Publié le 9 août 2016 à 22h04 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h32
Depuis 80 ans, les Français bénéficient des congés payés, fruit de la loi votée le 20 juin 1936, qui fut l’une des initiatives marquantes du Front populaire. Afin de commémorer cet anniversaire, la revue Art Absolument, à l’initiative de la CIAT [[Compagnie Internationale André Trigano]] invite 36 artistes à s’exprimer. 36 peintres, dessinateurs et photographes ont créé une œuvre originale sur une toile de tente recyclée, dans un même format (160 x 200 cm), faisant un clin d’œil à l’imaginaire collectif de cette avancée sociale et culturelle relative aux loisirs et aux vacances.
L’exposition « 36/36, les artistes fêtent les congés payés » a été inaugurée dans le lieu symbolique de l’Assemblée nationale à Paris, avant d’entamer un tour de France de lieux de villégiature : La Rochelle (Charente-Maritime), Sens (Yonne), Gruissan (Aude), Thonon-les-Bains (Haute-Savoie) du 13 au 22 août, La Ciotat (Bouches-du-Rhône). Chapelle des Pénitents Bleus du 26 août au 4 septembre et, cet événement s’achèvera à la Fête de l’Humanité, le 10 septembre, au cours de laquelle les 36 œuvres seront vendues aux enchères sous le marteau d’Antoine Godeau de la maison Pierre Bergé & Associés, au profit de deux associations caritatives – le Secours populaire et l’Avenir social – pour permettre à des enfants de partir en vacances.
Les 36 artistes de l’exposition 36/36
-Jacques Bosser | né en 1946 au Havre, vit et travaille à Montrouge
«L’histoire des congés payés a modifié la mixité et les rapports sociaux, mais aussi les lieux géographiques.»
-François Bouillon | né en 1944 à Limoges, vit et travaille à Bagnolet
«La photo a été prise à Ibiza pendant des congés payés, pour le plaisir et d’instinct.»
-Nabil Boutros | né en 1954 au Caire, Égypte, vit et travaille entre Paris et Le Caire
«1936 ? C’est une explosion joyeuse et populaire, un étrange moment de bonheur collectif.»
-Marie Bovo | née en 1967 à Alicante, Espagne, vit et travaille à Marseille
«Mes oeuvres résonnent fortement des inspirations littéraires et poétiques qui nourrissent ma réflexion et ma sensibilité.»
-Mark Brusse | né en 1937 à Alkmaar, Pays-Bas, vit et travaille à Paris
«J’espère que les indications visuelles que je présente sur la toile d’une tente de vacances provoqueront des souvenirs pour les uns ou des questions pour les autres. »
-Pierre Buraglio | né en 1939 à Charenton, vit et travaille à Maisons-Alfort
«La forme dit le fond qui la dit.»
-Damien Cabanes | né en 1959 à Paris, vit et travaille à Paris «Les congés payés évoquent pour moi le film Les vacances de Monsieur Hulot.»
-François Cante-Pacos | né en 1946 à Paris, vit et travaille à La Rochelle
«En toile de fond, les toiles de tente deviennent des campements précaires.»
-Coskun | né en 1950 à Agri, Turquie, vit et travaille à Paris «Une fois arrivé à Paris, j’ai connu un long congé ! Il m’a permis de m’adapter, d’apprendre la langue et de me consacrer à mon art.»
-Jean Gaudaire-Thor | né en 1947 à Sens, vit et travaille à Sens et en Italie
«Ici, des tapis de bain laissés par les baigneurs ; là-bas, on entend les cris des enfants atténués par le roulement des vagues et croisés au souffle du vent.»
-Anne Geritzen | née en 1966, à Bruxelles, Belgique, vit et travaille à Bruxelles et à Figueras, Espagne
« L’été 1936, ils seront plus de 500 000 à découvrir la beauté et la variété du terroir français.»
-Gérard Guyomard | né en 1936 à Paris, vit et travaille à Paris et en Bourgogne
«On danse dans la joie, on se lance sur les routes en tandem pour aller dans les bois voir la feuille à l’envers.»
-Serge Hélénon | né en 1934 à Fort-de-France, Martinique
«Cette nouvelle disposition qui ouvre aux loisirs, ce temps libre de toute activité professionnelle dont chacun dispose à son gré, n’a pas toujours évité l’oisiveté, l’oubli de soi.»
