Publié le 20 novembre 2016 à 21h07 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h42
On a vu au Cézanne d’Aix-en-Provence Omar Sy présenter « Demain tout commence » le nouveau film d’Hugo Gélin en présence du réalisateur, du comédien Antoine Bertrand et de l’incroyable Gloria Colston (13 ans à peine)
«Quand Omar Sy sourit, y’a un ange qui a ses ailes au paradis», explique le comédien québécois Antoine Bertrand, lors de l’avant-première du film «Demain tout commence» présenté à Aix au cinéma Le Cézanne. Grosse affluence, ambiance bon enfant, l’acteur, personnalité préférée des Français, remercie humblement, et surtout ne se la raconte pas. Il sait d‘où il vient, il comprend d’où il vient, il sait où il va, n’a pas pris la grosse tête, et continue d’enchaîner les films en sachant que c’est le travail au quotidien qui finit par payer. Drôle d’aventure d’ailleurs que ce film de Hugo Gélin (petit-fils de Daniel, et fils de Xavier), avec son casting loin des sentiers battus, et notamment pour l’acteur Antoine Bertrand qui reçut un coup de fil pour jouer dans ce long métrage alors qu’il venait d’interpréter sur scène à Montréal la version théâtral d’ «Intouchables». Et pour la petite Gloria Colston, c’est une sorte de conte de fée, elle qui s’est déjà imposée comme une reine du 7e art. Treize ans à peine, une assurance de routière des planches, à la fois rappeuse, (elle a esquissé un morceau au Cézanne), et DJ, parfaitement bilingue anglais, français, imperturbable, et naturelle, pas singe savant, elle a tout d’une grande. Omar Sy, -fabuleux dans son rôle de papa poule ne s’y est pas trompé- qui l’a longuement décrite comme une comédienne d’avenir. Les questions fusent, Hugo Gélin répond, les comédiens y vont de leurs réflexions intelligentes et drôles, (c’est suffisamment rare dans une avant-première pour le signaler), mais le public donne surtout son « ressenti » comme le demandait Rachid, le journaliste maître de cérémonie, chambré gentiment par Omar Sy qui adore cette expression.
Entre rires et larmes
Quant au film…en dépit du fait qu’il soit beaucoup trop long, il fait passer le spectateur du rire aux larmes avec une réelle intelligence, et sans pathos. Pour résumer on va dire qu’il s’agit d’une sorte de «Kramer contre Kramer » mâtiné de «L’incompris» de Comencini, avec un zeste de « La vie est belle » de Benigni, et que l’on va de surprise en surprise. Donnons le pitch en quelques mots, mais ne racontons surtout pas la fin qui offre un final que d’aucuns n’auront pas vu venir. Samuel (Omar Sy) vit sa vie sans attaches ni responsabilités, au bord de la mer sous le soleil du sud de la France, près des gens qu’il aime (dont sa patronne incarnée par Clémentine Célarié, qui fut longtemps aixoise), et avec qui il travaille sans trop se fatiguer. Jusqu’à ce qu’une de ses anciennes conquêtes (jouée par Clémence Poesy) lui laisse sur les bras un bébé de quelques mois, Gloria : sa fille ! Incapable de s’occuper d’un bébé et bien décidé à rendre l’enfant à sa mère, Samuel se précipite à Londres pour tenter de la retrouver, sans succès. 8 ans plus tard, alors que Samuel et Gloria ont fait leur vie à Londres et sont devenus inséparables, aidés en cela par Bernie, producteur de série qui les héberge, (formidable Antoine Bertrand), la mère de Gloria revient dans leur vie pour récupérer sa fille…Et c’est là que leurs ennuis commencent. Hugo Gélin qui sait raconter une histoire sait aussi filmer les villes, les gens et sonder les cœurs. C’est aussi un grand cinéphile qui a bâti son long métrage sur une connaissance fine des autres œuvres abordant le même sujet. Mais il a comme atout des comédiens incroyables de présence, dont on précisera qu’ils sont extrêmement bons car il les dirige à la hauteur de leur talent. On passe plus qu’un bon moment (apportez quand même vos mouchoirs), et au regard de la réaction de spectateurs venus de Londres ou connaissant les îles, voilà une œuvre aux préoccupations identitaires pas renfermée et très humaniste.
Jean-Rémi BARLAND