Il dirige l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée au Festival d’Aix-en-Provence – Marko Letonja : « Plus la barre est haute, plus les progrès sont importants… »

Publié le 19 juillet 2016 à  19h30 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h30

Marko Letonja est à la tête, cette année, de l’orchestre des jeunes de la Méditerranée. Le chef slovène retrouvera sa ville natale de Ljubljana ou il dirigera le concert de l’OJM dans le cadre du festival (Photo M.E.)
Marko Letonja est à la tête, cette année, de l’orchestre des jeunes de la Méditerranée. Le chef slovène retrouvera sa ville natale de Ljubljana ou il dirigera le concert de l’OJM dans le cadre du festival (Photo M.E.)

Ce mercredi soir, au Grand Théâtre de Provence, c’est la première sortie de l’Orchestre des jeunes de la Méditerranée. Au programme, Richard Strauss, Moussorgski et Chostakovitch, un menu 100% germano-slave pour des musiciens du (grand) sud. Soit, pour une grande partie d’entre ces derniers, un voyage musical dans un nouvel univers et la découverte de sons jusqu’alors inconnus ou tout juste ébauchés. Depuis le 14 juillet, à la tête de la centaine d’instrumentistes, c’est le chef slovène Marko Letonja qui mène la baguette. Une première pour le directeur musical de l’orchestre philharmonique de Strasbourg mais aussi, et c’est plus exotique, de l’orchestre symphonique de Tasmanie.
Rompu à la direction d’orchestres de jeunes qu’il pratique un peu partout dans le monde depuis des années, le maestro découvre cette saison l’OJM. Et comme tous ceux qui l’ont précédé son premier constat est clair : «Le niveau de préparation et de capacité technique des instrumentistes est variable mais plutôt de bonne qualité. En fait, ils sont nombreux à arriver de pays où le patrimoine culturel diffère de celui de l’Occident et où la transmission du savoir s’effectue différemment. Mais l’ensemble ne manque pas de talents et il y a chez ces jeunes une énergie et une volonté d’apprendre et de progresser qui est source de petits et grands miracles.» Tout comme les années précédentes, avant l’arrivée du directeur musical, ce sont les musiciens du London Symphonie Orchestra qui ont préparé les jeunes, pupitre par pupitre et c’est Quentin Hindley qui a dirigé les premiers tutti en tant que chef assistant. Du travail largement apprécié par Marko Letonja : «Grâce à eux j’ai pris rapidement en main l’orchestre. C’est la première fois que j’ai un team autour de moi qui peut transformer chaque idée musicale en réalisation concrète. Je parle de couleur, ils parlent de technique… C’est beaucoup plus facile et plus intéressant pour moi».
Lorsqu’on aborde le chapitre du programme et l’opportunité d’y inscrire Strauss, Moussorgski et Chostakovitch pour de jeunes musiciens du pourtour du bassin méditerranéen, Marko Letonja n’esquive rien. «Je peux entendre cette réflexion qui peut être une critique mais je pense que ces musiciens doivent être confrontés à ces œuvres. Parce qu’elles sont culturellement différentes de ce que certains d’entre eux vivent au quotidien et donc enrichissantes intellectuellement. Ensuite elles permettent, comme Till L’espiègle, de travailler le côté musique de chambre qui fait parfois défaut à ces instrumentistes. Enfin, il faut placer la barre haut pour obtenir des progrès. Il faut que ces jeunes soient un peu sous pression pour conserver une motivation totale.» Quant à la relation du chef avec les musiciens elle est tout à fait ouverte : «Ils me posent souvent des questions très directes auxquelles je dois répondre directement aussi. Je suis assez impressionné par les parcours de vie de ces jeunes dont certains n’ont pas hésité à débuter seuls, chez eux, la pratique d’un instrument, comme le premier cor Marocain, pour arriver à un très haut niveau…» Impossible de quitter Marko Letonja sans lui demander si son activité en Tasmanie c’est pour le diable ou pour le fun ? Large sourire sur son visage… «C’est vrai que lorsqu’on parle de Tasmanie, les gens imaginent un pays exotique. En fait il y en a très peu qui savent où se situe exactement cette île qui est un état de l’Australie. J’ai une longue relation avec l’Australie. Pendant dix ans j’ai dirigé et effectué des tournées avec l’orchestre symphonique de Melbourne et un jour je suis arrivé à Hobart, capitale de la Tasmanie, après 36 heures de voyage. Je suis sorti de la voiture, j’ai respiré un air totalement pur, dans le ciel couraient les « fast clouds », il y avait la mer : j’avais trouvé le paradis. Le directeur musical de l’orchestre quittait ses fonctions à ce moment-là. Ils m’ont demandé de lui succéder et j’ai accepté. Depuis six ans je passe trois à quatre mois là-bas. Et je viens de renouveler pour trois années encore afin d’être là pour fêter le 80e anniversaire de cet orchestre de 49 musiciens qui est pour moi l’un des plus jolis petits orchestres au monde.» Pour l’heure c’est un grand, mais jeune, orchestre que le directeur musical a devant lui. Nul doute qu’il le guidera, dés ce mercredi soir vers le succès.

Michel EGEA

Pratique – Concert de l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée, mercredi
20 juillet à 20 heures au Grand Théâtre de Provence. Au programme « Till L’espiègle » de Richard Strauss, « Chants et danses de la morts » de Modeste Moussorgski avec la mezzo-soprano Aude Extremo en soliste et la symphonie n° 9 de Dmitri Chostakovitch. Tarifs : 15 euros, 10 euros pour les détenteurs de la carte Pass, 8 euros pour les jeunes. Renseignements et réservations à la boutique du Festival, Palais de l’Ancien Archevêché, Place des martyrs de la résistance 13100 Aix-en-Provence. Tél. : 0 820 922 923 (12 cts /min.) et sur la billetterie en ligne festival-aix.com

La tournée de l’OJM

Après Aix-en-Provence, l’Orchestre des Jeunes de la Méditerranée part en tournée pour rayonner à Marseille, puis en Italie, en Croatie et en Slovénie. Pour l’orchestre symphonique, les concerts sont programmés à Marseille, Théâtre National de La Criée le jeudi 21 juillet, à Zadar, au festival de Saint Donat le 25 juillet et au festival de Ljubljana le 26 juillet. La création interculturelle sera, quant à elle, donnée à Milan, Pavillon Unicredit le 21 juillet sous la direction de Raphaël Imbert.

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