Publié le 23 janvier 2016 à 19h22 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 21h36
Le spectacle est vendu «tout public» à partir de 8 ans. Et, effectivement, les personnages colorés attirent la sympathie. Une troupe d’ados découvrant la glace et la vie en même temps. Il y a le bonhomme de la pub Kodak avec son chapeau à embout sur la tête; il a des allures d’écureuil de l’Age de glace 1… Et il y a tous les autres qui, de pas glissés en pas glissés s’avancent sur un chemin initiatique glacé chaussés de chaussons, d’un patin et d’un chausson, d’une paire de patins… On se risque sur des pierres d’un mur qui n’est pas celui de Game of thrones et pourtant, derrière le mur il y a la glace. Mais pas John Snow. Et la glace est toujours inquiétante. Se produit alors un chaud-froid torride. Un pas de deux dont les allures prennent un tour SM lorsque le garçon se fait marcher sur la poitrine par la fille chaussée de patins et il en redemande. Allant même jusqu’à lécher la lame de la chaussure sportive. Il est beau, ce pas de deux, sensuel à souhait et parfois violent. Les enfants n’y verront-ils que du feu ? Peut-être car ils ont encore l’innocence dans le regard. Et les protagonistes poursuivent leur glissement progressif vers le plaisir jusqu’à expédier un bel éphèbe, en slip blanc, réchauffer la glace et refroidir son corps avec l’eau générée par la fonte… Et il aime ça, le bougre, sur le dos, sur le ventre, tout mouillé… Pavarotti chante «Una furtiva lagrima» et meurt d’amour. Alors ses camarades de jeu, de l’éphèbe, pas du ténor, définitivement convaincus que cette matière peut procurer du plaisir se dépoilent et se jettent les uns sur les autres. La glace est rompue !
Fin de l’initiation, fin de la représentation. Les enfants applaudissent à tout rompre, les parents aussi… Et chacun a vu ce qu’il a voulu voir ! Techniquement, le spectacle est impeccable et c’est une sacrée performance pour des artistes confrontés aux réalités physiques d’une matière traître. Les déplacements sont esthétiques sur une bande son où l’électro côtoie le piano et, au final, l’art lyrique. Les chorégraphies sont denses, bien travaillées par une troupe physiquement au top niveau.
Une heure et des poussières d’un show froid qui peut devenir chaud.
Michel EGEA
Pratique. «Glace ! », de Sébastien Lefrançois et Trafic de styles, au Grand Théâtre de Provence à Aix-en-Provence. Autres représentations ce samedi 23 janvier à 20h30 et dimanche 24 janvier à 15 heures. Réservations 08 2013 2013 – www.lestheatres.net