Publié le 13 mai 2016 à 21h37 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h45
L’exposition qui s’ouvrira en ce samedi 14 mai à la Fondation Vincent Van Gogh d’Arles s’inscrit déjà au panthéon des rendez-vous artistiques estivaux et devrait connaître beaucoup mieux qu’un simple succès. Pas moins de 31 toiles de Van Gogh composent le troisième volet d’un tryptique débuté en 2014 avec «Van Gogh, couleurs du nord, couleurs du sud», qui s’est poursuivi l’an dernier avec «Les dessins de Van Gogh : influences et innovations » et s’achève donc en ce printemps avec « Van Gogh en Provence ; la tradition modernisée».
Trente et une toiles qui donnent à voir des œuvres majeures dans la production de l’artiste et, qui démontrent l’importance du séjour arlésien sur sa technique et sa palette. Pour illustrer cette «tradition modernisée», pour la comprendre, aussi, il suffit de regarder les trois dernières œuvres accrochées aux cimaises : «Allée de peupliers en automne, Nuenen, octobre 1884», «Pins dans le jardin de l’asile, Saint-Remy-de-Provence, novembre 1889» et «Marronniers en fleur, Auvers-sur-Oise, 22-23 mai 1890». Oui, il y a eu un avant et un après Arles chez Van Gogh. Et même si la manière évolue, dès 1886 le classicisme laissant progressivement la place au pointillisme, c’est en Provence que la palette va s’illuminer et exploser avec des tournesols et des iris, mais aussi avec des portraits et cette extraordinaire toile qu’est «La Vigne Verte» peinte à Arles en octobre 1888 avec assurément l’un des plus beaux ciels qui puisse être et une matière gorgée de sensualité et de chaleur. Paysage sur lequel l’artiste a dû rajouter les présences humaines et, en particulier, celles des deux arlésiennes aux ombrelles dont on peut penser qu’elles n’avaient rien à faire dans cette campagne au moment ou l’artiste peignait grappes et vignes. Accrochés en vis à vis, les deux autoportraits, celui à la pipe réalisé à paris en 1886 et celui au feutre gris, peint un an plus tard, toujours à Paris, illustrent aussi l’évolution de sa technique. D’autres œuvres magistrales sont proposée au long de cette exposition dont le commissaire n’est autre que Sjraar van Heugten, l’un des spécialistes réputés de Van Gogh.
L’univers si particulier de Glenn Brown
L’une des vocations de la fondation étant de placer les œuvres de Van Gogh en interaction avec la production artistique contemporaine, Bice Curiger, la directrice artistique de la fondation a invité le britannique Glenn Brown à exposer toiles, dessins et sculptures pour un réel événement en une trentaine d’œuvres dont certaines achevées il y a quelques jours seulement. Et Van Gogh est très présent dans l’œuvre de Brown. Des références qui sont observées, analysées, déchiffrées, broyées, atomisées pour livrer «Suffer Well» huile sur bois de 2007, construite à partir de la toile de Van Gogh «Crâne de squelette fumant une cigarette» ou encore « Misogyny», d’après «Torse de Vénus».
Glenn Brown ne s’en cache pas, il affectionne tout particulièrement réinterpréter les maîtres anciens. Il convie le visiteur dans un voyage tantôt onirique, tantôt terriblement cruel et réaliste, chacun appréciant l’œuvre qui lui est proposée avec sa propre sensibilité, son humeur du moment, son envie ou son refus de parcourir un bout de chemin dans ce monde assez tortueux qu’est celui de Brown. Une chose est certaine, cet homme, so british, pochette et cravate roses, barbe parfaitement taillée, ne trompe pas son public. A découvrir. Rappelons, pour terminer que le film de Saskia Olde Wolbers «Yes , these eyes are the windows» dont nous vous avons parlé dans le dernier article consacré à la Fondation Van Gogh, est aussi projeté en parallèle à ces deux expositions.
Michel EGEA
Pratique. Expositions jusqu’au 11 septembre, Fondation Vincent Van Gogh,
35 ter, rue du docteur-Fanton, Arles – Tél. 04 90 93 08 08 – Ouvert tous les jours de 11 heures à 19 heures, le jeudi, ainsi que du 4 au 10 juillet inclus de 11 heures à 21 heures – Entrée 9 euros, réduit 7 euros, jeunes et étudiants 4 euros.