Publié le 11 avril 2016 à 23h06 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 22h12
A propos de la dépénalisation du cannabis, la sénatrice Samia Ghali, maire des 15e et 16e arrondissements de Marseille, avance dans un communiqué: «Je ne serai pas de ceux qui dépénalisent une drogue par impuissance, par manque de solution face aux trafics. L’âme de la gauche, elle se puise dans l’Histoire des luttes, celle-ci en est une que je ne lâcherai pas pour des convictions intimes liées aux ravages de la drogue dans les Quartiers Nord en 1980 mais aussi pour des raisons sanitaires et sociétales évidentes.Tant que nous n’aurons pas compris l’origine du mal qui happe la jeunesse de nos quartiers, nous répéterons à l’infini nos erreurs. Un trafic en remplacera un autre plus dangereux: contrebande de cannabis, développement des drogues dures crack/héroïne ou cocaïne.»
«Les données judiciaires exposées lors de la réunion d’urgence ZSP, poursuit-elle, confirment mes inquiétudes : le marché de la cocaïne est en pleine expansion avec des dealers de plus en plus jeunes en activité. Combattre utilement, le fléau de la drogue c’est avant tout s’attaquer à l’économie de la misère qui la nourrit celle du décrochage scolaire, du chômage, de l’enclavement des cités, de l’absence de code moral et familial et du retrait de la puissance publique.» Juge que, «si d’aucuns pensent que la dépénalisation est sans risque, elle le sera peut-être pour certains consommateurs retenus par un cadre et des codes sociaux définis et stables, mais elle en fragilisera d’autres. La société dans sa majorité n’est pas aujourd’hui assez stable. Elle a besoin de règles et d’autorité plus que de renoncement. S’engager dans la dépénalisation du cannabis en caressant l’espoir que nous ferons d’un jeune délinquant, un futur « auto-entrepeneur » sera un confort intellectuel et moral passager, la réalité nous rattrapera vite avec plus de violence que ce que nous connaissons actuellement. Cette solution de la dépénalisation me rappelle le mythe de l’hydre dont chaque tête coupée repoussait à l’infini».
Et de déclarer: «La solution, à Marseille, pour lutter contre le fléau des réseaux n’est pas la permissivité ou la création d’une industrie du cannabis mais la capacité de la gauche à donner à la nouvelle génération des moyens et des raisons d’y croire. En faisant le choix de la légalisation, la gauche se coupe de la réalité et de sa vocation première celle de l’émancipation des individus».