Publié le 26 juillet 2016 à 15h53 - Dernière mise à jour le 29 novembre 2022 à 12h31
L’émotion est immense après l’attentat «barbare» qui a été perpétré en l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray, tuant un prêtre de 84 ans tandis qu’un fidèle est entre la vie et la mort. Comment ne pas penser, à ce moment, à une autre tuerie, celle des Moines de Tibhirine, en Algérie, ces hommes de Foi, de Paix. Des hommes qui, pour les habitants de la région étaient quasiment des saints tant ils prenaient soin de tous, y compris des terroristes du GIA lorsqu’ils étaient blessés dans le maquis. C’est cette humanité, ce sont ces valeurs qui sont insupportables pour ceux qui ne sont que haine de l’Autre. L’Autre pourtant indispensable à la vie, à l’Être car, la naissance n’est jamais que le fruit de cette rencontre. Alors, encore une fois, ces tueurs n’ont aucun lien avec l’Islam, si ce n’est pour salir, manipuler à leur fin cette religion; leur seule finalité, leur seul culte est celui de Moloch. Le piège est tendu, c’est une guerre de religion que l’organisation État islamique veut instaurer, comme hier le GIA. Il ne peut être question d’y céder au risque de devenir les mêmes que ceux que l’on condamne. Le pari est immense, il faut se protéger tout en protégeant nos valeurs; la voie est étroite, escarpée, la victoire est à ce seul prix. La vie est, à ce seul prix. Ne jamais oublier que ceux qui tuent aujourd’hui au nom d’une pureté illusoire, criminelle, ne sont jamais que les héritiers de ceux qui, voilà quelques siècles, lançaient: «Tuez les tous, Dieu reconnaîtra les siens». Tuer, torturer, au nom d’une inquisition qui n’avait de sainte que le nom; ne jamais oublier que l’apartheid a utilisé le protestantisme pour justifier son immonde régime. Oui, l’Église catholique a été visée ce 26 juillet, au-delà c’est la France, la laïcité qui ont été agressées; une laïcité qui permet à chaque religion de s’exprimer… et, ne jamais oublier qu’au nom d’une laïcité, des croyants ont été tués de par le monde par des régimes totalitaires. L’enfer, ce n’est pas les Autres, l’enfer c’est cette « pureté » morbide qui fleurit en chacun de nous.
C’est la société, les citoyens, dans leurs différences qui doivent défendre les valeurs d’un vivre ensemble qui doit retrouver tout son sens. Sinon, la dimension sécuritaire, qui s’impose, ne fera que se retourner contre notre société. L’histoire l’a déjà montré, il importe de ne pas l’oublier. Quand on entend certains politiques, à droite comme à gauche, entre émotion -on l’entend- et récupération on doit tous s’en inquiéter. déjà Napoléon pointe sous bien des «bonapartes». C’est une victoire pour Daech, une invitation à poursuivre.
Michel CAIRE