Publié le 12 décembre 2016 à 22h45 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h46
Lors du Conseil municipal de Marseille du 5 décembre dernier, comme dans toutes les communes concernées, était présenté un rapport sur l’avant-projet de Projet d’Aménagement et de Développement Durable (PADD), afin que les élus donnent un avis avant de traiter le sujet au Conseil de la Métropole.
Les élus Front de gauche ont ainsi attiré l’attention sur un certain nombre de points du document de 208 pages, en formulant 5 observations. La première porte sur une vraie faiblesse sur le volet social réel. Certes, l’avant projet évoque le besoin «d’assumer les ambitions métropolitaines, en enrayant la tendance à la spécialisation sociale des espaces résidentiels et en garantissant que les fonctions urbaines soient accessibles à tous.» Mais qui est le «tous» ? Où sont-ils ? Que font-ils ?
Ce PADD ne repose en fait sur aucun diagnostic
Ce n’est pourtant pas une question secondaire, mais un enjeu central pour notre aire urbaine, définit comme tel par l’Observatoire de Coopération et de Développement Economiques (OCDE) dans son étude de 2013 : «Les défis les plus importants pour l’aire métropolitaine de Marseille ne viennent pas tant de l’extérieur et de la concurrence avec les autres grandes métropoles européennes et mondiales, que de l’intérieur. Aix-Marseille est en effet l’une des métropoles les plus inégalitaires de France, que ce soit en matière de revenus, d’accès à l’emploi ou d’éducation. Ces inégalités socio-économiques sont très déterminées territorialement et posent des défis considérables pour la croissance inclusive et soutenable du territoire».
La deuxième observation pointe la baisse très sensible d’ambition entre le Schéma de Cohérence Territoriale (SCoT) de 2013, avec le triple objectif de gagner 80 000 Habitants -80 000 Emplois et 80 000 Logements, à l’horizon 2030 et le Plan Local d’Urbanisme intercommunal (PLUi), +55 000 habitants + 58 000 logements + 65 000 emplois. En termes de population, nous pouvons comprendre qu’il y ait des mouvements démographiques naturels du territoire, mais pour le logement et l’emploi, nous ne comprenons pas le niveau de réponse par rapport aux besoins constatés.
Sur le logement, la 2e ville de France affiche un pourcentage de logements sociaux qui respecte la loi de Solidarité et Renouvellement Urbain (SRU), mais ils sont concentrés dans quelques arrondissements. Ce qui pose la nécessité d’une répartition plus équilibrée et plus harmonieuse de la construction de logements sur l’ensemble de la ville.
Concernant l’attractivité du territoire, la troisième observation met le doigt sur une quasi inversion des atouts à valoriser sur le SCoT. La mer et le littoral sont bien présents comme patrimoine d’attractivité, mais l’activité commerciale et industrielle du Grand Port Maritime de Marseille (GPMM), a perdu sa première place à laquelle le SCOT l’avait repositionnée, à juste titre :
-3.700 escales, le bassin Est représente 47% des escales annuelles du GPMM de Marseille-Fos
-2,5 millions de passagers
-Volumineux trafic de marchandises, hors fluides
-Grande forme de réparation navale avec la Forme 10
-Plus grands chantiers de haute plaisance
Ainsi l’économie du tourisme prend le dessus, alors que les auditions de chefs d’entreprises liées au Port, mais aussi l’audition du Directeur de l’économie, et de l’Agence d’urbanisme de l’Agglomération marseillaise (AGAM), dans le cadre du Conseil municipal extraordinaire sur l’emploi en juin dernier, avaient insisté sur l’impérieuse nécessité de développer l’industrie soutenable, comme base essentielle du développement économique et de l’emploi durable sur Marseille et la Métropole.
Notre quatrième observation touche aux infrastructures nécessaires à la production d’énergies en mer, sur laquelle nous approuvons l’installation de turbines sous marines génératrices de flux thermiques, comme celles du nouveau quartier d’Euroméditerranée. Nous sommes en accord avec l’implantation d’un champ d’éoliennes dans la rade de Marseille, même si elles sont incompatibles avec la volonté du PADD de défendre la qualité des paysages.En revanche, nous avons dit notre opposition à une activité d’extraction offshore, comme certains le proposent.
Cette question est à clarifier
Enfin sur le volet transports, le PADD reprend à son compte l’objectif d’extension du métro au nord vers Capitaine Gèze, dans le but de présenter un équilibre avec le prolongement Dromel – Saint-Loup, qui est absolument nécessaire. Mais combien de fois va-nous être proposé un projet, voté en 2009 et quasiment réalisé ? En termes d’équilibre, il faut se rappeler que, depuis la création du métro à Marseille, il y a eu en 2007- 2008 la livraison de 4 nouvelles stations vers la Fourragère. L’extension vers le Nord reste donc le parent pauvre, et il serait souhaitable de reprendre la proposition d’une étude vers l’Hôpital Nord et vers le Sud, que les élus Front de gauche formulent depuis longtemps.