Christian Estrosi, Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, a rencontré ce jeudi 26 mai, à l’Hôtel de Région, Michael Roth, ministre adjoint aux Affaires Étrangères de la République Fédérale d’Allemagne. Ensemble, ils ont ensuite assisté à la restitution des travaux des élèves ayant participé au voyage d’étude à Auschwitz organisé en février dernier par la Région.
Des voyages de la mémoire auxquels le Président de région attache la plus grande importance: «Plus de 7 000 élèves de mon département, les Alpes-Maritimes, l’ont effectué. Ces voyages sont extrêmement importants car on en revient différent, ils permettent de dépasser le sensible pour comprendre ce qui s’est passé». Michael Roth insiste sur l’importance de ces voyages en déplorant que des voix s’élèvent «pour dire qu’il faut arrêter de parler du nazisme, de l’holocauste, de la guerre». «Je sais, avance-t-il, combien il peut être douloureux de voir le côté sombre de l’Histoire. Moi-même, je me suis rendu à Auschwitz pour partager la parole des rescapés. Mais nous en sortons plus forts, plus confiants dans l’avenir». Tandis que Christian Estrosi lance aux jeunes présents : «Rien ne justifie les atteintes aux personnes, les souffrances infligées à des êtres humains. Refusez l’Autre c’est se mépriser soi-même».
«L’Europe de liberté, de démocratie et de paix dans laquelle nous vivons repose sur une colline de millions de morts»
Le ministre explique s’être rendu dans l’après-midi au Camp des Milles avant de se rendre à Nice dans le lycée où a étudié Simone Veil puis, à Verdun aux côtés de la Chancelière allemande et du Président de la République. «L’Europe de liberté, de démocratie et de paix dans laquelle nous vivons repose sur une colline de millions de morts : des soldats, des handicapés, des gens dont le régime ne voulaient pas et qui ont été persécutés, chassés, tués». Après cette tragédie, poursuit-il : «Nos grands-parents ont décidé de se donner la main, de tirer les leçons de l’Histoire, de faire mieux. C’est sur cela qu’une communauté s’est construite». Et de citer François Mitterrand : «le nationalisme c’est la guerre», avant d’appeler la jeunesse «à s’engager pour que les valeurs de Liberté, d’Egalité et de Fraternité ne soient pas seulement françaises mais européennes et qu’elles soient vécues au quotidien par chacun». Pour cela, indique-t-il: «Nous devons, dans nos différences, combattre pour nos valeurs communes et contre la guerre, le fascisme, le totalitarisme et les intolérances».
«Si notre passé s’inscrit à l’imparfait, c’est au futur et non au conditionnel que doit s’écrire notre avenir»
Christian Estrosi félicite les lycéens pour leurs travaux, les invite à mesurer la symbolique que représente la présence de Michael Roth dans un moment si particulier, celui de la présentation de leurs travaux à la suite de leur voyage à Auschwitz. Il insiste immédiatement sur l’importance de l’amitié franco-allemande, rappelant : «Sur un drame de l’histoire, deux hommes, le Chancelier Adenauer et le Général de Gaulle ont su poser les fondations d’une grande amitié pour une paix durable et la création de l’Europe politique». En vient à l’importance qu’il accorde à la mémoire : «Elle doit permettre de tirer les leçons d’un passé lourd à porter». Se tourne vers Michael Roth : «Vous le savez parfaitement, monsieur le Ministre, vous qui êtes membre de la Fondation Mémorial aux Juifs assassinés d’Europe». «Indéfectible gaulliste, enchaîne-t-il, je me souviens que, s’adressant à la jeunesse allemande, il ne l’a pas accusé des crimes de la précédente génération; il l’a félicitée d’être l’héritière d’un grand peuple qui, parfois, a commis de grandes erreurs condamnables et condamnées». Il n’omet pas d’évoquer Jacques Chirac «qui, en 1995, a eu la force de reconnaître la responsabilité de Vichy». Pour Christian Estrosi : «La France et l’Allemagne doivent parler de concert sur la scène internationale et aller main dans la main. Notre avenir est lié, si notre passé s’inscrit à l’imparfait, c’est au futur et non au conditionnel que doit s’écrire notre avenir».
C’est Caroline Pozmentier-Sportich, vice-présidente de la région, qui, le matin, avait ouvert les travaux des élèves. Elle a notamment mis l’accent sur l’importance «du passé pour éclairer le présent pour que, plus jamais, de tels drames ne se reproduisent. Ce voyage est un acte fort car notre jeunesse est notre avenir. Ces jeunes, forts de leur voyage, doivent devenir des ambassadeurs du refus de la haine, de la violence, du rejet de l’Autre. Ils doivent être des passeurs de mémoire».
Michel CAIRE