Publié le 28 mai 2016 à 22h48 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h45
Christian Estrosi, Président de la Région, a dévoilé, le 26 mai, lors d’une visite chez Airbus Helicopters, les grandes orientations de la stratégie économique régionale qu’il entend conduire pour Provence-Alpes-Côte d’Azur. «En 100 jours, nous avons engagé la bataille pour l’emploi », lance-t-il avant d’indiquer : «Entre les ultra-libéraux qui vous disent « débrouillez-vous », et les dirigistes « on s’occupe de tout », il y a un point commun : cela se termine par une coupure irrémédiable entre sphère politique et sphère économique. Moi, je crois en l’action, au leadership. Je veux une Région stratège et ambitieuse qui fixe des caps et crée les conditions de votre réussite. Je veux une Région qui assume son leadership économique en s’appuyant sur l’expérience des entreprises et la sphère économique, pour agir. Et pas d’une Région qui décide seule et dans son coin coupée de vos réalités. Définir une stratégie, c’est d’abord se fixer des objectifs, clairs, précis, sans lesquels il n’y a pas d’ambition». Et de proposer «une révolution» qui repose sur une conviction : «le pari des filières d’avenir porteuses de croissance et d’emploi, le pari de l’innovation». «J’ai voulu, avance-t-il, que les entreprises et les acteurs économiques soient étroitement associés au Schéma Régional de Développement de l’Économie, de l’Innovation et de l’Internationalisation (SRDEII) et aux Opérations d’Intérêt Régional (OIR). Les TPE et les PME sont le cœur de l’économie de notre Région ; nous devons tout faire pour favoriser leurs capacités d’investissement car c’est par l’investissement que la bataille de la compétitivité et de l’emploi sera remportée».
«J’ai voulu un budget de combat économique dès mon arrivée»
«J’ai voulu un budget de combat économique dès mon arrivée. Nous avons décidé d’augmenter le budget de l’aide direct aux entreprises de 12%, celui de l’économie de 6%. Nous avons créé un Fonds d’Investissement pour les Entreprises de la Région (FIER) doté de 94 millions d’euros», rappelle-t-il. S’adressant aux chefs d’entreprise il indique que ce nouvel outil leur permettra «de bénéficier de prêts, de garantie de prêts, d’investissement en capital sur l’ensemble du cycle de vie de vos entreprises : création, amorçage, innovation, développement, retournement, entrée temporaire au capital». Pour tous les besoins de financement, précise-t-il: «Vous pouvez vous appuyer sur le guichet unique que nous avons créé et qui est opérationnel depuis la fin avril ». Il souligne que Provence-Alpes-Côte d’Azur est la troisième Région la plus riche de France en termes de PIB/habitant. Or, ajoute-t-il: «Elle ne fait que 2,5 points de croissance en plus que la moyenne nationale depuis plus de 10 ans. Nous devons viser un objectif de 5 points de croissance supplémentaires que la moyenne nationale pour être à la hauteur de notre potentiel ». Annonce vouloir favoriser l’innovation. «Seulement 750 brevets sont déposés chaque année en Provence-Alpes-Côte d’Azur contre 2 300 en Rhône-Alpes-Auvergne. Nous allons doper l’innovation, la recherche et le développement, en nous fixant l’objectif d’atteindre au moins 50% des résultats de notre Région concurrente»,annonce-t-il. Autre objectif affiché, le développement de l’emploi privé : «Je souhaite que nous représentions 10% des emplois privés en France contre 5 aujourd’hui».
«Si nous ne nous spécialisons pas, nous perdrons»
Pour Christian Estrosi: «La Région doit prendre le leadership pour attirer les investissements et les talents nationaux et étrangers, les implantations et le développement d’entreprises françaises et étrangères sur notre territoire». Considérant: «Si nous ne nous spécialisons pas, nous perdrons». avançant immédiatement que toutes les Régions ont identifié les secteurs stratégiques «au sens de ceux qui pèsent le plus dans leur économie ou qui disposent d’un écosystème favorable». Et d’insister «Nous connaissons les nôtres : santé, énergie, aéronautique, maritime, tourisme, défense, agriculture… Nous savons aussi que le secteur des services pèse plus que celui de l’industrie, ce qui explique en partie des résultats moins élevés que certaines autres régions sur l’innovation ou l’export. Ce qui constitue une révolution, c’est qu’après avoir identifié ensemble les filières stratégiques et les segments à fort potentiel où nous pouvons remporter la compétition, la Région va prioritairement concentrer ses financements et mobiliser l’ensemble des politiques concernées sur ces filières et segments. Et je parle bien de l’ensemble des politiques concernées. D’abord la politique économique bien sûr. Mais les autres également.»
