Publié le 26 février 2017 à 19h12 - Dernière mise à jour le 28 octobre 2022 à 15h53
On va parfois chercher fort loin ce que l’on a la chance de posséder à proximité. Tout comme l’orchestre de l’Opéra de Marseille,qui s’était taillé un beau succès au Grand Théâtre de Provence il y a quelques saisons, samedi soir, l’Orchestre Régional Avignon-Provence a fait swinguer une salle copieusement remplie, visiblement enchantée par les qualités indéniables d’une formation préparée et dirigée par Samuel Jean. Le programme allait permettre à cet ensemble de mettre en avant ses couleurs, sa technique et sa cohésion. Tout débutait par une pièce de Duparc, «Aux étoiles» aux couleurs, à notre sens, plus «mahleriennes» que «wagneriennes» comme nous incite à le penser le texte du programme. Beaux cuivres, cordes souples et aériennes, ce fut une belle découverte. Vanessa Wagner entrait ensuite en scène pour la Ballade de Fauré et le concerto en sol majeur de Ravel. L’occasion pour la soliste de passer d’un registre intimiste et presque mélancolique, celui de la Ballade, aux explosions sonores de Ravel. Un Concerto foisonnant d’accents américains, nécessitant attention, vélocité, virtuosité et même tendresse dans un adagio assai où les dialogues piano/clarinette et piano/flûte sont éblouissants de beauté. Visiblement, ce répertoire sied à Vanessa Wagner qui, en ce samedi soir, a trouvé de parfaits partenaires avec Samuel Jean et les musiciens avignonnais.
Un orchestre qui allait continuer à donner sa pleine mesure, et même plus, après la pause, avec les interprétations de Bernstein et Gershwin. Musique joyeuse, dansante, agréable, envoûtante, parfois, idéalement servie par des musiciens au top niveau. Des cordes tour à tour suaves, sensuelles, puissantes et chaudes, des vents chatoyants, précis très sollicités et qui font preuve d’une grande attention et d’une solidité à toute épreuve tout comme les cuivres lumineux et éclatants tout au long de l’interprétation de partitions qui semblent parfois construites autour d’eux. Enfin, et comment ne pas le citer ici, les percussions omniprésentes, avec une mention au xylophoniste virtuose. Un mot aussi sur la pianiste de l’orchestre, remarquable, et sur le soliste au banjo à la prestation courte mais talentueuse. Tout ces talents réunis pour servir la lecture dynamique, attentionnée et méticuleuse de Samuel Jean qui insuffle avec bonheur la vie à ces notes posées sur le papier. Un répertoire où tous excellent en cette soirée qui se terminera par le «tube» remis au goût du jour, il y a une dizaine d’années, par Gustavo Dudamel, cette «Danzon n°2» d’Arturo Marquez qui tire des frissons dans ses passages lents. Oui, le bonheur est près de chez nous, en Avignon exactement, avec cet orchestre et son chef.
Michel EGEA
Retrouvez la saison de l’Orchestre Régional Avignon-Provence sur orchestre-avignon.com