du destin, le RCT retrouve Béziers à Marseille comme en 1987. Et il l’emporte sur le même score (15-9) mais en inscrivant cette fois un essai au cours d’une première mi-temps qu’il a largement dominée (15-3) avant de résister aux Héraultais après le repos.
Puis vient ce fameux quart de finale à Montpellier face à Tarbes qui mène 27 à 15 à dix minutes de la fin. Ils ne sont alors plus que 15 à y croire et à écarter tous les ballons avec l’énergie du désespoir. Mais David Jaubert inscrit deux essais en six minutes (71e, 77e) et avec les transformations, Toulon gagne le droit de jouer les prolongations (27-27). Les « rouge et noir » prennent même l’avantage grâce à un drop d’Aubin Hueber. Et si les Pyrénéens égalisent sur pénalité (30-30), c’est le RCT qui se qualifie grâce au nombre d’essais marqués (2-1).
Après ce match, les « rouge et noir » ont le sentiment que plus rien ne peut leur arriver. Rien ne peut plus les atteindre, pas même la suspension de leur capitaine Eric Champ, exclu en demi-finale du Du Manoir face à Agen (défaite 21-3). En demi-finale, le RCT bat Castres à Béziers (18-12) dans un match sans essai où, après avoir mené 12-0, les Toulonnais résisteront à 14 (expulsion d’Yvan Roux) au retour des Tarnais.
En finale, ils retrouvent le Biarritz Olympique de Serge Blanco qui dispute sa première finale… et le dernier match de sa carrière. Le discours de Jean-Claude Ballatore est clair : « S’il faut passer 100 drops… ». Et c’est justement trois drops inscrits par Yann Delaigue (2) et Aubin Hueber qui feront la différence alors que les Basques inscriront un essai de plus que les Toulonnais. Toulon devient champion de France avec dans ses rangs quatre juniors (Yann Delaigue, Patrice Teisseire, Gérald Orsoni et Marc de Rougemont) et un pilier âgé de seulement 22 ans (Michel Périé). Quant à Eric Champ, le « barbare de la rade » devient le premier capitaine de l’histoire du rugby à recevoir le Bouclier de Brennus en costume cravate.
Bien que promise à un brillant avenir, cette génération dorée ne sera plus jamais ensuite sacrée championne de France sous le maillot « rouge et noir ». Par deux fois, c’est Castres qui brisera ses rêves de sacre en demi-finale (17-16 à Lyon en 1993 et 18-13 à Toulouse en 1995).
A Paris, Parc des Princes, 6 juin 1992
Le RCT bat le Biarritz Olympique 19 à 14 (9-7)
Spectateurs : 49 370. Arbitre : M. Alain Ceccon.
Pour Toulon : 1essai : Repon (46e). 2 pénailtés : Teisseire (5e), Jehl (17e). 3 drops : Delaigue (37e, 62e), Hueber (75e).
Pour Biarritz : 2 essais : Feuillade (6e), Hontas (78e). 2 pénalités : Blanco (19e), Arriéta (73e)
R.C. TOULON : Teisseire – Jehl, Trémouille (cap.), Repon, Jaubert – (o) Delaigue, (m) Hueber – Louvet, Melville, Loppy – Motteroz, Orsoni – Braendlin, Dasalmartini, Périé (puis de Rougemont 66e).
BIARRITZ OLYMPIQUE : Blanco (cap.) – Corrihons, Feuillade, Daguerre, Hontas – (o) Arrieta, (m) Lecuona – Pool-Jones, Gouloumet, Irigaray (puis Tarat 60e) – Condom, Sanoko – Ondarts, Boule, Mondela.
2012 : Toulouse encore
Vingt ans après son dernier sacre, Toulon va retrouver la finale du championnat de France, la première qu’il disputera au Stade de France. Troisième de la phase régulière, le RCT n’aborde pourtant pas les phases finales dans les meilleures dispositions après sa défaite en finale du Challenge européen face Biarritz à Londres (21-18). Il est en outre privé de son pilier Carl Hayman, suspendu pour un mauvais geste commis au cours de cette rencontre.
Malgré l’avantage du terrain, Toulon est mené 13-3 à la mi-temps de son barrage face au Racing-Métro 92 à Mayol. Jonny Wilkinson est dans un jour sans : l’Anglais, sentant la réussite le fuir invariablement, va même confier son rôle de buteur à Matt Giteau. Bien lui en prend : le centre australien passe deux pénalités qui remettent Toulon dans le match. Puis un essai de Steffon Armitage permet au RCT de passer en tête avant que Matt Giteau ne scelle définitivement le succès « rouge et noir » sur une ultime pénalité (17-13).
En demi-finale à Toulouse, on ne donne toutefois pas cher des chances toulonnaises face à un Clermont impressionnant qui doit retrouver Toulouse, vainqueur de Castres (24-15), pour la finale dont tout le monde rêve. Mais Toulon déjoue les pronostics avec un Wilkinson retrouvé auteur d’un 100% au pied (15 points). Morgan Parra a dans les ultimes secondes la pénalité de l’égalisation au bout du pied, mais il la manque : c’est le RCT qui retrouvera Toulouse en finale (15-12).
Mais comme en 1985 et 1989, ce sont les Haut-Garonnais qui l’emporteront dans une finale cette fois sans essai. Un succès que le Stade Toulousain a bâti sur sa supériorité en mêlée où l’absence de Carl Hayman s’est cruellement fait sentir.
A Saint-Denis, Stade de France, 9 juin 2012
Le Stade Toulousain bat le RCT 18 à 12 (9-9)
Spectateurs : 79 612. Arbitre : M. Romain Poite.
Pour Toulouse : 6 pénalités : McAlister (4e, 22e, 36e, 43e, 64e, 69e).
Pour Toulon : 4 pénalités : Wilkinson (2e, 28e, 33e, 47e).
Cartons jaunes : Toulouse : Servat (51e). Toulon : Bruno (51e), Kubriashvili (64e).
STADE TOULOUSAIN : Poitrenaud – Clerc, David (puis Beauxis 62e), Fritz, Matanavou – (o) McAlister (puis Jauzion 71e), (m) Doussain (puis Burgess 51e) – Dusautoir (cap.), Picamoles, Bouilhou (remplacement temporaire Tolofua 54e-65e, puis Nyanga 69e) – Albacete, Maestri (puis Lamboley 77e) – Johnston, Servat, Steenkamp (puis Human 77e).
R.C. TOULON : Lapeyre – Palisson, Bastareaud, Giteau, Smith – (o) Wilkinson, (m) Tillous-Borde – S. Armitage, Fernandez-Lobbe, Van Niekerk (cap.) (remplacement temporaire Ivaldi 54e-64e, puis Gunther 69e, remplacement temporaire Chilachava 71e-74e) – Shaw (puis Samson 62e), Botha – Kubriashvili (puis Chilachava 74e), Bruno (puis Ivaldi 71e), Lewis-Roberts (puis Emmanuelli 75e).