Publié le 9 août 2016 à 18h59 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h45
C’est dans le livre 1 du «Clavecin bien tempéré» que Céline Frisch est allée puiser préludes et fugues pour composer une bonne heure d’un programme donné sous les voûtes des galeries du cloître de l’abbaye de Silvacane, joyau cistercien qui abrite les récitals les plus intimes donnés dans le cadre du festival de La Roque d’Anthéron. Ces pièces témoignant du génie de Jean-Sébastien Bach, Céline Frisch les connaît bien; elle les a enregistrées il y a peu et le CD, publié chez Alpha, est sorti il y a quelques mois et a reçu nombre de distinctions. Il faut dire qu’après Landowska, Hantaï, Koopman, Leonhardt, Scot Ross et quelques autres comptant parmi les plus grand(e)s clavecinistes, Céline Frisch revisite avec bonheur ces partitions apportant une fraîcheur certaine et un beau dynamisme à leurs interprétations. Et l’on retrouve les qualités de cette lecture renouvelée en récital. Avec ce «Clavecin bien tempéré», on peut très vite tomber dans le pensum roboratif en fonction de l’interprète. Lundi à Silvacane, Céline Frisch a enchaîné quinze préludes et fugues, leur donnant vie sans lasser un moment son auditoire. Il faut dire que la claveciniste arrive a donner du relief et des couleurs à l’architecture du cantor, se permettant même quelques ornementations dans un univers musical assez strict. C’est assurément le «plus» de cette interprétation de Céline Frisch qui est aussi, rappelons-le, la co-fondatrice avec le violoniste Pablo Valetti de l’ensemble Café Zimmermann qui est en résidence au Grand Théâtre de Provence depuis quelques années. Pour terminer son récital vespéral, Céline Frisch donnait une variation Goldberg en forme de clin d’œil à Alexandre Tharaud qui jouait ces «Variations» le soir même au Parc de Florans de La Roque d’Anthéron puis une pièce de Jean-Henry d’Anglebert avant d’aller à la rencontre de son public pour une séance de dédicaces très attendue…
Michel EGEA