Publié le 6 août 2013 à 19h37 - Dernière mise à jour le 27 octobre 2022 à 16h07
La cité du livre d’Aix-en-Provence propose, depuis le 22 juin et jusqu’au 15 septembre, « le goût de l’Orient », une invitation au voyage. L’exposition nous entraîne, en effet, dans les pas de savants, botanistes, linguistes, artistes d’origine provençale partis à la découverte de l’Orient, sur le large pourtour méditerranéen. Certains, en aventuriers, ont réellement fait le voyage. D’autres, en savants « curieux », ont étudié ces contrées lointaines depuis leur cabinet, à travers des objets rapportés par des correspondants. Tous, collectionneurs et érudits, ont rassemblé quantité de manuscrits, objets d’art, tableaux, donnant un ensemble aussi riche que l’aire culturelle et religieuse d’origine est vaste. Issues des collections publiques de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, ces pièces ont rarement, voire jamais, été exposées. Le Goût de l’Orient constitue une proposition totalement inédite et permet d’appréhender l’histoire de l’orientalisme depuis la fin du XVIe siècle jusqu’au début du XXe.
Le Goût de l’Orient constitue un hommage aux savants et collectionneurs d’Aix-en-Provence et de ses alentours, qui, depuis Nicolas Fabri de Peiresc à l’époque de Louis XIII jusqu’à Arsène Roux au Maroc au début du XXe siècle, ont essayé de comprendre les sociétés et l’histoire du monde méditerranéen, en s’appuyant sur les objets et le matériau des langues très diverses parlées dans ce vaste monde.
Ces savants ont fait venir auprès d’eux des objets et documents archéologiques et culturels du bassin méditerranéen, comme Peiresc et Fauris de Saint-Vincens à Aix-en-Provence, pour comprendre le monde à partir de fragments, constituant des collections qui servirent de support d’étude. Les réseaux de savants, depuis l’humaniste de la Renaissance Guillaume Postel à Paris, qui introduisit l’arabe au Collège royal aux côtés du latin, du grec et de l’hébreu, jusqu’au célèbre orientaliste Silvestre de Sacy au XIXe siècle, contribuèrent à la publication de dictionnaires, traductions et catalogues de manuscrits, monnaies, médailles ou antiques. Auguste Pécoul, qui se montra particulièrement généreux pour les musées et la bibliothèque d’Aix-en-Provence, appartient à cette famille de savants « sédentaires » et érudits.
D’autres, au contraire, firent l’expérience du voyage, comme le botaniste Joseph Pitton de Tournefort, le grand orientaliste de Provence Jean-Michel Venture de Paradis, mais aussi le médecin Clot-Bey ou l’architecte Pascal Coste. Ils ont produit des corpus de savoirs, sous forme de travaux linguistiques, mais aussi scientifiques, ou encore de carnets de voyages ou de planches de dessins propices à la diffusion auprès du plus grand nombre. Leurs connaissances ont été acquises par l’expérience du terrain.
Tous ont transmis un héritage scientifique et confié des collections qui donnent, à travers l’histoire, une représentation des paysages, des peuples et des cultures de Méditerranée. Ces éléments du patrimoine rendent cet Orient forcément plus proche, et restent à portée de regard dans nos musées et bibliothèques.
C’est à cette redécouverte que l’exposition convie le public. Le parcours invite à comprendre comment une discipline savante comme l’orientalisme s’est construite à partir du XVIIe siècle, et quel fut l’apport spécifique des orientalistes de Provence, dont l’identité historique est étroitement liée à la Méditerranée.
Une exposition qui prend tout son sens, sa pertinence, lorsque l’on sait qu’en ce début de XXIe siècle, le développement des sciences humaines et les facilités d’échanges d’information, et parfois aussi de voyages, dans l’espace euroméditerranéen conduisent à une réévaluation de la valeur culturelle et artistique des collections méditerranéennes. L’attachement familial à telle ou telle région de ce vaste espace de référence, et la mobilité accrue des individus, marquent nombre d’histoires de vie depuis la seconde moitié du XIXe siècle, pour une bonne partie des populations d’Europe et de Méditerranée, qui vivent aujourd’hui dans le Midi de la France.
Ainsi, le patrimoine méditerranéen des bibliothèques et musées de notre région mérite-t-il une diffusion élargie. De nouveaux usages du patrimoine semblent effectivement nécessaires pour structurer les mémoires et la diversité des identités culturelles présentes dans nos sociétés d’aujourd’hui.
LC
Nocturne : le mercredi, de 10h à 21h.
Ouvertures exceptionnelles (entrée libre) en présence des commissaires de l’exposition dimanche 15 septembre de 10h à 18h. Visites guidées (entrée libre)
Mardi, jeudi (en anglais), vendredi, samedi à 17h30 et mercredi à 19h30
Visites de groupe sur rendez-vous au 04.42.91.98.88
ou par mail : LeGoutDeLOrient@mairie-aixenprovence.fr.
Visites thématiques par Mireille Jacotin, commissaire associée de l’exposition :
Les collections aixoises : jeudi 5 septembre à 15h30.
Orient et orientalisme : jeudi 29 août et vendredi 6 septembre à 15h30.
Les collectionneurs aux XVIIe et XVIIIe siècles : vendredi 30 août à 10h30.
Venture de Paradis, un orientaliste à l’épreuve du terrain politique : mardi 3 septembre à 10h30.
Visites thématiques par des restaurateurs d’œuvres d’art : Les restaurations des objets d’art du musée Granet et des manuscrits de la bibliothèque Méjanes dimanche 15 septembre, en continu de 15h30 à 17h – dans le cadre des Journées du patrimoine.