-Pierre-Yves Hervy-Vaillant | né en 1955 à Trignac, France, vit et travaille à Paris
«On la devine placide et heureuse, dans la lumière stridente d’un été sur la Côte d’Azur. Cette femme, c’est ma maman et elle se prénomme Lucienne, un prénom des années 30 !»
-Jerk 45 | né en 1970 à Paris, vit et travaille à Paris
«L’année 1936 me fait surtout penser au début de l’industrialisation et à l’homme face à la machine.»
-François Jeune | né en 1953 à Lyon, vit et travaille à Paris et à Saint-Armel, Morbihan
« Ces bleu cobalt, jaune et violet mordoré ayant traversé par imprégnation l’envers du support sont plutôt, pour évoquer 36, des souvenirs de couleurs, comme « en vacances ».»
-Claire-Jeanne Jézéquel | née en 1965 à Fontenay-aux-Roses, vit et travaille à Paris
«Aux images de bord de mer, j’emprunte seulement la ligne d’horizon.»
-Peter Klasen | né en 1935 à Lübeck, Allemagne, vit et travaille à Paris
«Rendre le sentiment de l’éclatement joyeux après l’asservissement au travail continu.»
-Rachid Koraïchi | né en 1947 à Aïn-Beïda, Algérie, vit et travaille à Paris
«Mon positionnement d’artiste et mon militantisme m’ont fait adhérer immédiatement à cette belle idée.»
-Jean Le Gac | né en 1936 à Alès, vit et travaille à Paris
«Il faut à la dormeuse cette couche improvisée pour qu’elle s’abandonne en pleine nature, dans ses habits de citadine.»
-Frédérique Lucien | née en 1960 à Briançon, vit et travaille à Paris
« Ce que j’élabore est un espace de l’entre-deux – entre figuration et abstraction – qui se joue dans toutes les formes que je crée.»
-Najia Mehadji | née en 1950 à Paris, vit et travaille entre Paris et Essaouira, Maroc
«Capter la sensation d’un flux pareil à une vague euphorisante et salvatrice dont le rythme vous transporte.»
-Jean-Michel Meurice | né en 1938 à Lille, vit et travaille à Bages, Aude
«En 1936, mes parents partirent deux semaines sac au dos en tandem pour découvrir la mer.»
-Franck Moëglen | né en 1969 à Montreuil-sous-Bois, vit et travaille à Vair-sur-Loire
«J’ai toujours été frappé par les photographies d’ouvriers à vélo et de couples en tandem quittant les villes pour se rendre à la campagne, à la mer ou à la montagne.»
-Philippe-François Nault | né en 1948, vit et travaille entre Perpignan et Hilo, Hawaï, États-Unis «Cette peinture témoigne du besoin inné de la conscience de filiation entre l’humain d’aujourd’hui et la terre qui le porte.»
-Yazid Oulab | né en 1958 en Algérie, vit et travaille à Marseille
«En 1936, les grèves joyeuses ont transformé le (+) en ondes positives : les congés payés.»
-Biagio Pancino | né en 1931 à San Stino di Livenza, Italie, vit et travaille à Fontaine-la-Gaillarde, Yonne «Mon œuvre n’est que le rappel d’un moment artistique, le sujet et l’objet ne sont plus qu’un, unis par le temps qui passe.»
-Stéphane Pencréac’h | né en 1970 à Paris, vit et travaille à Paris
«Les congés payés, c’est le Front populaire, dernier éclair d’humanisme et de génie politique avant l’horreur.»
-Ernest Pignon-Ernest | né en 1942 à Nice, vit et travaille à Paris
«Dès qu’il s’agit d’images de bonheur, le soleil, la mer, les femmes, je pense Picasso.»
-Emmanuelle Renard | née en 1963 à Paris, vit et travaille entre Paris, Pondichéry et l’Espagne. «Les congés payés, la semaine de 40 heures, l’augmentation des salaires, c’est gagné !!! »
-Assaf Shoshan | né en 1973 à Jérusalem, Israël, vit et travaille à Paris
«Ce temps hors de la vie quotidienne m’a marqué.»
-Vladimir Skoda | né en 1942 à Prague, République Tchèque, vit et travaille à Paris
«Les congés payés évoquent souvent d’emblée les vacances, la mer et le sable.»
-Barthélémy Toguo | né en 1967 à Mbalmayo, Cameroun, vit et travaille entre Paris et Bandjoun, Cameroun «Dans mon travail, j’essaie toujours de mettre en jeu plusieurs registres: les prises de position, les ressentis humains et l’esthétique.»
