Publié le 1 mars 2016 à 12h36 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h31
Jean-Marc Coppola (PCF-FDG), conseiller municipal de Marseille – co-tête de liste de la Région coopérative aux régionales 2015 revient sur le projet de réforme du code du travail qui ne fait pas l’unanimité…
Présenté comme indispensable pour la compétitivité de la France, le projet de réforme du Code du travail s’attaque aux 3809 pages du livre rouge qui régit les droits des travailleurs. Sous prétexte que ces textes sont complexes, obèses, absurdes, obsolètes, il faudrait les simplifier. Ainsi lors de sa proclamation de vœux le Président de la République est on ne peut plus clair, il s’agit par une loi votée avant l’été, «d’adapter le droit du travail aux réalités économiques des entreprises». En d’autres termes, faire sauter les obstacles que réclame le Medef, par la voix de Pierre Gattaz, pour faire toujours plus de profits pour une minorité d’hommes et de femmes, tout cela sur le dos des travailleurs. Bref, revenir au XIXe siècle, de l’asservissement, de Germinal, du travail des enfants. Tout y passe du temps de travail, aux salaires en passant par les indemnités de licenciement, la représentation syndicale, l’expertise des CHS-CT et les apprentis…pour soi-disant lutter contre le chômage, alors qu’il s’agit d’un texte ultralibéral pour s’enfoncer encore dans la financiarisation de l’économie.
Et il faudrait faire confiance au gouvernement, le même qui se dit impuissant face à la crise sans précédent que vivent les agriculteurs. Faire confiance au patronat qui a bien empoché des milliards d’euros d’argent public payés par les contribuables par le Pacte de responsabilité, le fameux Crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) sans en retour créer les emplois escomptés. Et lorsqu’une pétition en ligne est lancée pour atteindre les 800 000 signatures, et se diriger à vive allure vers le million, leurs auteurs sont qualifiés d’ignorants, qui n’ont rien compris au sens du projet de loi, d’archaïques attachés à ne rien bouger pour préserver leurs privilèges. Quels privilèges ? Celui de gagner un peu plus de mille euros par mois, quand le loyer en croque la moitié ou plus? Celui de se lever le matin sans savoir de quoi sera fait le lendemain ? Mais voilà, après quatre années de renoncement, de résignation, d’atonie du mouvement social, des têtes se lèvent, des intelligences se nourrissent, des débats fusent, des initiatives se prennent. Une majorité de nos concitoyens comprend qu’il n’y a rien de bon à attendre de ce projet de loi, ni pour améliorer les conditions de travail, ni pour lutter contre le chômage. Ils vont même plus loin dans la critique de la politique ultralibérale du gouvernement Hollande/Valls. Le 9 mars s’annonce ainsi comme une puissante journée d’actions convergentes avec les jeunes en tête. On panique du côté de l’Élysée et de Matignon, mais la réplique de reporter l’examen en conseil des ministres de deux semaines ne bernera personne. L’exécutif compte anesthésier l’esprit de contestation citoyenne pour ne rien changer sur le fond de la réforme.
C’est pourquoi après ce premier succès de la mobilisation contre le dynamitage du droit du travail, il faut amplifier le mouvement en vue d’un retrait complet du projet de loi. Car ne nous trompons pas. Il ne s’agit pas d’une exaspération passagère. Pas plus qu’une montée en puissance de la grogne contre un projet antisocial de détricotage de notre modèle social. Il s’agit d’une exigence à vivre mieux, à travailler moins et gagner plus, à être plus efficaces au travail et dans la société. C’est une exigence de progrès social par une juste répartition des richesses. C’est une exigence de prendre en compte l’«humain», son épanouissement dans les toutes les activités de la planète et ainsi abandonner le «chiffre» comme seule ligne d’horizon des critères des entreprises et des politiques publiques. C’est un enjeu politique, qui peut et doit redonner du sens à l’engagement citoyen, dans une République vivante dont le projet fait réellement vivre ses valeurs : liberté, égalité, fraternité. Au pays des lumières, celle de l’espoir se rallume enfin !