Publié le 28 mars 2016 à 17h26 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 22h06
Les soirées se suivent et ne se ressemblent pas au Grand Théâtre de Provence ; Ainsi, samedi soir, une centaine d’interprètes étaient réunis sur scène et le lendemain, en présence de Mmes Azoulay et Royal en visite ministérielle au Festival de Pâques, trois musiciens seulement, mais quels musiciens, ont fait craquer de bonheur une salle archicomble.
Encore un sommet de musique à mettre au crédit de la quatrième édition de la manifestation. D’abord il y eut Yo-Yo Ma, violoncelle solitaire, presque perdu au centre de l’immense plateau, pour les suites n° 1 et 5 de Bach. Et Yo-Yo Ma ne s’est pas égaré entre sarabande, courante et allemande, distillant l’une après l’autre les danses composant les pièces. Seul, il est devenu géant, le son de son instrument emplissant l’espace entier d’une salle plongée dans une douce lumière afin que l’artiste puisse voir son public. Technique, aisance, inspiration, personnalité : rien ne manque dans une prestation digne des illustres devanciers du musicien américain que sont Pablo Casals ou le grand Rostropovitch. Plus qu’il ne déroule sa partition, Yo-Yo Ma tisse véritablement les fils de ces suites pour en faire des chefs-d’œuvre de raffinement et d’élégance sans douter une seconde de son art. De la belle ouvrage.
Après l’entracte, le violoncelliste était rejoint sur scène par Renaud Capuçon, bien entendu au violon et Nicholas Angelich au piano pour donner le trio pour piano et cordes n°1 de Brahms. A la limite du sublime et de la perfection, cette interprétation demeurera à coup sûr dans les mémoires de ceux qui ont eu le privilège d’assister à la soirée. En totale osmose, les trois solistes ont fait vivre cette œuvre de façon brillante, lui conférant une intensité idéale, avec de la sensualité, de l’émotion, de la classe. Au piano, Nicholas Angelich caresse, plus qu’il ne joue, l’ivoire du clavier. Sa sensibilité fait merveille et met en valeur les belles sonorités de son Steinway. Devant lui, Yo-Yo Ma et Renaud Capuçon n’ont même pas besoin de se regarder ; les deux se trouvent comme s’ils jouaient tous les jours ensemble. Aux intonations aiguës du violon, le violoncelle réplique avec de grandes plages musicales plus sombres, charnues. Ici aussi l’édifice se construit pierre après pierre, mouvement après mouvement. La salle retient son souffle jusqu’à la dernière envolée des archets avant de laisser exploser son bonheur. Derrière nous la délégation ministérielle s’est relevée comme un seul homme, si on ose le dire en parlant de deux ministres au féminin ! Ségolène Royal immortalise l’instant sur son téléphone cellulaire et tout le monde applaudi à tout rompre. En « bis » le trio de légende donnera le deuxième et le troisième mouvement du Trio n°2 du même Brahms ; toujours avec le même soin et la même perfection. Histoire de rester dans le ton et dans cette ambiance exceptionnelle. Grande soirée.
Michel EGEA
Le piano très sonore de David Fray pour le concert offert aux Aixois
Assistance nombreuse, pour ce concert de Pâques donné par David Fray en la Cathédrale Saint-Sauveur. Un concert offert aux Aixois avec dans le public des personnalités importantes comme Ségolène Royal, ministre de l’environnement, Audrey Azoulay, ministre de la Culture, Sophie Joissains, sénatrice, et quelques élus locaux, tous venus applaudir David Fray au piano et Renaud Capuçon au violon. C’est avec la légèreté et un talent infini que ce dernier a donné la 5ème sonate de Bach en fa mineur pour violon et orchestre, David Fray réussissant au piano des merveilles de sensibilité notamment sur le premier mouvement. Les choses se sont un peu gâtées par la suite avec les Concertos 1 & 4 pour clavier et cordes de ce même Bach (sans Renaud Capuçon), David Fray entouré du Mahler Chamber orchestra, en rajoutant dans les attaques. Gêné sans doute par l’acoustique particulière de la Cathédrale, il se montrait plus à l’aise sur l’Adagio, et le Larghetto, des deux œuvres affichant son réel talent de pianiste. Un récital que les Aixois ont adoré et qui eut le mérite de fédérer plusieurs générations entre elles. Saluons donc cette initiative de tous les organisateurs du Festival de Pâques d’en avoir fait une manifestation gratuite.