-Claude Viallat | né en 1936 à Nîmes, vit et travaille à Nîmes
«La toile est ce qu’elle est en soi, à chacun d’y lire ce qu’il estimera.»
-Jan Voss | né en 1936, à Hambourg, Allemagne, vit et travaille à Arcueil et à Berlin
«J’ai voulu m’attacher plutôt à son côté lumineux et joyeux du progrès social.»
-Kimiko Yoshida | née en 1963 à Tokyo, Japon, vit et travaille à Paris et à Venise
«Pour cet autoportrait, je n’avais plus qu’à me peindre moi-même pour disparaître dans le rouge.»
« Le 3 mai 1936, les électeurs français envoient à la Chambre des députés une majorité dont Léon Blum pressent immédiatement que, si elle n’est pas la majorité prolétarienne qu’il souhaitait tant, elle peut devenir un formidable « Front populaire ». Socialistes, communistes et radicaux engagent ainsi la France dans une expérience politique inédite, combative envers le danger fasciste, ambitieuse sur le plan social. Les ouvriers et forces populaires du pays, disposant d’un remarquable sens politique, entraînent la nation dans ce que la philosophe Simone Weil appellera des « grèves de la joie ». […] « Toute société qui prétend assurer aux hommes la liberté doit commencer par leur garantir l’existence », écrivait Léon Blum. En chacun de nous, le Front populaire a posé son empreinte : en conférant une conscience de classe par ses lois sociales, ou en décrétant la fin d’un monde, ce « monde d’hier » menacé par le fascisme. Mais pour chacun d’entre nous, le Front populaire, c’est aussi le retour de l’éducation et de l’art dans l’espace public. Un homme incarne cette renaissance des arts et de la culture : Jean Zay. Après Jules Ferry au début de la IIIe République, Jean Zay, qui n’a pas encore 32 ans en mai 1936, transforme profondément l’enseignement (l’organisation en trois degrés, l’obligation scolaire jusqu’à quatorze ans, les activités dirigées, l’apprentissage, le sport à l’école, les oeuvres universitaires) et donne le signal d’un renouveau des politiques culturelles. Nous lui devons le musée national des arts et traditions populaires, le musée d’Art moderne, la Réunion des théâtres lyriques nationaux, le festival de Cannes, surtout le soutien au spectacle vivant, à la création et le retour de la commande publique dans l’Art. Avec le Front populaire, la confrontation artistique avec les tourbillons du réel est maximale. L’Art déco se mesure au constructivisme, le surréalisme au réalisme, tout est matière à combustion, la peinture et l’architecture, comme la littérature et la sculpture. C’est Malevitch contre Léger, André Breton contre Tristan Tzara, Max Ernst ou Picasso contre Dufy. […] 1936, c’est aussi l’avènement de l’image. La photographie devient un art avec Robert Capa, David Seymour ou Willy Ronis, comme le cinéma. Le parlant inonde les écrans et le cinéma devient populaire. De nombreux films illustrent la vie, le travail et les conditions de vie des ouvriers La vie est à nous de Jean Renoir, La belle équipe de Julien Duvivier, mais d’autres font appel à l’imaginaire ou au divertissement, Le roman d’un tricheur de Sacha Guitry, Mayerling d’Anatole Litvac. Ce foisonnement, pour l’éternité, est incarné par une loi : le 20 juin 1936, le Front populaire fait voter les congés payés. L’Assemblée nationale devait célébrer ce moment fondamental de l’histoire parlementaire. C’est pourquoi je suis très heureux d’organiser à l’Assemblée nationale, avec la revue Art Absolument et la Compagnie Internationale André Trigano l’exposition 36/36, qui sera visible du 17 au 20 juin 2016 au Palais Bourbon. Plusieurs villes de France accueilleront ensuite l’exposition. Pour 1936, 36 artistes, peintres, dessinateurs et photographes, présenteront chacun une oeuvre célébrant l’imaginaire des loisirs et des vacances et orneront ainsi les murs du coeur battant de notre démocratie. Connus, célébrés, vivant en France mais issus de tant de cultures riches et diverses, ils nous feront l’honneur d’offrir un regard artistique acéré sur une des périodes les plus exaltantes de notre histoire populaire et de projeter vers l’avenir un désir de liberté et d’égalité que le peuple français portera toujours. »
Claude Bartolone, Président de l’Assemblée nationale
(extraits du catalogue de l’exposition)
Informations pratiques / 36/36 : les artistes fêtent les 80 ans des congés payés exposition itinérante en entrée libre et gratuite – plus d’info: 36-36.artabsolument.com