Publié le 2 décembre 2016 à 18h02 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h43
Une trentaine de personnes apportant leur aide aux réfugiés en Provence ont visité le Site-mémorial du Camp des Milles. Appartenant au collectif AGIR, ces membres de Bienvenus dans nos villages et de la Cimade ont ainsi répondu à l’invitation de la Fondation du camp des Milles – Mémoire et Éducation à comprendre l’expérience historique pour mieux éclairer le présent. Car l’histoire du Camp des Milles, seul grand camp français d’internement et de déportation encore intact, est aussi une histoire de réfugiés ayant souffert de l’engrenage des crispations identitaires. La visite du site, réalisée par Philippe Mioche, historien, professeur des universités émérite, a permis à tous d’appréhender l’histoire du lieu et de la Shoah, mais aussi de comprendre comment les peurs et les extrémismes identitaires, les racismes, l’antisémitisme et la xénophobie peuvent mener au pire, ainsi que les capacités de résistances de chacun.
Un accent particulier a été mis sur les aspects concernant les migrations et les réfugiés, ainsi que sur les repères et les clés de compréhension scientifiques qui peuvent aider à agir au présent contre les intolérances. Philippe Mioche précisa notamment à ce sujet que « Les processus présentés au Camp des Milles font directement écho à ce que nous traversons aujourd’hui. L’engagement citoyen que porte la Fondation et dont je suis témoin, en tant que bénévole associatif et membre de son conseil scientifique, sont au cœur des résistances que nous devons opposer à de tels engrenages ».
En fin de visite, de riches échanges ont pu avoir lieu entre les aidants aux réfugiés et Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles, l’occasion pour ce dernier de rappeler que «Toute société est faite de différences légitimes d’opinions, d’intérêts, de croyances, d’origines, mais aussi de peurs de ces différences. C’est un terreau qui peut conduire au rejet de l’autre et à des extrémismes identitaires lorsque
le souci de l’identité, légitime pour chacun, en vient à dominer le débat public et à faire passer de la simple distinction entre « eux et nous » à une opposition dangereuse, à une véritable obsession identitaire. Et plus cet engrenage est avancé, plus les résistances sont difficiles. (…) L’expérience du passé fournit des clés
de compréhension utiles. D’une part l’Histoire montre ainsi que les comportements inhumains se produisent quand on perçoit les personnes avant tout comme des problèmes. Et d’autre part, lorsque l’on regarde les actes de sauvetage et de résistances face aux tragédies du passé, on s’aperçoit que ces “actes justes”.
ont avant tout été dictés par la conscience morale, par-delà toute considération matérielle. Ne l’oublions pas lorsque nous constatons que la société s’habitue horriblement à voir mourir des hommes, des femmes et des enfants dans notre Méditerranée».