Publié le 17 septembre 2016 à 21h05 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h36
Pour ouvrir la saison 2016-2017, Dominique Bluzet a décidé de programmer quatre créations en un week-end très allongé allant du 16 au 24 septembre. Et ce dans les salles qu’il dirige, soit le Théâtre du Gymnase et celui des Bernardines à Marseille ainsi que le théâtre du Jeu de Paume et le Grand Théâtre de Provence à Aix-en-Provence. Ce vendredi 16 septembre au soir, dans la salle du théâtre à l’italienne d’Aix, Kad Merad, Neils Arestrup et Patrick Bosso créaient «Acting» (nous y reviendrons prochainement) alors qu’aux Bernardines, Olivier Broche se frottait au texte d’Hervé Le Tellier «Moi et François Mitterrand». Ceci en attendant, au Gymnase, «Le Dernier testament», texte de James Frey mis en scène par Mélanie Laurent et la création de «La Fresque» par le Ballet Preljocaj au Grand Théâtre de Provence. Les premières sont programmées ce mardi 20 septembre au soir.
Pour notre part, c’est avec «Moi et François Mitterrand», un one man show qui passe du pathétique au comique avec un égal bonheur que nous avons choisi d’ouvrir cette saison dans une salle des Bernardines où la température frôlait celle du sauna. Un fauteuil, un bureau, un rétroprojecteur : le décor est posé ; pas tout à fait puisque solennellement, un rideau s’ouvre dévoilant le portrait officiel de Mitterrand alors que résonnent les cuivres du «Te Deum» de Charpentier. Suit l’entrée non moins solennelle d’Olivier Broche qui, pendant plus d’une heure, va raconter ses relations épistolaires fantasmées avec les présidents de la République qui se sont succédé à l’Élysée depuis 1983. Nourri au biberon des Deschiens pendant quelques années, Broche excelle dans cet exercice solitaire. Et de solitude il en est vraiment question ici. Séparé de sa compagne Madeleine, vivant d’emplois précaires, il y a là tous les ingrédients pour un drame sociétal. Ce sont les échanges épistolaires avec l’Élysée qui vont permettre à Hervé Laugier (c’est son nom) de construire son dédoublement de personnalité et de devenir, dans sa tête, l’ami, le conseiller de l’ombre du président. S’il voue une dévotion quasi mystique à François Mitterrand, le dernier «grand» président français, dont il nie la mort au point d’envisager un repas de fête pour ses 100 ans, il fait preuve d’une affection toute populaire pour Jacques Chirac «un homme qui mange de la tête de veau en buvant une bière ne peut pas être mauvais.» La relation avec Sarkozy est minimaliste, à l’instar du portrait officiel accroché au Panthéon d’Hervé ; rire assuré. Tout juste Hervé composera-t-il une bluette à l’attention de Carla Bruni-Sarkozy.
Quant à la relation avec François Hollande, elle se résumera en un scénario de film où l’héroïne serait Julie Gayet… C’est ainsi que notre homme, tour à tour jardinier, sous-bibliothécaire, gardien de nuit d’hôtel va traverser la vie, accompagné de l’omniprésence fantomatique de Madeleine qui, elle, n’a pas de lettre type pour répondre aux courriers, chargés de désespoir entre les lignes, de son « ex ».
Maîtrisant l’art du comique de répétition, Broche profite d’un texte intelligent pour rebondir de lettre en lettre. Son look fait merveille dans ce spectacle qui bénéficie d’une mise en scène solide de Benjamin Guillard et des lumières soignées d’Olivier Oudiou. Un spectacle bien né qui est déjà programmé à Nîmes, au Théâtre du Rond-Point à Paris et à Montargis.
Michel EGEA
«Moi et François Mitterrand», au théâtre des Bernardines jusqu’au 24 septembre à 20h30 sauf mercredi à 19 heures. Tarif 9 à 15 euros – Réservations : 08 2013 2013.
Pour les autres créations : renseignements et réservations/ lestheatres.net et par téléphone au 08 2013 2013.