Publié le 24 juin 2013 à 6h00 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 15h38
« Ce Mémorial est une œuvre utile », c’est ainsi que le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a conclu sa nouvelle visite à la Fondation du Camp des Milles – Mémoire et Éducation, ce 24 juin. Visite à l’invitation d’Alain Chouraqui, le président de la Fondation. Un déplacement suffisamment riche de sens pour annoncer qu’il reviendrait cet été, une nouvelle fois en famille.
Le ministre de l’intérieur était déjà venu au Site-Mémorial du Camp des Milles en août 2012 avant son inauguration et avait alors pu découvrir ce haut lieu de mémoire. Cette longue visite privée, effectuée avec sa famille, l’avait particulièrement intéressé et ému. Les dispositifs muséographiques n’étant alors pas installés dans leur totalité, il avait souhaité revenir afin de mieux appréhender l’ensemble historique, mémoriel et réflexif que constitue le Site-mémorial. Il explique : « Je suis venu au mois d’août quand ce site n’était pas encore achevé. Ce qui m’avait déjà intéressé et ce que je constate maintenant, c’est qu’il y a à la fois la partie mémoire bien sûr, mais surtout cette partie et cette volonté pédagogique de réflexion sur les raisons pour lesquelles on en est arrivé au génocide. C’est un sujet, sans tomber dans la facilité, qui mérite réflexion aujourd’hui quand on voit à la fois les crises économiques puissantes, le doute, la peur de l’Autre, le rejet de ceux qui ne nous ressemblent pas ».
En présence du Préfet de Région et du Sous-préfet d’Aix en Provence, le ministre a cette fois parcouru une partie du Volet historique du mémorial (en particulier la « Montée des périls (1919- 1939) »). Puis il a visité tout spécialement l’espace réflexif qui présente, pour la première fois sur un lieu de mémoire, des connaissances scientifiques pluridisciplinaires permettant au visiteur de mieux comprendre les engrenages et les mécanismes humains récurrents (préjugés, passivité, soumission aveugle à l’autorité, effets de groupe…) qui ont conduit et peuvent encore conduire au pire ainsi que ceux qui permettent de résister.
Il a ainsi visionné avec grand intérêt un film inédit sur trois écrans donnant au visiteur des éléments de réflexion sur les processus qui mènent une société au crime de masse. Il s’est enfin arrêté devant le Mur des Actes Justes, dispositif présentant la diversité des actes de sauvetage et de résistances aux quatre grands crimes à caractères génocidaires du XXe siècle, contre les Arméniens, les Juifs, les Tziganes et les Tutsis au Rwanda. Un contrepoint de reconnaissance et d’espoir en fin de parcours muséogaphique. Une manière de souligner que « chacun peut résister, chacun à sa manière… ».
Au terme de la visite le ministre avance : « Ce lieu est tout à fait exceptionnel, et pas seulement pour les jeunes, pour l’ensemble de la société. Nous sommes là devant une manière d’exhumer une histoire que beaucoup ne connaissaient pas, que d’autres ne veulent pas savoir. Et puis, ce lieu nous confronte à une question terrible qu’aurait-on fait à ce moment-là, à cette époque ? Cela nous ramène à l’essentiel : la condition humaine ».
Il lance « Je reviendrais, c’est un lieu vivant. Et puis on trouve là quelque chose d’admirable sur l’être humain : l’art, malgré les conditions effroyables d’internement, on n’a cessé de créer ici et le lieu le rappelle fortement ».
Il conclut, et le propos mérite d’être noté : « Ce site, Marseille-Provence 2013, le Mucem… tout cela permet de parler autrement de Marseille et de la Provence. Cette terre est inscrite dans l’histoire de notre pays, elle peut beaucoup apporter notamment sur comment vivre ensemble de nos différences. Il y a une vraie réflexion dans cette terre du Sud de la France qui est trop souvent caricaturée ».
Michel CAIRE