Publié le 29 janvier 2016 à 3h55 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h44
Une nouvelle étape vient d’être franchie par le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône, 10 mois après le changement de majorité et l’arrivée de Martine Vassal (LR) à la tête de l’Institution. En effet, ce jeudi 28 janvier, ont été restitués les États Généraux de Provence lancés le 18 juin 2015. Avant de présenter la feuille de route issue des résultats, il est rappelé qu’il s’agit là «de 5 mois de concertation», de septembre à décembre 2015 «qui a permis d’obtenir une vision large du territoire». En effet, 30 réunions se sont tenues autour de 4 thèmes: l’attractivité du territoire portée par Gérard Gazay ; l’équilibre et la préservation des territoires, Lucien Limousin; l’exigence sociale, Jean-Claude Feraud; la jeunesse, notre avenir Danièle Brunet. Avec plus de 600 contributions d’experts, 2 000 invités, 6 000 contributions, 66 auditions…le diagnostic réalisé met en exergue le paradoxe du territoire qui à la fois a des atouts déterminants de par la diversité des paysages, les compétences, le patrimoine, les ressources naturels… et dans le même temps des indicateurs préoccupants sont signifiés, un taux de chômage important, un déficit d’entreprises de taille intermédiaire…
«Un projet ambitieux et réaliste car financé et finançable sans augmenter les impôts»
Après ce diagnostic «unanime», Martine Vassal d’insister: la Provence «a besoin de changements profonds, rapides et concrets». Considérant qu’il est question d’élaborer une stratégie «cohérente et globale» pour commencer la transformation du territoire avec une projection pour la Provence de demain sur «10 ou 15 ans».
Quelques mesures phares sont énoncées par la présidente, celles qui vont être «testées et complétées au fur et à mesure» Et de mettre en exergue que le fer de lance de cette initiative est la recherche «de synergies, les partenariats et les mutualisations possibles». Et parle «d’un projet ambitieux et réaliste car financé et finançable sans augmenter les impôts».
Rappelant les compétences du département «les solidarités» puis, les collèges pour lesquels elle entend apporter «une ouverture sur le monde» au travers d’un projet pédagogique pour chaque classe de la 6e à la 3e. Et, «pour lutter contre l’échec scolaire», annonce la création du 2e école de la 2e chance; de campus verts «permettant aux agriculteurs d’héberger chez eux des étudiants»…
«Si nous avons un paysage particulier provençal c’est l’agriculteur qui l’a sculpté, c’est l’agriculture qui l’a mis en valeur»
Comme annoncée lors de ses vœux à la presse Martine Vassal confirme la création d’un salon de l’agriculture dont la 1ère édition aura lieu en juin. L’occasion également de rappeler que, dorénavant, l’agriculture «est une compétence qui devient régionale». Lucien Limousin, maire de Tarascon qui a porté lors des EGP «l’équilibre et la préservation des territoires», déclare: «Pour nous l’agriculture est un secteur du département qui est énorme. Dans le cadre des États Généraux, à Tarascon, toutes les personnes du monde agricole étaient présentes. L’agriculture dans les Bouches-du-Rhône c’est 18 000 salariés, 450 millions de chiffre d’affaires, 4 900 exploitations. Le secteur est en crise et la présidente a fait le choix de maintenir le budget au niveau où il était :10M€» Indiquant que les départements agricoles comme ceux du Nord «donne la moitié de ce budget». «Nous prenons en compte les difficultés, poursuit-il, et nous avons eu cellule de crise à la préfecture. J’ai dit clairement, au nom de la Présidente, que nous serions présents dès l’instant où l’État afficheraient lui-même son intention de soutenir le monde agricole. Parce que nous ne pouvons pas intervenir sans avoir l’autorisation du ministère de l’Agriculture et l’Europe.» Et de conclure: «Si nous avons un paysage particulier provençal c’est l’agriculteur qui l’a sculpté, c’est l’agriculture qui l’a mis en valeur».
