Publié le 19 juin 2016 à 0h05 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h26
Christian Estrosi, Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a commémoré, ce samedi, l’Appel du 18 Juin 1940 «dans la ville de René Char, grand poète et grand résistant, à L’Isles-sur-la-Sorgue, aux côtés du maire Pierre Gonzalvez.»
Verbatim du discours de Christian Estrosi – Président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur
« J’ai choisi le Vaucluse, et plus particulièrement L’Isle-sur-la-Sorgue, pour commémorer avec vous cette date majeure de l’histoire de France.
J’ai choisi le Vaucluse parce qu’ici que l’esprit de résistance, auquel appelait le général De Gaulle le 18 juin 1940, a donné les plus beaux fruits de courage et accepté les plus grands sacrifices.
Et j’ai choisi L’Isle-sur-la-Sorgue parce que votre ville, cette ville, est le berceau d’un homme qui a su conjuguer la poésie et la résistance, fidèle à ce message de culture et de liberté millénaire que porte la Provence.
Nous connaissons tous le message que Charles De Gaulle adresse à tous les Français de métropole et du monde entier, dans ce qu’il appelle encore l’Empire. Ces mots que nous venons d’entendre, ils ne vieillissent pas.
Ils sont même d’une brûlante actualité.
Et ces mots vibrants nous disent ceci : toujours, il nous faut résister aux forces de l’abandon, de la résignation, de la soumission.
Résister à l’esprit de défaite.
Même quand elle est blessée, même quand ses enfants sont tués, la France, notre patrie, n’est pas vaincue.
Elle dispose dans son histoire des armes, des moyens, des exemples qui font d’elle une Nation immortelle.
Et chacun de ses citoyens, pourvu que l’école et l’Etat le lui rappellent sans cesse, est un soldat, aussi.
Parce qu’il ne suffit pas de commémorer, puis de rentrer chez soi pour reprendre sans réfléchir le cours de la vie.
Ce moment doit être une leçon à méditer, un encouragement à reconstruire, un réservoir d’espérance et de volonté pour chacun de nous.
Résister à l’esprit de simplisme, aussi.
En 1940, un esprit simple aurait dit : « L’armée est vaincue, un million de Français sont prisonniers, le pays est envahi jusqu’à Bordeaux, l’ennemi est le plus fort, le plus simple, le plus évident, c’est qu’il faut cesser le combat, nous soumettre, nous rendre ».
Méfions-nous toujours des solutions simplistes. Méfions-nous toujours des idées simples.
La réalité est plus complexe, et le général De Gaulle l’a compris : la France était un acteur d’un conflit mondial, comme elle est aujourd’hui un acteur d’un monde global.
Et les solutions à ses doutes, à nos doutes, à nos difficultés passent d’abord par la compréhension de cette complexité.
Charles De Gaulle voyait la France dans le monde, et cela lui donnait de l’espoir, quand d’autres la considéraient réduite à ses frontières, ce qui les réduisait à l’écrasement.
Résister à l’esprit de facilité, enfin.
Au fond, il est toujours plus facile de se résigner, de se soumettre, de se laisser aller.
Car résister impose des sacrifices, engendre des peurs, efface les conforts.
Nous le savons aujourd’hui : le chemin fut long et douloureux, entre l’appel et la libération.
En 1940, on pouvait l’imaginer aussi, au plus noir de la défaite.
Et pourtant, à l’appel du général De Gaulle, il y eut des hommes et des femmes pour répondre.
Ils firent un choix, celui de la liberté dans l’honneur.
Ce choix-là, les commémorations comme celle que nous partageons nous invitent à le renouveler sans cesse, pour la France.
Parmi ces femmes et ces hommes, il y en avait un, que je veux évoquer ce matin.
C’était un poète.
Il s’appelait René Char.
Je suis gaulliste.
René Char ne l’était pas.
Quelle importance ?
Il y a sous sa plume plus qu’une philosophie de la résistance.
Il y a sous sa plume comme une nécessité physique de la résistance, le corps arqué, comme à la boxe, comme au rugby, contre l’indicible, l’inhumain, l’injuste.
Cette nécessité, je la comprends, et je veux la faire mienne encore aujourd’hui.
Oui, les mots puissants du général De Gaulle ne se sont pas éteints.
Oui, les mots puissants de René Char ne se sont pas éteints.
L’un parle de la France.
L’autre de l’Homme.
Et tous deux disent la même éternelle réalité, celle de la justice, celle de la liberté, celle du refus de l’insoutenable.
L’un bataille depuis Londres, pour tous les Français.
L’autre bataille ici, entre le Rhône et les Alpes, dans ces terres magnifiques qui sont aussi les nôtres.
Et tous deux agissent avec la même force, celle de la conviction, celle de la détermination, celle de la volonté.
Écoutons-les encore.
Écoutons-les toujours.
Et nos 18 juin à nous ne seront jamais vains.»