Jean Rémi BARLAND
Les rendez-vous du 29 mars
-Salon de musique à 14h30 au Grand Théâtre de Provence. Rencontre avec la violoniste Isabelle Faust animée par Christophe Floquet. Entrée libre sur réservation au 08 2013 2013.
-Quatuors pour flûte et cordes au théâtre du Jeu de Paume à 18 heures.
Emmanuel Pahud, flûte, Maja Avramovic, violon, Joaquin Riquelme Garcia, alto et Stephan Koncz, violoncelle jouent trois quatuors de Mozart et la sonate à quatre n°2 de Rossini. Tarif de 10 à 43 €. Réservations au 08 2013 2013 – festivalpaques.com.
-Mozart, Beetovne, Brahms au conservatoire Darius Milhaud à 20h30.
Pinchas Zukerman, violon et Angela Cheng, piano jouent la sonate n°18 en sol majeur de Mozart, la sonate pour violon en mi bémol majeur de Beethoven, le scherzo de la sonate F-A-E et la sonate pour violon et piano n°3 de Brahms. Tarif de 10 à 43 €. Réservations au 08 2013 2013 – festivalpaques.com.
Au programme du mercredi 30 mars
-Le Mahler Chamber Orchestra et Isabelle Faust, violon et direction, au Grand Théâtre de Provence à 20h30. Au programme : Les Hébrides ou la grotte de Fingal et le concerto pour violon en mi mineur op.64 de Félix Mendelssohn, L’Art de la fugue – Contrepoints 1, 3 et 10, BWV1080 de Bach, la « Fantaisie en do majeur pour violon et orchestre », op.131 et le Quatuor en la mineur, op. 41 n°1 de Robert Schumann. Tarif de 10 à 68 €. Soirée Premium : 100 €. Réservations au 08 2013 2013 – festivalpaques.com.
Ségolène Royal en visite au Festival : « la musique tient une grande place dans ma vie »
Quelle ne fut pas la surprise des Aixois présents dans la Cathédrale à l’occasion de ce dimanche de Pâques d’entendre Dominique Bluzet annoncer au micro la présence parmi le public d’Audrey Azoulay, ministre de la Culture, dont c’était la première visite à Aix en tant que membre du gouvernement, et de Ségolène Royal ministre de l’environnement qui n’a pas hésité à venir à la rencontre des spectateurs à l’issue du concert. « La musique tient une grande place dans ma vie » a-t-elle affirmé précisant qu’elle a créé un Festival des Nuits romanes. Quant à sa présence à ce Festival de Pâques Ségolène Royal a rendu un vibrant hommage à Renaud Capuçon qui l’avait invitée. « Renaud Capuçon et Laurence Ferrari sont des amis » a-t-elle dit avec le sourire. « Je suis heureuse que ce Festival existe et j’ai particulièrement apprécié le programme de cet après-midi, la musique de Bach se prêtant magnifiquement à ce genre de lieu ». Elle n’a pas non plus oublié de redire combien les combats écologiques étaient importants, et qu’ils ne sont jamais gagnés d’avance. Et puisque nous étions en Provence de réaffirmer sa volonté de combattre les pollueurs de toutes sortes. « On ne peut pas sacrifier la Méditerranée au profit d’une seule entreprise ». Un combat citoyen qu’elle mène avec détermination, et un courage lui aussi citoyen.
Propos recueillis par J.-R. B.