«Nous maintiendrons les 130M€ mobilisés sur toute la mandature pour accompagner des opérations d’envergure européenne ou internationale»
Martine Vassal entend également capitaliser sur l’élan 2013 en mettant en lumière «un nouveau phare culturel pensé et organisé sur l’ensemble du site de la bibliothèque et des archives départementales au cœur d’Euroméditerranée». Elle entend également «faire de l’emploi un engagement de tous les instants». Évoquant à ce propos deux principaux leviers de croissance. «Le premier levier c’est l’investissement pour rendre la Provence plus attractive. Les grands projets scientifiques, industriels, technologiques ou commerciaux sont innovants, structurants et créateurs d’emplois.» Et d’annoncer: «Nous maintiendrons les 130M€ mobilisés sur toute la mandature pour accompagner des opérations d’envergure européenne ou internationale: Henri Fabre, Piicto, french tech…». Le soutien à l’économie, «c’est également l’investissement pour construire des logements». Considérant que l’objectif sur 5 ans doit être la construction à minima de 3 000 logements et 7 000 logements à rénover «dans notre parc social pour répondre aux nombreux besoins des habitants». Le second levier «c’est le rapprochement de l’offre et de la demande» notamment «en généralisant les clauses sociales dédiées à l’insertion des bénéficiaires du RSA dans les marchés publics du BTP DE 50 000€. Et ceux des routes de plus d’un million d’euros avec effort de 5% a minima.»
Le département s’engage donc à hauteur de 300M€ supplémentaires sur 5 ans pour mettre en œuvre les chantiers prioritaires
Enfin le dernier point évoqué par Martine Vassal , son cheval de bataille avec l’emploi, la mobilité. «Depuis 40 ans rien n’a été fait ou pas grand chose». Et d’insister: «Il est urgent d’organiser un schéma de transports structuré et rationalisé qui relie nos principaux bassins de vie et d’emplois». «On ne peut plus attendre», lance-t-elle. «Je suis prête, dès maintenant, à contractualiser avec les autorités compétentes: l’État, la Région, la Métropole , les intercommunalités, les communes». Le département s’engage donc à hauteur de 300M€ supplémentaires sur 5 ans pour mettre en œuvre les chantiers prioritaires. En marge du discours, il est rappelé que l’emploi et le transport ne sont pas des compétences du département. Martine vassal explique: «Souvent lorsque des personnes sont en face d’un élu elles ne leur posent pas toujours des questions sur leurs compétences. Et l’on s’aperçoit que les deux problématiques sont souvent: avoir un travail et pouvoir se déplacer. Certes nous ne sommes pas obligatoirement les maîtres d’œuvres mais nous travaillons avec l’ensemble des communes». Par rapport à la métropole, elle rappelle l’imbroglio judiciaire. «Mais, déclare-t-elle, en attendant que le Conseil constitutionnel se décide cela ne nous empêche pas de travailler. L’idée est que nous avons une institution qui est ordre de marche, il n’y a pas de raison que l’on ne la mette pas à la disposition de l’ensemble des bonnes volontés qui veulent faire avancer les choses.» Et de revenir sur les chantiers prioritaires: la gare Saint-Charles «indispensable si nous voulons fluidifier les liaisons ferroviaires sur tout le territoire»; les liaisons notamment Aix-Gardanne-Marseille, Marseille-Aéroport deMarignane Vitrolles-salon , Marseille-Aubagne- La Ciotat-Val tram; les pôles multimodaux et les parkings relais; un système billettique sur le département.
La Provence de demain qu’il nous appartient désormais de mettre en œuvre
Danièle Brunet revient sur son atelier la jeunesse. Estimant:«Nous avons été très fédérateurs. Nous avons eu 700 acteurs sociaux. Nous avons pu rencontrer la jeunesse, 600 jeunes, que nous avons accueillis le 6 novembres au sein du Département. Pour la jeunesse, aujourd’hui, il faut créer de l’envie et de la curiosité. Il faut mettre tout en œuvre pour ne pas les décevoir.»
Jean-Claude Feraud pour sa part souhaite mettre en avant les transversalités des différents ateliers par exemple entre la jeunesse et l’action sociale. «il y a une grande réflexion à mener aujourd’hui pour permettre l’épanouissement du milieu associatif qui doit continuer à s’exprimer; à apporter ce lien social dont nous avons tous besoin quel que soit l’origine: rurale ou citadine. Nous avons mis en exergue lors de ces ateliers les nouvelles règles de fonctionnement des associations et le rôle indispensable des bénévoles». Gérard Gazay pour sa part s’est réjouit de la rencontre de différents mondes comme à Cassis entre le numérique, le tourisme et la culture. Des mondes «qui ne se fréquentent» pas et qui ont découvert «des complémentarités». Le mot de la fin sera pour Martine Vassal: «C’est tout le sens de notre projet, « la Provence de demain », qu’il nous appartient désormais de mettre en œuvre avec toutes les forces vives de notre département».
Patricia MAILLE-CAIRE