Publié le 13 novembre 2016 à 22h54 - Dernière mise à jour le 29 octobre 2022 à 13h45
C’est avec une transcription d’extraits des «Noces de Figaro» pour douze instruments à vent et contrebasse, suivie de la «Sérénade en si bémol majeur», dite « Gran Partita» donnée dans la même configuration orchestrale qui n’est autre que celle pour laquelle Mozart l’a composée, qu’Emmanuelle Haïm a composé ce programme consacré à une écoute très particulière de la musique de Mozart puisque sans cordes, à l’exception de la contrebasse. L’occasion pour la cheffe baroqueuse qui prend ses bonnes habitudes à Aix-en-Provence (concert au GTP la saison dernière et direction au Festival en juillet) de proposer de véritables joyaux de musique de chambre travaillés avec un son à nul autre pareil puisque servi par quatre cors, deux cors de Basset, deux clarinettes, deux hautbois, deux bassons et une contrebasse. Prise de risque maximum pour la dame et les instrumentistes jouant des instruments baroques dont on sait combien il est difficile d’obtenir la justesse permanente. Jeudi soir, le concert fut marqué par seulement deux ou trois rapides escapades hors des clous qui n’ont en rien enlevé de la qualité à la prestation. De l’épaisseur, de la chair et de belles couleurs ont marqué la première partie consacrée aux «Noces». Une transcription fidèle aux caractères, pleine de nuances et parfaitement dirigées par Emmanuelle Haïm qui fouille la partition pour en extraire le meilleur.
Avec la «Gran Partita» donnée après la pause, c’est un délicieux moment de musique qu’il nous a été donné de vivre. Du Mozart dans ce qu’il a de plus beau : le raffinement et la composition parfaite. La musique de chambre à ce niveau a donné de la joie et des frissons à un public faisant preuve d’une la grande qualité d’écoute. Une interprétation qui n’a manqué ni d’élégance, ni de puissance, ni de subtilité. Du grand art auquel le Concert d’Astrée et Emmanuelle Haïm nous ont habitués. Et c’est tant mieux ; on en redemande.
Michel EGEA