Publié le 9 février 2016 à 22h13 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 21h38
«Le contexte budgétaire dans lequel s’élabore le budget primitif 2016 reste marqué par l’atonie de nos recettes, en lien avec l’objectif gouvernemental d’assainissement des comptes publics», avance Roland Blum, rapporteur des orientations budgétaires, pour qui«désengagement financier de l’État, accroissement des charges municipales pour la mise en œuvre des rythmes scolaires, sont autant de contraintes qui pèseront sur le budget 2016. Contraintes qui imposent la poursuite du plan d’économies pluriannuel initié, tant dans le fonctionnement de la collectivité qu’en investissement ». Un propos qui ne convaincra en rien l’opposition.
Roland Blum justifie dans un premier temps : «Contrairement à ce que certains avancent nos ratios sont bons» et d’évoquer un audit «qui met en lumière une situation financière saine». Et comme un véritable leitmotiv de la municipalité, depuis quelques jours, il lance: «Et nous n’avons de leçon à recevoir de personne». Puis d’insister sur les contraintes «qui pèsent lourdement avec une croissance française qui est la plus faible d’Europe, un ralentissement de l’économie chinoise et une situation explosive au proche et au Moyen Orient. De plus, les contraintes imposées par l’État vont perdurer alors qu’elles n’ont aucun résultat positif à ce jour». Il cite la dotation globale de fonctionnement (DGF) qui est de «moins 20,4 millions d’euros. 49 millions sur trois ans pendant que les rythmes scolaires nous coûtent 25 millions d’euros, même si l’État nous accorde 3 millions supplémentaires pendant trois ans». Il n’omet pas de signaler l’impact de la création de la métropole «considérable pour les communes». «L’ensemble du cadre financier général de la métropole sera défini par le pacte de gouvernance financier et fiscal soumis à adoption du Conseil de métropole en 2016 et il ne manquera pas d’avoir des répercussions pour la ville», prévient-il.
Les dépenses de fonctionnement seront limitées
Alors, les dépenses de fonctionnement, annonce-t-il, «seront limitées». Toutefois, des dépenses conjoncturelles sont annoncées, «L’Euro 2016 implique une dépense de 1,8 million d’euros et la préfiguration de l’Année capitale européenne du sport occasionne l’inscription de 2 millions supplémentaires dont 1M sur dépenses des services et 1M sur les subventions». Dans ce contexte, l’adjoint annonce « la baisse des dépenses, amorcée en 2014 et confirmée en 2015, sera poursuivie en 2016 et en 2017 ». Les dépenses devraient s’élever à 199, 880M€ contre 212,041M€ en 2015, soit une diminution de 6%. «L’effort de diminution de la dette constaté l’an passé (-17 M€) sera reconduit et sans doute amplifié en 2016». «Un recours prévisionnel à l’emprunt, plus bas que les volumes habituellement mobilisés, sera rendu possible grâce au remboursement par la métropole, à hauteur de 54M€, des avances consenties par la Ville dans le cadre des opérations d’aménagement, à la suite du transfert de compétence effectué à la fin de l’année 2015». Concernant la fiscalité locale, le rapporteur affirme : «La municipalité est en mesure de ne pas augmenter les taux d’imposition cette année, grâce à la poursuite de la démarche d’économies. Les taux resteront donc inchangés par rapport à ceux votés en 2015».
«Le fossé qui se creuse entre Marseille et le reste des grandes villes françaises»
Pour Stéphane Mari (PS), ces orientations «sont porteuses d’une bonne et d’une mauvaise nouvelle pour les contribuables, la bonne, vous n’annoncez aucune augmentation d’impôt en 2016, la mauvaise, c’est qu’ils augmenteront». il appuie son propos : «Vous avez fait voter l’an dernier des augmentations qui n’allaient entrer en vigueur qu’en 2016. J’ai fait le calcul à partir du pourcentage d’augmentation communiqué dans le rapport, l’augmentation sera proche de 26 millions d’euros». Exprime son désaccord avec les chiffres avancées sur le coût des rythmes scolaires, sur la politique de la ville, avant de saluer «la proposition de la nouvelle présidente du département (Martine Vassal LR ndlr) qui a annoncé 300M€ pour le développement des transports». L’élu socialiste ne cache pas son inquiétude à propos de l’attractivité du territoire. «Vous aurez noté comme moi les chiffres du recensement publiés par l’INSEE en début d’année: entre 2008 et 2013 nous avons gagné moins de 4 000 habitants, dans le même temps, Montpellier et Toulouse en gagnent respectivement 20 000 et Lyon 25 000. Un tel écart démontre bien le fossé qui se creuse entre Marseille et le reste des grandes villes françaises». Et de considérer: «Peut-être que l’insuffisance de transports collectifs, du manque de places en crèches, la pénurie de logements bon marché, la fiscalité locale… ou l’état des écoles publiques ne sont pas étrangers à cet exode».
«C’est sans doute de la bonne gestion comptable mais cela ne répond en rien aux besoins»
Jean-Marc Coppola, (PCF-Front de gauche) dénonce la lente dégradation du service public. «Cette stratégie entretient l’idée que le politique ne sert à rien. Et puis, il y a la baisse du budget investissement, c’est sans doute de la bonne gestion comptable mais cela ne répond en rien aux besoins». Il formule trois propositions : «Une révision cadastrale pour les impôts, la dernière remonte à 1979 ; la mise en cohérence des orientations et des ambitions affichées; doter les mairies de secteur de budget significatif pour les interventions d’urgence». Karim Zeribi (EELV) dénonce «un État démissionnaire avec la baisse de la DGF», puis de souhaiter une plus grande synergie avec le Département et la Région. Alors que le frontiste Stéphane Ravier considère: «Nous sommes là dans un débat sur les désorientations budgétaires qui prouvent que vous ne savez pas où vous allez ». Il juge : «Vous avez mis les finances de la ville dans un état calamiteux». Puis de s’adresser au maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin (LR): « Votre obsession métropolitaine vous éloigne des Marseillais et vous êtes poussé en cela par des conseillers, des élus, des « Iznogoud » qui s’y voient déjà ».
Roland Blum répondra aux différents intervenants notamment en soulignant que la Ville a su anticiper; qu’une révision de la base cadastrale, effectivement, s’impose, mais que cela relève de L’État; qu’en matière de synergie, un travail est en cours, avec les autres collectivités. Concernant le FN il juge : «Avec monsieur Ravier tout ce qui est excessif devient dérisoire, il ne manipule que des poncifs». Et de laisser la parole à Martine Vassal qui déclare: «Nous travaillons. Nous allons soumettre un contrat d’objectif avec Marseille, à hauteur de 60 millions sur 3 ans, lors de notre prochaine Assemblée. Nous entendons la population, nous savons qu’elle veut un emploi, bien se déplacer et mieux-vivre »
Michel CAIRE