Gilbert Benhayoun, le Président du groupe d’Aix, affiche « un optimisme raisonné » alors que s’ouvrent des négociations israélo-palestiniennes. « On arrivera à mimima à un accord intermédiaire. Et une possible clé du succès réside dans le fait que les attentes sont très faibles selon les opinions israéliennes et palestiniennes. C’est le contraire de 1993 et c’est ce qui peut permettre aux négociations d’avancer. On a l’impression que les deux camps avancent en traînant les pieds. Mais ils y vont. Et chaque partie sait très bien que lorsque l’on met les doigts dans un tel engrenage, en sortir a un prix : le retour à la violence notamment. Maintenant, les Palestiniens voudraient que les négociations se déroulent dans le cadre de l’initiative arabe de paix, Israël voulant un tête à tête. Mais dans le même temps Israël vient d’ouvrir voilà quelques jours pour la première fois une ambassade virtuelle dans les pays du Golfe. » L’universitaire rappelle : « Pour en arriver à ces négociations sur les négociations, il a fallu avancer sur quatre points. La libération de prisonniers palestiniens, c’est chose faite ; deuxièmement sur le fait qu’Israël soit reconnu comme un État juif, les États-Unis se sont engagés sur ce point auprès d’Israël ; les mêmes États-Unis se sont engagés auprès des Palestiniens sur la question du retour aux frontières de 1967; et, enfin, l’arrêt des constructions dans les territoires. Ces quatre points ont permis la reprise des négociations. Les participants parlent de 9 mois de négociations, mais, ce qui est rassurant, ils n’ont pas fixé de date butoir. Donc, ils pourront poursuivre leurs travaux au-delà si nécessaire ». Gilbert Benhayoun note d’autre part : « Barack Obama a fait appel à Martin Indyk pour ces négociations. Or, il avait écrit un ouvrage en 2009 qu’Israël n’avait pas de politique étrangère mais intérieure et qu’il était donc important de convaincre l’opinion d’accepter un accord. Les Israéliens ayant peur qu’une fois un accord signé, les Palestiniens reviennent pour en demander plus. Pour Indyk, également, contrairement à ce qu’avait pu faire Bill Clinton, Obama ne doit pas se mêler des négociations, qui devraient se dérouler en Israël ou en Jordanie, mais n’intervenir que sur des points fondamentaux ».
Selon lui : « Pour que les négociations aient une chance d’aboutir, il faut, en Israël, un centre fort sur l’échiquier politique, c’est le cas. Il faut un homme de droite qui applique des idées de gauche. Or, le premier ministre Benjamin Netanyahu semblerait avoir décidé d’adopter une posture de chef d’État. Il vient de déclarer que ces négociations sont d’un intérêt stratégique pour Israël ».
« A mes yeux, poursuit-il, il a compris que, soit Israël rend des territoires, soit il va devenir un État bi-national. Donc, si Israël veut demeurer un État juif et démocratique, il doit rendre des territoires. D’autant que les États-Unis regardent de moins en moins cette région, c’est l’Asie qui devient stratégique à leur yeux. Et puis il y a l’Europe qui hausse le ton. Elle a des accords très importants avec Israël. Or, à partir de l’an prochain, elle a décidé d’exclure de ces accords les produits des territoires. Et puis l’Égypte, la Syrie, sont en pleine mutation, Israël comprend bien qu’un accord est nécessaire. Dans ce contexte on peut se demander ce que va faire le Hamas. Va-t-il rester un allié de l’Iran ou se tourner vers les pays du Golfe ? La question mérite d’autant plus d’être posée que l’Égypte vient de fermer 80% des tunnels reliant Gaza à ce pays. La situation est telle qu’Israël vient d’annoncer une aide en direction de ce territoire, notamment en pétrole ».
Gilbert Benhayoun estime qu’ouvrir des négociations, ce n’est pas neutre. « Si les deux parties acceptent de discuter c’est qu’elles considèrent que c’est le bon moment pour cela. Netanyahu est prêt à casser sa coalition pour obtenir un accord de Paix et la gauche est d’accord pour voter un tel texte. Les Palestiniens, eux, semblent prêts à ne pas retourner devant l’ONU en septembre pour ne pas gêner le processus ».
Michel CAIRE