«La nouvelle politique internationale de la Région sera d’abord une diplomatie économique»
Il poursuit la déclinaison de son projet : «La nouvelle politique internationale de la Région sera d’abord une diplomatie économique. Je veux que nous soyons pragmatiques et efficaces. Il faudra se rendre là où nos entreprises peuvent conquérir des marchés.» Dans ce cadre, il indique avoir demandé à l’Agence Régionale d’Innovation et d’Internationalisation (ARII) «de produire une étude approfondie pour l’automne sur les destinations et pays clefs, notamment au regard des filières stratégiques que nous aurons identifiées».
La politique de l’emploi et de la formation se concentrera elle aussi sur ces filières. « Nous formerons en priorité des hommes et des femmes aux métiers où vos besoins sont les plus forts. Cela sera vrai également pour la politique en matière d’enseignement supérieur, recherche : il y aura priorité pour les bourses et sujets de recherche de nos filières et segments stratégiques. La valorisation économique de tous les travaux de recherche soutenus par la Région sera désormais centrale ». De même, annonce-t-il : « La politique régionale en matière d’environnement privilégiera les mesures créatrices de développement économique».
«La Région va créer 12 Opérations d’Intérêt Régional »
Christian Estrosi dévoile : «En totale cohérence avec cette stratégie économique de concentration et de spécialisation, la Région va créer 12 Opérations d’Intérêt Régional (OIR) dont 5 d’ici la fin de l’année.» Chacune de ces 12 Opérations sera spécialisée dans une filière d’excellence. Expliquant que sur un territoire identifié comme propice au développement économique et à l’innovation, avec l’ensemble des acteurs concernés, «nous mobiliserons d’importants moyens financiers, publics et privés, pour créer des territoires pilotes». Cette nouvelle stratégie économique de spécialisation et de concentration prioritaire «de l’ensemble de nos moyens» se traduira dès le budget 2017. «Au total, les OIR doivent permettre plus de 1 milliard d’euros d’investissement (1/3 collectivités, 1/3 privé, 1/3 État et Europe) et la création de plus de 50 000 emplois dans 3 domaines déterminants qui feront de Provence-Alpes-Côte d’Azur la vitrine de la France qui réussit ».
Et d’en venir à sa stratégie à propos de l’industrie : «Je veux amorcer la reconquête industrielle au service des grandes filières économiques existantes mais aussi pour construire les filières industrielles de demain». Selon lui :«Dans les années 2000, l’industrie française a raté le tournant de la montée en gamme et de la robotisation. Non seulement j’entends rattraper ce retard mais je souhaite que nous devenions les leaders des industries intelligentes de demain». Évoquant notamment le projet Henri Fabre situé sur la zone des Florides à Marignane : «C’est toute l’industrie du futur en Provence-Alpes-Côte d’Azur que nous devons conforter en positionnant le territoire régional comme vitrine de l’excellence sur le segment de la « mécanique, matériaux et procédés du futur »». Plus de 100 M€ d’investissements sont attendus en matière d’aménagement économique, d’immobilier d’entreprises, d’équipements mutualisés pour l’innovation et près de 6 500 emplois visés chez les grands donneurs d’ordre et les PME sous-traitantes qui verront, par le développement de ces équipements, l’opportunité de diversifier et d’étendre leurs marchés.
Et de rappeler : «Mon ambition est de faire de Provence-Alpes-Côte d’Azur la première Smart Région d’Europe. Et avec le projet Flexgrid qui devrait créer 6 000 emplois dans les 10 ans à venir et nous permettra d’investir 250 millions d’euros sur notre territoire, nous avons déjà une longueur d’avance sur nos concurrents». Il en vient au projet Smart Mountains Stations de demain «qui sera également un atout important» pour lequel la Région va investir 100 millions d’euros dans les 4 prochaines années. Le troisième domaine clé exposé concerne le bien vivre en Provence-Alpes-Côte d’Azur. «La qualité de vie et la biodiversité sur notre terre sont incomparables.»
Toutefois, prévient le président de Paca: «Nous devons constamment innover pour continuer à ce que les 3 marques que sont la Provence, les Alpes et la Côte d’Azur continuent à faire rêver le monde entier. Pour conserver notre place, nous devons à l’avenir améliorer notre offre d’hébergement touristique et nous adapter à la concurrence». Il en vient enfin à la santé : «Nos atouts en ce domaine sont à développer. Nous devons devenir une référence mondiale en nous appuyant sur une recherche scientifique et universitaire de pointe et en misant sur la Silver économie».
Michel CAIRE