Publié le 21 novembre 2016 à 0h23 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h42
Le club Éthic Eco des experts-comptables propose ce lundi des regards croisés sur «Éthique & Médias». C’est par une citation d’Émile Zola sur la presse, publié dans le Figaro (*) que Mohamed Laqhila, le président du Conseil Régional de l’Ordre des Experts Comptables Marseille Paca ouvrira la rencontre et, précise-t-il: «Je conclurai le déjeuner-débat par une projection d’un petit film de 4 minutes sur le même auteur de « J’accuse…! » à qui le même journal avait refusé de publier l’article.»
Un déjeuner qui réunira Bruno Le Dref, Journaliste, Délégué Régional France 3 Provence Alpes, Lauren Malka, Conseillère littéraire TF1, auteur de « Les journalistes se slashent pour mourir », Editions Robert Laffont, 2016, Laurent Sabbah, enseignant en communication, intervenant BFM, auteur de « La communication expliquée à mon patron », Editions Johnson & Brownson Publishing, 2016 et Jean-François Eyraud, Go’Met.
«Pour ce déjeuner, explique Mohamed Laqhila, je me suis interrogé sur les points communs entre l’expert-comptable, le commissaire aux comptes et le journaliste et j’ai trouvé trois points: l’indépendance, la déontologie et l’éthique. L’indépendance de l’expert-comptable et du commissaire aux comptes est prévu par nos textes, qu’en est-il pour les journalistes lorsque l’on sait que les médias sont tenus par quelques groupes dont les patrons ne sont pas issus de la presse. Penser à l’indépendance de la presse c’est penser au Canard Enchaîné, à Médiapart, mais qu’en-est-il? De même qu’en est-il de l’expert-comptable travaillant pour un grand groupe?». Concernant la déontologie le président rappelle: «Nous avons un code de déontologie et même une chambre de discipline qui relève de la Cour d’Appel qui sanctionne le manque de déontologie. Et puis, il y a l’éthique, personnelle, qui est en nous, fruit de notre éducation, de notre culture, nos croyances, religieuses ou pas». Et d’insister sur l’importance de l’éducation pour les lecteurs, auditeurs, téléspectateurs: «C’est elle qui forme l’esprit critique, qui permet aux personnes de ne pas être manipulées, d’être des acteurs-consommateurs. Souvent, il importe d’aller chercher l’information, de la vérifier, d’aller de l’autre côté du miroir».
Michel CAIRE
(*) « Mon inquiétude unique, devant le journalisme actuel, c’est l’état de surexcitation nerveuse dans lequel il tient la nation. Et ici je sors un instant du domaine littéraire, il s’agit d’un fait social. Aujourd’hui, remarquez quelle importance démesurée prend le moindre fait. Des centaines de journaux le publient à la fois, le commentent, l’amplifient. Et, pendant une semaine souvent, il n’est pas question d’autre chose ce sont chaque matin de nouveaux détails, les colonnes s’emplissent, chaque feuille tâche de pousser au tirage en satisfaisant davantage la curiosité de ses lecteurs. De là, des secousses continuelles dans le public, qui se propagent d’un bout du pays à l’autre. Quand une affaire est finie, une nouvelle commence, car les journaux ne peuvent vivre sans cette existence de casse-cou. Si des sujets d’émotion manquent, ils en inventent. J’adis, les faits, même les plus graves, étant moins commentés, moins répandus, émotionnaient moins, ne donnaient pas, chaque fois, un accès violent de fièvre au pays. Eh bien c’est ce régime de secousses incessantes qui me parait mauvais. Un peuple y perd son calme, il devient pareil à ces femmes nerveuses qu’un bruit fait tressaillir, qui vivent dans l’attente effrayée des catastrophes. On le voit depuis quelques années, l’équilibre de la saine raison semble détruit, le contrecoup des événements est disproportionné et l’on en arrive à se demander avec anxiété si, dans des circonstances véritablement décisives, nous retrouverions le sang-froid nécessaire aux grands actes. »
Émile Zola dans le supplément littéraire du journal Le Figaro du samedi 24 novembre 1888